À qui reprocher les bêtises que l'inconscience qui ne sait pas ce qu'elle fait commettre à la conscience?

ENTENDU AU TRIBUNAL

Président, jury,

J'assure la défense d'un innocent. Jamais ma tâche n'a été aussi difficile car il a déjà été condamné à la peine maximale par l'opinion publique. Vous êtes,  avant même que je démontre que ce sont vos péchés capitaux que je dois dénoncer, persuadés de sa culpabilité.  On reproche à mon client tout ce qui est devenu insupportable à la société que vous représentez: son honnêteté, son courage, son empathie, sa générosité, son amour du beau, du bon, du bien, de la paix, son sens de la mesure, du devoir, du travail bien fait , de la justice, son respect de la nature. Son refus de la guerre, de la haine, des tabous, du désordre, des politiques et des religions qui sèment le malheur et la mort sont inadmissibles pour ceux qui en sont les propagandistes  et  qui vous ont choisi pour l'exécuter.

Allez, frappez-le, achevez-le, puisque la sentence a déjà été prononcée  avant qu'il ne parle, que je plaide. Pour vous, la victime est coupable. Inconscients, vous jugez vos fautes, votre lâcheté, votre ignominie et ce sont elles que vous condamnez. Il est debout, vous couchés, il est pur,  vous corrompus. Les murs de ce tribunal tremblent de honte quand ils vous entendent et viendra le jour où, à force d'entendre rendre l'injustice , ils vous écraseront sous le poids de la colère.

Si vous  voulez conjurer un sort si funeste, il vous reste le recours d'amnistier mon client, le renvoyer faire du mal à personne, admirer le beau et continuer d'aimer le bon. En aparté, il  m'a dit avoir pitié de vous et ne vous en veut pas. Ainsi soit-il.

Les temps sont durs pour le monde car il n'y a pas assez d'inactifs, de paresseux, d'incapables, de chômeurs de retraités, d'invalides, de bras cassés, de culs de jatte, de manchots pour l'occuper à ne rien faire de mal  et trop des autres à ne rien faire de bien.

La constance jouit d'une considération dont ne bénéficie pas l'obstination qui serait l'apanage des idiots, des imbéciles, des demeurés, tous cramponnés à une idée fixe ancrée dans un subconscient imperméable aux injonctions inaudibles d'une intelligence restée à l'état de projet. Vous comprenez qu'il importe d'être constant et que même l'inconstance est préférable à l'obstination.

CURIEUX

Il y a deux espèces de curieux. L'un est bizarre, étrange, surprenant, du genre extraterrestre. Son aspect est inhabituel, ses propos dérangent, ses habitudes  contrastent avec celles de monsieur et madame Dupont. On le regarde avec circonspection, étonnement, malaise. On peut aussi s'interroger: est-on, pour lui, curieux? L'autre surprend par son esprit interrogatif: il pose des questions pour avoir des réponses et cherche la solution des problèmes. Ceux qui n'aiment pas la curiosité lui trouvent un relent inquisitorial, en font un péché capital. Ce sont les mêmes qui empêchaient la science d'avancer. 

OBJECTIF OU SUBJECTIF, VRAI OU FAUX?

Finalement, si on veut être objectif, on doit admettre que l'on ignore les vérités du présent et que même ce que nous croyons la réalité n'est peut-être qu'un faux semblant comme l'est un décors. Les fausses nouvelles, la désinformation, la propaganda, les mensonges la réalité augmentée ou diminuée ne peuvent plus se distinguer de la vérité et de la réalité. Les  magouilleurs, usurpateurs, manipulateurs sont au pouvoir et se cachent derrière des ventriloques, des marionnettes, des comédiens, des figurants qui tiennent un rôle, récitent des éléments de langage, lisent un texte, jouent la  comédie. Ceux qui tirent les ficelles, les paient, les animent sont connus. Ce sont des conglomérats, des banques d'investissement, des conseils d'administrations de sociétés anonymes. Ces maffias ont le pouvoir de fabriquer l'opinion, de faire croire ce qu'elles veulent, qu'elles n'existent pas, de décider de la paix et de la guerre. Elles ont à leur dispositions une armée d'employés modèles, de serviteurs zélés, de policiers fidèles, de soldats disciplinés, de juges au garde à vous, de courtisans innombrables, d'affidés fanatiques, d'une multitude imbécile qui  ne veut pas les voir. 

Pour s'arrêter avant de tomber (et se fracasser le col), de parler avant de dire un bêtise, de commettre une erreur, de croire bien faire, il faudrait  conjuguer le futur au présent.

 Pour passer du désir à l'acte et danser, peindre, tirer à l'arc, dessiner, chanter jouer de la clarinette,  courir,  partir,  il faut sauter le pas,  traverser le pont, franchir le Rubicon, prendre des risques, dominer la peur, s'armer de courage. L'effort est colossal pour le velléitaire, le timoré, l'hésitant et lui est impossible. Il va de soi pour le valeureux, le téméraire, le volontaire qui est poussé par la curiosité de découvrir ce qui l'attend . 

PS: attention, nuançons: résister et ne pas obéir à une envie peut n'être pas un aveu de faiblesse mais le contraire. Toutes ne sont pas nobles, les plus mauvaises peuvent être irrésistibles et ne pas y succomber impossible au fort aussi bien qu'au faible.

UN HÉROS PEUT CACHER UN ANTI-HÉROS

L'esprit cornélien  est héroïque. Sa volonté exécute ce que lui ordonne son devoir et son honneur. Les obstacles ne l'arrêtent pas et il se joue des préjugés, de l'opinion, des lois. Il reste debout quand tout l'accable, stoïque, fidèle à ses idées supérieures. 

Le racinien n'a pas cette rectitude. Il voudrait bien mais il est retenu par sa personnalité. Elle est agitée de passions qui entrent en conflit avec ses peurs, la culpabilité, l'amour, la haine. Son instinct de conservation lui interdit de braver les interdits qui stimulent le cornélien.

