L'inconstance est un trait de caractère qui empêche l'idée de se concrétiser, le mariage de durer, le suivi de l'affaire, l'achèvement du projet. Elle traduit une volonté de ne pas en finir, un besoin d'inachevé. Les individus atteints de ce symptôme commencent et n'achèvent pas. Leur satisfaction est dans le début, le lancement. Ils savent qu'ils seront déçus à la fin, ils supposent qu'ils ne pourront aboutir, ils pensent que le challenge n'en vaut pas la peine, ils sont pris au piège d'une autre idée. Il faudrait leur poser la question. Cette inconstance les définit aussi bien que la couleur de leur iris, l'empreinte de leur index. Cette infidélité à la décision, cette trahison de la résolution, cette versatilité dans l'engagement est à l'œuvre chaque fois que l'occasion se présente: le verre n'est pas vidé, il abandonne la partie, il part à l'entracte, il démissionne, il change d'itinéraire, n'arrose pas les salades qu'il a plantées, passe du coq à l'âne, etc.. Qu'est ce qui les motive, les empêche de conclure? Vous vous demandez, perplexe. La paresse, la fatigue, un manque de curiosité pour le résultat, un changement d'humeur, une idée nouvelle urgente, le désintérêt rapide, l'idéalisme dur et pur qui méprise le concret et le pragmatisme, toutes ces raisons sont possibles et chacune suffit à expliquer que l'inconstance si décrié traduit une nature trop riche pour se satisfaire d'une chose dès lors qu'elle est acquise. Il comprend vite, se projette dans le temps, imagine la fin et passe la main pour vivre une autre expérience fugace aussi mais enrichissante par toutes ces virtualités. Là où le constant s'incruste pour respecter le contrat, l'inconstant fugue et aura des expériences lui donnant l'impression de vivre plusieurs vies. On entrevoie que le bénéfice de l'inconstance est qu'elle donne une longévité relative inégalable.
PS: je parle ici de l'inconstant conscient et non de son avatar idiot, l'inconstant inconscient.
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