Un beau mensonge atteint la dimension du chef d'œuvre. Il conjugue le pluriel en étant singulier puisqu'il réunit la totalité des 7 arts.
Le menteur est un artiste complet:
1- il crée une fiction (cinéma).
2- il construit une histoire bien étayée (architecture).
3- il la sculpte dans ses moindres détails pour la rendre lisse (sculpture).
4- il doit mettre son propos en musique pour envouter son auditeur à la façon de Mozart (musique).
5 - son mensonge ne sera pas cubiste, impressionniste, ni même figuratif mais hyperréaliste: on doit y croire (peinture).
6- l'histoire malgré son énormité (vente à la découpe de la Tour Eiffel comme hier ou aujourd'hui investissement en crowdfunding dans une société qui dit développer une molécule capable de rende porter le QI à 200), devra être crédible, donc le menteur fera preuve d'une imagination à la Brussolo, aura le réalisme de Simenon, une touche balzacienne est bienvenue (littérature).
7- Débité avec conviction, sans hésitation, le mensonge est un grand moment de vérité pour les deux acteurs du drame. Le menteur recueille le fruit de son travail en amont et de sa performance, sa victime ferrée a du mal à comprendre la chance qui lui est offerte de faire une mirifique affaire. Les deux sont contents et peuvent entamer une gigue endiablée (danse) avant de se séparer, l'un pour jouir des fruits de son larcin, l'autre pour savourer ceux de l'affaire du siècle avant de déchanter et comprendre le coût de son malheur.
On voit qu'un beau gros mensonge ne peut se déployer qu'après un travail de titan. La plupart n'ont pas toutes les qualités décrites. Leur succès doit tout à la cécité, à la surdité et à la bêtise.
PS: le théâtre ne fait pas partie des 7 arts officiels. L'art théâtral est pourtant enseigné dans les conservatoires comme la plupart des autres. Le menteur doit le maîtriser parfaitement. Aucune fausse note ne viendra enrayer le discours.
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