PS: classiquement, le personnage principal d'une pièce de Corneille est vu comme un héros malheureux mais exemplaire, digne d'admiration. Le Rodrigue  du Cid en est le prototype. Il est obligé de tuer le père de Chimène, son amour, pour venger le sien. Mais sa conduite est celle d'un anti-héros qui agit contraint par une culture, des habitudes, une volonté extérieure. Il  n'est qu'un jouet de l'époque et du milieu et abdique sa liberté par conformisme et complaisance. Croyant s'élever, il se rabaisse. Qui voudrait être un tel homme?

La guerre est extérieure. Elle se joue parfois sur les champs de bataille où elle tue les acteurs par milliers et dans les villes où ses spectateurs meurent par millions. Elle est permanente, larvée ou bruyante, pas toujours sanglante mais dévastatrice ailleurs, dans tous les endroits où vit la société. Elle dresse les enfants contre les parents, les élèves contre les maîtres, les patrons contre les ouvriers, la gauche contre la droite, les parpaillots contre les cathos, les maigres contre les gros. Elle est même intestine et les virus, les microbes, les cancers veulent notre peau pour s'en nourrir. 

Préserver une paix intérieure dans ces conditions est un exploit. Pour ne pas succomber aux assauts de ces agressions, il faut être entraîné et surarmé. Les armes n'ont pas besoin d'être offensives car l'ennemi est invincible puisqu'il se confond avec la nature humaine et seulement défensives. Il faut leur opposer une résistance passive à base d'indifférence, de mépris, de dédain. Elle met en musique les règles enseignées par les stoïques qui préconisent d'ignorer tout ce qui nous échappe et, parce que je suis incapable d'arrêter la guerre en Ukraine, mon esprit ne doit pas être obnubilé par elle.

Il s'agit donc de garder son calme dans la tempête. Il faut  être un capitaine courageux et résigné à ne pas être son dompteur.  La subir sans en être la victime.  

La colère est mauvaise conseillère et fait dire et faire des bêtises, donc le calme, la sérénité, la tranquillité devraient ne faire et dire que des choses intelligentes. Hélas, cela n'est pas vrai et on peut dire et faire des choses ignobles avec la plus grande douceur.

ÉLOGE DU TIR À L'ARC

On passe sa vie à essayer de la réussir.  Le but est atteint quand le travail est terminé, le manuscrit achevé, la page tournée le match gagné, le gâteau réussi, etc.. La flèche doit être au centre du blason  et pas dans le blanc ou le noir. Le tir à l'arc est le seul sport qui prépare, entraîne et peut assurer la réussite aux compétitions qui, en permanence, nous obligent à vaincre la paresse, la mollesse, la distraction, l'irréflexion pour tirer dans le mille.

LE CONSEIL EXPÉRIMENTÉ

N'attendez pas des autres ce que vous aimeriez recevoir: un remerciement, une admiration, un compliment. La raison est simple: ils ne connaissent pas vos besoins, vos envies, vos espoirs. Ce n'est pas de leur faute mais du fait que tous vos désirs sont intransmissibles, indicibles, intraduisibles. Vous êtes le seul à les connaître. Pour cesser d'être frustré, amer, dépité, en colère, de leur en vouloir injustement, prenez les choses en main, à bras le corps, passez à l'acte et offrez vous un cadeau, félicitez vous, tirez vous un coup de chapeau et dites, comme les américains, je suis le meilleur et le seul à me juger à ma juste valeur. Vous finirez par le croire.

 Il y a ceux qui pensent que le passé a fait son temps  et qu'il est enterré, que le futur n'existe pas et n'a pas d'intérêt tandis que le présent est éternel et mérite toute l'attention. En réalité, le choix est simple car on ne l'a pas.

Le temps meurtrit le corps à coup de maladies, de virus, de microbes mais il l'enrichit de toutes les leçons du passé. Il nous a appris à encaisser, donner des idées, à ne pas désespérer. Et, à 80 ans, on est plus sage, plus compétant, moins naïf qu'à 10, 20, 40 ans et, si on court lentement, on comprend plus vite.

L'ART DE MENTIR

Un beau mensonge  atteint la dimension du chef d'œuvre. Il conjugue le pluriel en étant singulier puisqu'il réunit la totalité des 7 arts.

 Le menteur est un artiste complet:

1- il crée une fiction (cinéma).

2- il construit une histoire bien étayée (architecture).

3- il la sculpte dans ses moindres détails pour la rendre lisse (sculpture).

4- il doit mettre son propos en musique pour envouter son auditeur à la façon de Mozart (musique).

5 - son mensonge ne sera pas cubiste, impressionniste, ni même figuratif mais hyperréaliste: on doit y croire (peinture).

6- l'histoire malgré son énormité (vente à la découpe de la Tour Eiffel comme hier ou aujourd'hui investissement en crowdfunding dans une société qui dit développer une molécule capable de rende porter le QI à 200), devra être  crédible, donc le menteur fera preuve d'une imagination à la Brussolo, aura le réalisme de Simenon, une touche balzacienne est  bienvenue (littérature).

7- Débité avec conviction, sans hésitation, le mensonge est un grand moment de vérité pour les deux acteurs du drame. Le menteur recueille le fruit de son travail en amont et de sa performance, sa victime ferrée a du mal à comprendre la chance qui lui est offerte de faire une mirifique affaire. Les deux sont contents et peuvent entamer une gigue endiablée (danse) avant de se séparer, l'un pour jouir des fruits de son larcin, l'autre pour savourer ceux de l'affaire du siècle avant de déchanter et comprendre le coût de son malheur.

On voit qu'un beau gros mensonge ne peut se déployer qu'après un travail de titan. La plupart n'ont pas toutes les qualités décrites. Leur succès doit tout à la cécité, à la surdité et à la bêtise.

PS: le théâtre ne fait pas partie des 7 arts officiels. L'art théâtral est pourtant enseigné dans les conservatoires comme la plupart des autres. Le menteur doit le maîtriser parfaitement. Aucune fausse note ne viendra enrayer le discours.

