Plus ancienne que l'électrique, plus jeune que celle du vent, de l'eau, des tremblements de terre, la force de l'habitude est arrivée il y a 300.000 ans, avec le premier homo sapiens. Elle ne l'a plus jamais quitté. Elle constitue avec la bêtise, la méchanceté, l'hypocrisie, l'orgueil, l'impudence, l'imprudence les 7 caractères dominants de l'espèce. L'intelligence, la bonté, la générosité, la charité, l'amour du beau, du bien, des petits oiseaux n'étant apparus que tardivement, restent des traits secondaires, accessoires, peu répandus car considérés comme des signes de faiblesse.
Cette force n'a pas d'unité de mesure, les physiciens ne s'y intéressant pas. Elle fait même partie des terres ignorées de la psychologie qui a préféré disserter sur la force du caractère, des croyances, de l'esprit. Elle mérite pourtant votre attention comme je vais vous l'expliquer. D'abord parce que nous en avons tous et son intensité conditionne beaucoup des actes essentiels de la vie. Le grand Aristote a même dit que l'habitude est notre seconde nature (il se trompait rarement, ndlr). C'est elle qui nous enchaîne à la vie et nous permet de vieillir depuis notre naissance. Elle se développera ensuite dès qu'un geste, une action iront en se répétant sans être séparés par beaucoup de temps (entre 4 minutes et 24 heures selon des observateurs qualifiés). L'homme et la femme en devenant des individus d'habitude acquièrent des capacités, une habileté, des compétences qui font défaut aux premières fois. C'est elle qui nous fait être émerveillé quand on voit l'aisance du pianiste aux prises avec un clavier, la dextérité de l'enfileur de perles, l'agilité du sauteur à la perche, etc. Mais cette force n'est pas que positive. Elle a son versant noir et crée des automatismes qui transforment l'être en une mécanique rigide, insensible, inconsciente qui fait supporter l'insupportable qui n'est plus perçu et fait tomber dans la routine le tueur en série, accepter un travail dégradant, obéir à des ordres imbéciles etc.. Donc l'habitude est toujours une force qui, souvent, affaiblit la qualité humaine.
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