Je viens de comprendre pourquoi la barbe est de plus en plus florissante et envahissante. Une raison est tendance et écologique: elle vise à économiser l'eau, supprime la mousse à raser, le rasoir jetable, l'after-shave. Il s'agit donc d'un geste citoyen opportun qui respecte la nature et l'air du temps. Il condamne certes les industriels de la barbe (Gillette, Wilkinson et consorts) au chômage et aux licenciements massifs mais une reconversion dans les traitements bio du poil de barbe sera facile et possible. Son impact positif ne se limite pas à cette retombée salutaire pour la planète car la barbe donne à la face une dimension spatiale et lui fait perdre sa platitude, sa banalité, sa neutralité. Elle corrige la mollesse des traits et fait d'un mollasson un dur à cuire, elle cache les rides de la vieillesse, du dépit, de tristesse et donne un coup de jeune, de joie et d'optimisme: elle gratifie un visage ingrat des qualités qu'il n'avait pas. Elle oblige à changer et à correspondre à l'image que le barbu renvoie: un combattant viril courageux prêt à partir en guerre pour la gagner. L'imberbe n'a rien à opposer à autant de certitude affichées si clairement et on comprend son moral de vaincu.
PS: cet acte de foi dans la barbe actualise 3 posts de 2018 (thèse, le 28 avril: MALHEUR AUX BARBUS, 21 octobre: MALHEUR AUX BARBUS: (antithèse), LA BARBE ET LES BARBUS: SYNTHÈSE, le 28 octobre. Ils avaient eu l'ambition d'éclairer une relation sur les raisons qu'il avait de porter une barbe, une façon polie de lui conseiller de la supprimer. Les mœurs ayant évolué dans le sens du poil, ils sont sans valeur et je change d'opinion pour coller, opportuniste, aux valeurs du temps.
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