Le temps ne comprend pas qu'on l'ait enfermé dans l'éternité, l'espace fait de même avec l'infini et Dieu n'est pas en reste dans la stupéfaction. Ces trois aberrations ne correspondent à rien :  ce sont des produits que  l'imagination a créés pour compenser le vide que la raison, la sagesse et l'intelligence ne savent pas remplir.

Il est souvent sage de se tromper dans le court terme pour réussir au long cours, de se serrer la ceinture aujourd'hui pour avoir le choix de grossir demain. Il y en a qui poussent l'idée à l'absurde et passent leur vie à se punir, à se  priver à se confesser, à prier, à jeûner, à se mortifier, à genoux, croyant ainsi s'offrir une félicité éternelle.

Négativiste, il préfère le contre au pour.

Quand je fais passer un examen à ma conscience, je constate la pauvreté de ses connaissances, la médiocrité de son jugement, la faiblesse de son caractère. Si je n'avais pas un esprit critique, seule émanation visible de mon inconscience, je ne m'en apercevrais pas et ne me jugerais pas aussi justement.

Quand on bout intérieurement (colère, impatience, nervosité), pour ne pas avoir une poussée de fièvre, gardons notre sang-froid.

MA MÉTHODE HÉRÉDITAIRE POUR LUTTER CONTRE LE MAL DU SIÈCLE

Si, comme la majorité, vous avez du mal à vous lever, à réfléchir, à travailler, si vous trouvez le sucre amer, la vie triste, le monde horrible, l'avenir bouché,  vous avez un banal problème  existentiel qui mets votre joie de vivre en danger: ma concierge appelle cet état un coup de mou et votre psy une dépression. Je le résous habituellement rapidement en conseillant d'appliquer le remède de feu mon grand père maternel, Victor. Il avait fait la campagne de Madagascar, survécu à 14-18, survolé 39-40 et avait réponse à tout. Il manque beaucoup à Macron. Voici son  remède (je renouvelle l'ordonnance du 11 février 2018 que vous avez égarée) .

Il commençait par la traditionnelle tisane à la menthe poivrée et  remplaçait l'eau bouillante par un vieux rhum de la Jamaïque dilué au tiers avec un Vouvray sec d'une bonne année pas trop ensoleillée. 

- si pas d'amélioration, après un verre aux 3 repas de cette tisane, pendant 8 jours ou en cas d'intolérance au poivre de la menthe, il passait à la manière forte car il ne supportait pas la contradiction et s'énervait facilement. Il avait remarqué - c'était un observateur - que la douleur est un puissant dérivatif à beaucoup d'inconvénients et que, bien appliquée, elle faisait oublier les soucis. Il recommandait donc de se donner - on peut se faire aider après les premiers jours, quand on n'est plus en état - un bon coup de marteau sur un doigt, en commençant par celui dont on se sert le moins, l'auriculaire habituellement. Cela fait très mal, chacun le sait. La douleur est telle que l'esprit se focalise sur elle, plus rien n'existe: surtout plus cette dépression et les mauvaises impressions qui l'encombrent et pourrissent la vie du pauvre déprimé. Dès que la dépression remontre le bout de son nez, un bon coup de marteau sur le doigt suivant, à lui de choisir celui qu'il veut. Le remède est à continuer en fonction du résultat. Généralement, pour une dépression moyenne, il est obtenu au bout du sixième coup de marteau, le réflexe de Pavlov ayant eu le temps de s'installer et de chasser la dépression.

Pour les dépressions coriaces, bien incrustées et qui n'en démordent pas, le grand père avait encore un tour à lui jouer, à cette belle salope, comme il disait, en s'excusant auprès de celles qui pouvaient l'entendre. 

Voilà comment il procédait, tout en douceur, méconnaissable, le vieux sacripant: 

- interdiction absolue de se regarder dans une glace. Il justifiait cette interdiction en disant que, cessant de voir dans la glace le salaud qui le faisant tant souffrir, le dépressif allait s'habituer à ne plus vivre en cette mauvaise compagnie et finir par la perdre de vue.

Mais cela ne suffisait pas, la vue n'est pas seule en cause, la responsabilité est aussi celle de la petite voix intérieure qui, sans arrêt, susurre des calomnies, des mensonges, des insanités, la fameuse autodépréciation du dépressif qui lui fait perdre toute considération pour lui-même au point de finir par se haïr et parfois se détruire. Pour ne plus entendre ce murmure infernal, à défaut de le faire taire, il faut couvrir son bruit par une musique agréable suivant les préceptes de Spinoza - mon grand-père était un fan de Spinoza -. Le plus commode est de mettre des écouteurs branchés sur Radio Classique ou n'importe quelles source de musique, Wagner est à éviter ainsi que celle des messes de requiem. Il faut privilégier la musique légère, optimiste: Offenbach, Mozart  donnent de bons résultats. 

Ce n'est qu'après l'échec de la méthode de grand-père que les antidépresseurs, les électrochocs et le reste sont à essayer, mais c'est vous qui voyez.

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LE CONSEIL

N'offrez pas un bonbon ou un gâteau à quelqu'un qui est écœuré par la simple évocation du sucre.

PS: ce peut être une façon de perdre, de façon élégante, une amitié sans valeur. 

Il faut se tenir prêt à tout pour être capable de réagir à l'instant fatidique qui n'attend que l'occasion pour se manifester. 

RÉFLEXE ET RÉFLEXION

L'habitude est à base de répétitions et créé un arc reflexe qui induit un automatisme qui aboutit à  une exécution parfaite. Il est dommage que la réflexion ne suive pas le même processus. Ses résultats seraient meilleurs. Sa faiblesse est de ne pas avoir une phase d'apprentissage des gestes, des méthodes avec une familiarisation des outils et de leur mode de fonctionnement. Les maîtres d'école devraient copier les maître de stage et apprendre à leurs élèves comment on réfléchit en leur demandant d'acquérir un riche vocabulaire qu'ils trouveront en lisant les penseurs et  les écrivains de l'âme, de développer un esprit critique et de ne pas croire par principe, discipline, paresse, peur, force, de chercher le sens caché des phrases, d'être curieux et de ne pas se contenter de la forme mais du fond. Comme l'apprenti ébéniste qui saura faire un chef d'œuvre et devenir un maître dans le compagnonnage, l'étudiant saura réfléchir par lui-même.

