"Je suis débordé (e), je n'ai pas une minute à moi, j'ai le temps de ne rien faire". Voila ce que l'on entend et ce que je disais. La litanie des tâches urgentes, impérieuses, indispensables est interminable et l'on a dans le désordre: lire les mails, répondre aux courriels, rentrer la poubelle, faire les courses, la cuisine, la vaisselle, téléphoner à la cousine, au cousin, passer l'aspirateur, sortir le chien, aller au véto, prendre rendez-vous chez le dentiste pour un détartrage, le garagiste pour la vidange, semer les radis, planter les salades, tondre la pelouse. 

Comment aurai-je le temps de m'asseoir, de lire, par exemple, Laurent Gounelle, Benjamin Labatut, Idries Shah, d'écouter le Précepteur? Je sais qu'ils m'apprendraient des choses précieuses, qu'ils me feront découvrir une autre façon de voir, d'entendre, de comprendre et m'aideront à ne pas gaspiller ce qui me reste à vivre dans l'agitation, la précipitation à me fatiguer dans des travaux inutiles, à obéir à des injonctions extérieures  imbéciles, à me remplir l'esprit de mensonges, d'horreurs, de futilités. 

Mais comment débrayer, rétrograder, repartir dans la bonne direction, vers Cébes? Pleurez-vous. C'est facile: il suffit d'un peu de temps, de lucidité, d'esprit autocritique. Le difficile est d'avoir la volonté et d'en ressentir la nécessité.