Face à ce que l'on ne sait pas, deux postures:
- vous avez l'esprit curieux, inquisiteur, plus vous apprenez plus vous approfondissez. Vous avez mis le doigt dans un engrenage qui va vous emmenez loin. Il finira par vous mettre en bouillie.
- votre ignorance ne vous gène pas, vous la cultivez, la chérissez car elle protège des pièges de la connaissance. Après avoir compris le comment, la curiosité pousse à chercher le comment et à se perdre dans les questions, les réponses interminables, les problèmes et leur solution qui en posent de nouveaux. Le cercle vicieux est lancé et adieu la tranquillité, la sérénité, la possibilité de rêver, de muser, de s'amuser. La méconnaissance érigée en principe permet de cultiver l'art de ne rien faire d'utile. L'ignorant est donc considéré de ce fait comme un ennemi de la société de consommation, un asocial qui met en danger le capital, un exemple à ne pas suivre pour l'ouvrier, un parasite qu'il faut éduquer de force pour l'empêcher de contaminer et à éliminer en cas de refus.
Donc, avant de choisir votre camp, réfléchissez: moins vous en saurez, plus vous risquez de vous retrouver dans le camp des déviants, des anarchistes, des refuzniks, de ceux qui se moquent de ce que cache la physique quantique, comment marche un ordinateur, qui ne se servent pas de l'IA, profitent du présent sans attendre le futur, ne s'intéressent pas au passé. Attention, l'ignorance n'est pas donnée à tout le monde, seul un petit nombre peut y prétendre car celle suppose une intelligence supérieure, une volonté et un courage exceptionnels pour surmonter les tentations, vaincre les périls et la maintenir dans son intégralité. Mais la difficulté suprême n'est pas là: en refusant les apports extérieurs, l'ignorant se prive d'un savoir pré-dirigé et se livre à sa seule force intellectuelle. Elle devra l'alimenter en pensées, en idées, en réflexion qui nourriront son dialogue intérieur. Ne compter que sur soi est un défi peut-être insupportable car la pensée a besoin de contradiction, d'opposition pour progresser.
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