LE CONSEIL

Soyons indulgents avec les autres, la comparaison pourrait être cruelle.

Ce qui déprime l'insomniaque, ce n'est pas le manque de sommeil mais la perte des rêves.

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Ceux  qui répètent ce que disent les autres finissent par penser comme eux.

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Attention à la première intention, soumettez-la à la réflexion, elle la mettra parfois en dernière position.

Pour être content, confiant, tranquille, ne pas vivre dans la peur d'aujourd'hui, dans l'angoisse de demain, il suffit de constater qu'on a échappé à beaucoup d'accidents, évité de nombreuses maladies, pas connu de catastrophes naturelles ou artificielles. C'est le signe que l'on a la chance d'être né sous une bonne étoile, qu'un ange qui est un bon gardien veille sur nous. Ce constat confirme que notre histoire aura une happy end.

L'histoire navigue au fil du temps, la géographie est installée dans l'espace. Elles se façonnent mutuellement, l'une par le courant des évènements, l'autre au gré du vent et de l'eau  qui sculptent, creusent, nivellent.

Théoriquement, l'espace a quatre possibilités: il peut être plein, vide, plus ou moins vide, plus ou moins plein. Pour qu'on puisse y vivre, il  doit être plus ou moins vide ou plus ou moins plein. La pratique nous montre que le vide est plus compatible avec du plein circonscrit qui peut s'y promener sans se cogner à d'autres pleins donc nous retiendrons que notre espace rentre dans la catégorie d'un vide abyssal parsemé de petits pleins intersidéraux. 

LA PRUDENCE EN PERSONNE

Je garde un pied dedans quand je mets le nez dehors, pèse mes mots et le pour et le contre, ne mets pas tous mes œufs dans le même panier, me méfie de ce qu'on me dit et de ce que je pense et je raffine en cherchant le mensonge dans la vérité. 

Aujourd'hui comme hier et demain est un des futurs du passé et un des passés du futur. Ils nous en diraient beaucoup si on était capable de les entendre au lieu de les écouter.

UNE PHILOSOPHIE PRAGMATIQUE

Pour passer au travers des gouttes et ne pas se mouiller, il faut être imperméable ou ne pas voir ce que les autres regardent, ne pas entendre ce qu'ils écoutent et ne percevoir que ce qui est bon, beau et fait du bien.

LA BARBE

Laisser poussez sa barbe est le seul moyen qu'ont les vieux de se prouver qu'ils sont encore capables de produire quelque chose d'autre que de froncer les sourcils, finir une phrase ou faire un pas de plus. Vous comprenez mon exaltation, mon euphorie, mon plaisir à la voir envahir mes  joues, combler mes rides, cacher mon menton et me faire ressembler à un homme des cavernes  partant chasser le pithécanthrope.

La morosité que l'on éprouve à l'idée de la mort est rapidement estompée par l'intense satisfaction du rappel de toutes les abominations qu'elle nous évitera.

La meilleure façon de vivre est de rester immobile, allongé en  laissant passer le temps, à ne rien faire. Le corps dépense le minimum vital. Les cellules travaillent au ralentit, sans se fatiguer. Le cerveau libéré de toutes  servitudes physiologiques peut se consacrer à la réflexion, à la méditation, à son imagination. Ceux qui trouvent soporifique, lénifiante, ennuyeuse cette occupation sont les mêmes qui se tuent au travail, se donnent en spectacle, font les trois huit, victimes de leurs mouvements browniens.

HONNEUR AUX BARBUS

Je viens de comprendre pourquoi la barbe est de plus en plus florissante et envahissante. Une raison est tendance et écologique: elle vise à économiser l'eau, supprime la mousse à raser, le rasoir jetable, l'after-shave. Il s'agit donc d'un geste citoyen opportun qui respecte la nature et l'air du temps. Il condamne certes les industriels de la barbe (Gillette, Wilkinson et consorts) au chômage et aux licenciements massifs mais une reconversion dans les traitements bio du poil de barbe sera facile et possible. Son impact positif ne se limite pas à cette retombée salutaire pour la planète car la barbe donne à la face une dimension spatiale et lui fait perdre sa platitude, sa banalité, sa neutralité. Elle corrige la mollesse des traits et fait d'un mollasson un dur à cuire, elle cache les rides de la vieillesse, du dépit, de tristesse et donne un coup de jeune, de joie et d'optimisme: elle gratifie un visage ingrat des qualités qu'il n'avait pas. Elle oblige à changer et à correspondre à l'image que le barbu renvoie: un combattant viril courageux prêt à partir en guerre pour la gagner. L'imberbe n'a rien à opposer à autant de certitude affichées si clairement et on comprend son moral de vaincu.

PS: cet acte  de foi dans la barbe actualise 3 posts de 2018 (thèse, le 28 avril: MALHEUR AUX BARBUS, 21 octobre: MALHEUR AUX BARBUS: (antithèse), LA BARBE ET LES BARBUS: SYNTHÈSE, le 28 octobre. Ils avaient eu l'ambition d'éclairer une relation sur les raisons qu'il avait de porter une barbe, une façon polie de lui conseiller de la supprimer. Les mœurs ayant évolué dans le sens du poil, ils sont sans valeur et je change d'opinion pour coller, opportuniste, aux valeurs du temps.

