La médecine de terrain n'est pas pour les poètes, les dentellières, les spiritualistes, les évanescents, les délicats mais pour ceux que ne répugnent pas les cris de douleur, les crises d'épilepsie, le sang qui coule, les abcès à crever, le pus qui jaillit, les odeurs de merde, la gangrène gazeuse, les brûlures du quatrième degré. Seuls des êtres d'exception peuvent y prétendre et il faut être dur à cuire, sado-maso, insensible, capable de supporter l'insupportable. Cependant rassurez-vous, si vous n'êtes rien de tout cela, ne désespérez-pas, la carrière peut s'ouvrir, l'endurcissement est rapide et vous transforme la tendre sainte nitouche en une redoutable matrone qui mate les filles du bon Pasteur et fait peur à un fort des halles de la même façon que l'idéaliste qui veut sauver son âme en sauvant les corps n'en n'a pas pour longtemps avant de voir dans son patient surtout un client.
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