Lors de son dernier déplacement, le président a fait un discours que personne n'attendait mais qui a cependant été commenté par ceux dont c'est le gagne-pain. Obligés par le rédacteur en chef de leur journal quel qu'il soit, ils en font un compte rendu calibré pour répondre au cahier des charges auquel obéit sa ligne directrice, fidèle commensal de l'opinion du propriétaire milliardaire, agent double camouflé du Mossad ou de la CIA, ou de l'ex KGB ou d'un émir du golfe . En voici quelques exemples:
- dans le journal appartenant au principal contributeur à la campagne victorieuse du président et indéfectible soutien de sa politique lui ayant permis de multiplier par 10 sa fortune réfugiée aux îles Caïmans, on pouvait lire ceci: "Le président s'est exprimé avec force, sobriété et son talent habituel fait d'envolées lyriques soutenues par une rhétorique théorique basée sur la réalité et des références aux fondements basiques de notre république démocratique. Il a rappelé que sa politique était aussi éloignée d'un extrémisme gauchiste que d'un libéralisme débridé régi seulement par l'appétit de capitalistes avides et dénaturés n'ayant aucun souci du bien commun, de la solidarité nécessaire et de nos héritages gaulois et gaullien. Ce discours hors des sentiers battus fut reçu avec un enthousiasme maîtrisée par une foule conquise qui ne ménagea pas ses applaudissements à un orateur qui était aussi son héraut et, pour elle, un héros".
- dans un journal subventionné par l'opposition de principe au parti au pouvoir, on pouvait lire ceci: "Il n'a pas dérogé à son habitude, nous avons eu droit à un indigeste catalogue de contre-vérités, à une énumération fastidieuse de mensonges éculés. À son mépris de ses électeurs, à sa haine de ses opposants, il oppose une tranquillité apparente et un programme qui ne peut qu'aggraver la situation des plus fragiles et augmenter le pouvoir de nuisance de ceux qui l'ont fait président".
- l'agence AFP dont la dépêche sera reprise par la presse nationale et la majorité de l'internationale s'est contentée, dans un style lapidaire et sans enthousiasme, du billet d'un stagiaire issu de la première année d'une école de journalisme inconnue, pensum dont les fautes d'orthographe et de grammaire avaient été corrigées par une IA de première génération. Nous transcrivons: "L'hôte actuel de l'Élysée s'est exprimé dans le fief de Michel Rocard, à Conflans-Sainte-Honorine dont il était venu saluer son travail de maire. Il a rappelé son héritage immortel, sa défense en terre Adélie des pingouins, son amour de la motion de censure et de l'absence de compromis avec les extrêmes de tous les bords. Ce discours de circonstance fut accueilli et reçu dans un silence respectueux par une assistance dont la moitié ne savait pas de qui on parlait".
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