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Tout ce qui nous arrive à un objectif que nous sommes incapables de discerner car il nous est caché. Mais savoir que notre vie n'est pas soumise au hasard et ne dépend pas  de la malchance est rassurant. Cela donne à l'avenir une perspective optimiste et au passé un éclairage moins sombre. Les erreurs, les malheurs, les faillites, les catastrophes  comme le reste obéissaient à un ordre du jour dicté par une puissance douée d'un pouvoir régalien qui a la maîtrise des forces thermodynamiques qui nous maintiennent dans un état d'homéostasie sans équivalent jusqu'à preuve du contraire dans le reste de l'univers.

PS: ces connaissances  ignorées du grand public figurent dans un livre découvert par hasard, édité à compte d'auteur, traduit d'une langue étrangère inconnue, parlée par un peuple disparu ayant probablement regagné sa planète d'origine (ndlr). 

À partir d'un certain âge, on n'est plus dans l'évolution mais dans l'involution.

UNE TRAGI-COMÉDIE EN DECORS NATURELS

Nous jouons une tragi-comédie à temps plein où nous tenons le premier rôle. La pièce est pleine de rebondissements et impose des changements de personnalité pour coller au personnage du moment. Il faut donc savoir être aimable, charitable, finaud, bavard, retors, hypocrite, égoïste, méchant. Ne pas y perdre son latin, garder le contrôle, jouer juste et à point quand l'occasion se présente, ne pas se tromper de caractère afin de ne pas être lâche quand le courage est de mise est difficile et rares sont ceux qui collent au personnage qu'on leur a donné à la naissance et qu'il faut conduire jusqu'à la fin de la  représentation.

Rien ne résiste au temps et la fleur se flétrit, la pomme pourrit, le caractère s'aigrit, la vue baisse, l'eau s'évapore, les souvenirs s'oublient, les rêves s'évanouissent. Même le squelette finit en poussière.

LA FORME ET LE FOND

Le fond doit à  la forme son succès ou son échec. La qualité de sa substance, sa profondeur, son intérêt seront jugés sur la façon que le sujet a été présenté. C'est pourquoi, devant un public serbo-croate, ne parlez pas en javanais pour révéler votre dernière découverte transcendantale.  

Les gens qui ignorent votre présence, se passent de vos conseils, font comme si vous n'existiez pas sont malheureux sans le savoir. Ils se privent de vos connaissances encyclopédiques, ne se donnent pas l'occasion de profiter de vos conseils éclairés, de s'enrichir gratuitement au contact de la finesse de votre brillant esprit. Ne soyez pas triste pour eux, retenez vos larmes, gardez vos richesses intérieures, votre optimisme si positif, votre gaité naturel communicative. Plaignez plutôt  leur bêtise, leur idiotie, leur imbécilité. Ils ne savent pas ce qu'ils perdent volontairement. Ils ne sont,  faute de vous, que ce qu'ils sont.

"Si j'avais les moyens de mes envies, que ne ferai-je pas?", soupirons-nous, contents d'avoir une bonne raison pour ne rien faire. Ne devrait-on  pas plutôt dire "J'ai les envies de mes moyens" car même avec peu, on fait beaucoup?

Quand "je me demande?", c'est que la question est théorique et que je sais que ma rhétorique n'a pas la réponse.

À l'exception des glandes sudoripares qui  ne nous font que transpirer, il en est d'autres qui se font remarquer :

- l'hypophyse qui secrète l'hormone de croissance et dont l'excès fait de nous un géant monstrueux ou le manque un nain pathétique.

- la thyroïde, elle, quand elle pète les plombs et se met en survitesse, fait maigrir, trembler, accélère le cœur et rend très énervé. À l'inverse, fatiguée, fanée,  elle transforme en crétin des Alpes, ralentit le métabolisme et on n'est   pas beau à voir.

- Si c'est la testostérone qui dépasse les normes, elle augmente les chances au lancer du poids et d'être un satyre. Son déficit, lui, tire la tessiture de la voix vers les aigus et les envies de convoler perdront de leur vigueur. 

Ces glandes ne jouent pas seulement avec notre corps qu'elles manipulent à notre insu mais trafiquent notre esprit au point que parfois il ne sait plus ce qu'il fait. 

Même si la fin ne justifie pas  le moyen, perdre la guerre permet d'avoir la paix.

Certaines signatures en littérature, au cinéma, au théâtre, en cuisine sont un gage de qualité et ne déçoivent jamais. En politique, c'est pareil dans l'autre sens et on est toujours déçu. 

Le témoin de l'évènement fait partie de lui, le journaliste politique fait de la politique, le spectateur est un personnage de la pièce, en regardant le plombier travailler,  je fais de la plomberie,  le curé qui parle de Dieu du haut de sa chaire se prend pour Dieu et chaque fidèle pour son fils. 

On se prend facilement pour qui on n'est pas et cette illusion dangereuse fait de nous des ennemis mortels de la vérité.

Une chose est sure, la durée qui nous sépare de notre fin diminue inexorablement de 24 heures chaque jour.  On a cependant un moyen simple d'augmenter ce temps facilement: s'ennuyer profondément.

LE ZÉRO ABSOLU

Anti-héros, il conjuguait l'imparfait à tous les temps. Nul en tout, bon à rien, il n'avait jamais réussi à terminer une phrase, à écrire une ligne, à lire un prospectus. Il faisait de travers la moindre des choses et comprenait le contraire ce que lui dictait son inconscience. Il était devenu, à force d'inconsistance dans l'inconstance le héros des réseaux sociaux, enflammait la toile par ses déclarations imbéciles. Devenu incontournable, le chevalier blanc incontestable, son avenir était tracé, il était celui qui allait terminer le travail et apporter le malheur à la foule en folie qui, éperdue, acclamait son bourreau.

14 JUILLET

Aujourd'hui, 14 juillet, je ne défilerai pas sur les Champs Élysée ni derrière l'orphéon municipal et je resterai dans mon lit douillet car, monsieur, la musique qui marche au pas n'est pas faite pour moi. Je suis royaliste et, ce jour honni, je pleure la défunte royauté et le consacre à honorer la mémoire de Louis XVI, notre roi bien-aimé, lâchement assassiné.

Personne ne lit les écrits, tout le monde entend les paroles, donc parler est plus dangereux qu'écrire.

Le vent, l'air, l'électricité vont là où la force du courant les pousse.

C'EST-Y PAS BEAU

Quand, fatigué ou en crise de fainéantise et que je dois continuer de m'éreinter pour la beauté du geste, je n'ai qu'à regarder une fourmilière  en activité ou une ruche au travail pour me convaincre que moi aussi, je suis capable d'œuvrer pour ma communauté. 

RECOMMANDATIONS

Ne soyez pas pâtissier si vous n'aimez pas le sucre, caviste si vous n'aimez pas le vin, tueur si vous n'aimez pas la vue du sang, militaire si vous n'aimeriez pas mourir pour la patrie reconnaissante, marin d'eau salée si vous avez le mal de mer, éboueur si vous n'aimez pas l'odeur des ordures, fildefériste si vous avez le vertige, aviateur si vous avez le mal de l'air, curé si vous n'aimez pas les grenouilles de bénitier, épicier si vous n'aimez pas les épices, politicien si vous n'aimez pas le mensonge, le parjure et les magouilles, ne soyez pas médecin si vous n'aimez pas plonger les mains dans le pus et la sanie.

Le pouvoir de la volonté  est au prise avec la force opposée par la séduction  de la lâcheté, les dividendes de la servitude, les délices de la paresse. N'ayant pas à affronter des dangers, dépensant peu d'énergie, ne prenant aucune responsabilité, on comprend  le succès de cette pente fatale et pourquoi ceux qui ont le pouvoir n'ont pas la volonté de l'exercer.

TIR

TIRE est un bon mot: bref, percutant, belle sonorité, précis, définitif. Il fait partie de mon panthéon. Protée aussi, il s'introduit dans plein d'expressions auxquelles il donne saveur et profondeur:

- tir à l'arc:  il transforme un bout de bois en un instrument qui a révolutionné la guerre en son temps et qui, maintenant, est au service d'un sport que l'élite affectionne. Elle seule peut apprécier le hiératisme de la posture et se plier aux exigences de concentration, de coordination, de réflexion qui précède le la lâcher de la corde et l'envolée de la flèche.

- le tir au flanc, le tir au but, le tir au sort, montrent sa souplesse et son adresse à enrichir le vocabulaire.

Son verbe dérivé n'a pas sa beauté et se tirer une balle dans le pied, se tirer en douce, se tirer d'affaire, ailleurs, tire-toi n'a pas sa noblesse ni dans la forme ni dans le fond. Tir s'en passerait s'il en avait le pouvoir, m'a-t-il dit.

Un des secrets les mieux gardés de l'humanité ne risque pas d'être dévoilé et si je vous en parle, c'est sous le sceau du secret. Vous en ferez ce que votre âme et conscience en décideront. Les rares initiés qui se partagent le secret savent qu'il est interdit de savoir sous peine de déconnexion du genre humain: si nous sommes des milliards physiquement, il n'y a que 16 personnalités de disponibles. Des centaines de millions d'individus se ressemblent psychiquement, émettent les mêmes idées, font les mêmes réflexions, ont les mêmes sentiments. Si le hardware  diffère, le software est identique. Les dissemblances sont de l'ordre de la nuance et tiennent au milieu, au climat et à des interférences mineures qui ne changent rien au fond. Cette unité de pensée est indépendante du temps et des lieux. Elle se fait de façon aléatoire qui obéissent aux lois de la probabilité qui dépassent mon entendement.

Cette révélation est interdite pour laisser à l'espèce son illusion princeps et l'idée que chacun est unique, ne ressemble à personne et ne dépend que de lui. Ne plus en faire un dans la foule, mais la foule elle-même serait reconnaître qu'il a été fabriqué dans une chaîne où l'on sort des sujets comme des objets avec quelques logiciels standard distribués au hasard. Les religions, les institutions verraient d'un mauvais leur clientèle captive perdre leur statut d'assisté et de demeuré pour celui d'un ordinateur portable, mobile, conditionné selon quelques modes préétablis.

Moins que tout et plus que rien sont des compromis entre  beaucoup et peu.

L'ordre des choses est régi par les forces de l'habitude et de l'inertie . Il n'est pas immuable et on l'a vu débordé par le désordre enfanté par l'inégalité, la pauvreté, l'oppression.

Ne culpabilisez pas si vous décevez, vous avez été assez sage pour ne pas répondre aux attentes. C'était pour éviter de se fatiguer qu'ils attendaient tant de vous. Ils sont pas contents parce que vous les obligez à travailler. 

La prière est une supplique que les croyants adressent au néant que leur imagination a rempli d'une illusion magistrale. L'absence de réponses ne les décourage pas et, dans leur délire mystique, ils font les questions et les réponses, se donnent la solution à leurs problèmes.

Elle n'est pas que cela diront ses thuriféraires et cette adresse à une entité symbolique pour vous, réelle pour eux a des vertus thérapeutiques que vous ne trouverez pas en pharmacie. En suppliant, en remerciant, en croyant en un dieu sauveur et rédempteur, ils confient leurs angoisses, les déposent, s'en débarrassent, s'allègent. La prière apaise, console, guérit les âmes inquiètes qui ne supportent l'idée d'appartenir au néant et veulent participer à une transcendance. Amen.

SOLITUDE

La solitude est l'espace parfait où le temps et l'espace se rencontrent, se conjuguent. L'esprit y est libéré des interférences, débarrassé des encombrants.  Il peut s'abandonner à ses rêves, à ses illusions, à ses envies, à ses pensées sans être prisonnier du regard des autres, de leur lourdeur, leur hypocrisie, leur égoïsme,  leurs besoins. Le corps peut se consacrer  à son bien-être. Le monde cesse d'exister, la nature nous appartient, elle suffit à notre bonheur.

Je rencontre de plus en plus de gens qui, dans ma cinquantaine, n'étaient même pas à l'état de projet.

UNE MALADIE RARE

"Je ne peux me lever  avant qu'il ne soit l'heure de me coucher"  dit cet adepte de la chaise longue et du lit à baldaquin. Il n'est pas paresseux mais, doté d'une personnalité lunatique, il ne supporte pas la pesanteur terrestre  et la station debout. Cette curiosité chromosomique lui permettrait de vivre en apesanteur dans une station spatiale ou devenir scaphandrier à la Comex mais son oreille interne a le vertige et le fait tourner en rond. Il est condamné au décubitus. Il attend avec impatience la colonisation de la lune et le moment où il pourra rejoindre sa véritable patrie.  

La chance que l'on a en mourant ne compense pas la malchance que l'on a en naissant.

PS: inspiré de Cioran qui écrivit "De l'inconvénient d'être né"...

L'humour ne guérit pas une mauvaise humeur.

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On s'énerve rapidement et on se calme lentement.

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Quand on ne voit rien, c'est, en général, qu'on ne regarde pas.

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Pour ne pas entendre mes jérémiades, j'écoute celles des autres.  

LE POUR ET LE CONTRE

Curieuses sont l'attirance et la répulsion qui collent à l'étrange et à l'étranger. Ils provoquent une curiosité emballée dans une fascination doublée d'effroi. Le fakir qui joue avec un serpent à sonnettes nous les fait éprouver après les avoir surmontées. Cette dualité fondamentale peut donner une raison de mourir au déprimé en phase aigue et à l'amoureux du danger qui ne vivent que pour l'instant fatal qu'ils brûlent d'expérimenter ou de vivre à l'épicurien stoïcien, l'astronaute qui s'élancera pour Mars, au plongeur en apnée qui veut entendre le silence des bas fonds.

AU TOTAL,

il y a une ou deux  personnes qui vous veulent du bien, deux ou trois qui vous veulent du mal, le reste ne vous veut rien car ils ne vous connaissent pas. . 

Le goût du sucré et celui de l'amer  sont comme le sens de la comédie et celui du tragique. Opposés mais complémentaires, l'un fait voir  en rose le recto de la vie, rend optimiste et joyeux, l'autre, objectif, plus réaliste, nous confronte à son verso  obscur, fait pleurer,  

 Il y a des gens qui attendent qu'on leur offre un bon gâteau pour en manger, qu'on leur serve un bon vin pour en boire, un bon livre pour lire. Ils semblent  ne pas aimer se faire plaisir  moto proprio , être indifférent à ce qui rend la vie agréable et se complaire dans le neutre, le passable, le terne. Cette absence d'envie traduit le manque de  pulsion de vie: ce sont des morts vivants.

HABITUDES

Certaines habitudes sont faciles à attraper, les mauvaises en particulier. Toutes exigent de la suite dans les idées comme se laver les dents après chaque repas, les mains régulièrement, dire bonjour en entrant, au revoir en sortant, ne pas parler en mangeant. Personnellement, ma bonne nature attire  les bonnes et fait fuir les autres.

RIEN donne une légèreté qui permet à la liberté de s'exprimer et permet  de s' envoler et enrichir l' intérieur dans l'imaginaire tandis que TOUT donne une lourdeur due à la pesanteur qui  enfonce dans le sol. On accède aux  mines d'or et de diamants et à une  richesse matérielle extérieure qui emprisonne et oblige à consommer jusqu'à l'indigestion.

Les idéologues qui mettent ceux qui font mieux et plus au même rang que ceux qui font peu et mal pour des raisons idéologiques me font penser aux pharisiens qui disent qu'il faut aimer l'ennemi qui veut vous tuer pour des raisons théologiques. Ce sont des théories fumistes issues des siècles des ténèbres. 

 Trois organes nous mènent la vie dure et à la baguette:

- l'estomac est dictatorial, il réclame une alimentation matin, midi et soir. La désobéissance est punie par des crampes, des brûlures, des aigreurs quand ce ne sont pas des ulcères.

- la vessie est également impérieuse et ne supporte pas un retard d'évacuation. Son mauvais caractère la rend irritable  et elle fait facilement de la rétention d'urine. 

- le cerveau  n'est pas en reste et règne en maître. Surdoué, il émet en permanence et nous inonde d'idées, de pensées, de réflexions, de raisonnements. Il nous tient en alerte, nous oblige à l'écouter. Même dans le sommeil, il nous fait rêver au lieu de nous laisser dormir. Il est le pire de tous. C'est sa position élevée qui lui est montée à la tète. 

Je suis sûr et incertain, dit le cynique qui à un esprit qui aime la contradiction.

Je ne veux pas ostraciser tous les gens qui ne sont pas à leur place mais le personnel politique qui plastronne dans tous les pouvoir, en Europe, devrait être déménagé et renvoyé dans leur foyer pour s'y consumer. Ils ne laisseront aucun souvenir, aucun regret et leurs cendres s'envoleront sans laisser de traces.

DESTIN CROISÉ

 Le sel a un naturel dissolu qui aime se baigner dans la mer pour y fondre. Le sucre est lui, un produit artificiel qui arrive dans le sucrier   qu'après une longue préparation qui a vu la canne ou la betterave lavée, écrasée, triturée, pressée, chauffée, finir blanchie en poudre ou en morceau. Tous les deux subissent une épreuve de vérité quand  jeté dans l'eau, ils fondent, perdent apparence, disparaissent, avalés, digérés, mais pas vaincus. Ils ont perdu une  bataille mais ont gagné la guerre car c'est le gout du sucré ou du salé qui donnera au plat son caractère de dessert ou de plat de résistance.

UN CONSEIL PERSONNALISÉ

Si ça vous fait plaisir, pourquoi pas et discourez, dissertez, pérorez, sermonnez, mais, par pitié, de temps en temps pensez aux autres et taisez-vous.  

LE CONSEIL

Pour ne plus avoir le cafard, changez de mode de vie et, au lieu de lire les journaux, de regarder des écrans, d'écouter la radio, lisez des bons livres, écoutez de la belle musique et regardez la faune et la flore de  la belle nature.

Le plus que vous pouvez demander à qui a rien est son nom.

LA QUESTION

Le raisin est écrasé, le grain est moulu, l'air est comprimé, des hommes  sont opprimés, les bestiaux sont parqués avant d'être éventrés et dépecés. D'où vient ce besoin de réduire, de faire souffrir, d'enfermer, de compresser, de tuer? 

LE CONSEIL POUR DEVENIR IMMORTEL

Chaque geste, chaque mouvement mettent la vie en danger: on peut s'étouffer avec le noyau d'une cerise, tomber du vingtième en se penchant à la fenêtre, se fracasser le crâne en faisant un pas de travers, se noyer en se baignant. Soyez donc avare de vos gestes et de vos mouvements, vous raréfierez les occasions de mourir. Le mieux est de rester immobile et d'imiter les statues qui sont immortelles.

Serviable, j'aime donner à ceux qui ne m'aiment pas de nouvelles raisons de ne pas m'aimer.

Quand on compare le volume de notre ignorance à la surface de nos connaissance, on a une idée de la différence entre des mètres cubes et des centimètres carrés.

Quand il est trop tôt, on a de la marge, trop tard, des regrets.

LES GENS

 Il y a quatre sortes de gens:

- les gens sans foi ni loi. Ils sont anarchistes et n'ont ni Dieu ni maître.

- les gens avec foi et loi. Ils obéissent à une religion inventée par une église  commandité par le gouvernement.

- les gens avec foi sans loi: ils croient en Dieu et à la liberté.

- les gens sans foi mais avec loi: ils sont athées mais, utopistes, croient en la justice humaine.

LE FIL

Le fil de la pensée est parfois aussi sinueux qu'un sentier de grande randonnée, peut  mener à un cul-de-sac, souvent emprunte une rue passagère pleines d'idées reçues. Les rares qui retiennent l'attention sont attachées à la patte par le fil.

COMMENT SE FAIRE UN ENNEMI

Se faire des amis est facile. Il suffit de connaître le sens du poil et de le caresser dans le bon. Vous êtes un artiste dans cet art mais où en êtes-vous dans celui de vous faire des ennemis? Ils sont parfois utiles - les circonstances de la vie étant si bizarres - que vous devez maitriser la technique au cas où. Ce tutoriat lui est dédié.

Comme tous les grands, le principe est simple: il faut provoquer une contrariété qui va entrainer une juste colère avec une détestation immédiate de son auteur. Une enquête de voisinage, un sondage des proches, la connaissance des habitudes, une intrusion dans son dossier médical vous permettront d'avoir une idée de sa personnalité, de ses croyances, de ses goûts, de son opinon politique, etc. Fort de ces renseignements, vous pourrez l'approcher et l'attaquer en engageant la conversation sur un sujet sensible en affichant une position tranchée qui s'opposera frontalement à son opinion. 

S'il est de droite, défendez le bilan des socialistes et de Castro, de gauche, vantez les réalisations de Franco et vos espoirs en LePen. Si c'est un crapaud de bénitier, offrez -lui le livre d'un athé. Si c'est un végétarien,  expliquez lui les mérites du steak-tartare et pour lui donner des envies de meurtre, offrez-lui la tirade de dancharr sur les beautés de son addiction. Si c'est un fan de foot, extasiez-vous sur le rugby. S'il ne boit que de la bière, montrez en ou inventez ses dangers,  (faites la même chose avec le vin blanc et le rouge, le champagne et le prosecco). De façon général, choisissez le sujet dont il est le plus épris et démolissez le  pour lui enlever l'envie de vivre. Vous devenez aussitôt le sunnite d'un chiite, le mauvais croyant pour le bon, un antéchrist  pour le dévot, un homme à abattre sans sommation, un horrible individu, un sous-homme, une vipère lubrique, un rat, une boule puante. Les autres épithètes sont trop malsonnants et  je vous en fais grâce.

Vous êtes sûr de gagner un ennemi de plus, la méthode, vieille comme le monde, a fait ses preuves. Son danger est sa radicalité. un contrat  peut en être la conséquence et un sicaire être engagé. On ne sait jamais de quoi sont capables les ennemis. On en a vu déclencher une guerre. Agissez donc avec réflexion, choisissez des ennemis de choix, incapables d'actions violentes, de faire mal à une mouche. Dans le cas contraire, faites en un ami.

UNE ADMONESTATION MÉRITÉE

Obsédés par le besoin de tirer la couverture à eux, de dominer le monde, les matheux, dans leur soif de pouvoir ont pris l'habitude de solutionner les questions au lieu et place des réponses des lettrés. Seuls ces derniers sont pourtant capables d'apporter une réponse  et, dans leur sagesse, ils n'ont jamais prétendu répondre à des problèmes. Solutions et réponses ne procèdent pas de la même gymnastique intellectuelle et il faut être inconscient pour oser «aberrer» de la sorte.

LES FAUTES DU TEMPS

 Avec l'âge, un poids léger devient lourd, les sons s'atténuent, la lumière s'assombrit, le temps se raccourcit. Il n'y a que les distances qui s'allongent.

CONSEILS DE BASE AVANT DE PARTIR EN VACANCES

 Si vous avez le vertige, peur de tomber, l'équilibre fragile, n'allez pas en montagne.

Si vous ne savez pas nager, n'aimez pas les huitres, les crustacés, devez manger sans sel, n'allez pas au bord de la mer. 

Si vous n'aimez pas l'odeur du lisier, avez peur de vous perdre dans les bois, des guêpes, des frelons, des taons, des vipères, êtes allergique aux orties, aux pissenlits et au bruit des tracteurs, n'allez pas à la campagne.

Si c'est le cas, n'allez nulle part, restez chez vous ou  changez de personnalité et aimez tout. 

ÇA,; C'EST BEN VRAI

 Si on savait tout, on ne se poserait plus de questions. Finie la curiosité, quel ennui!