Quand le ventre a pris du plaisir à déguster un bon repas, il force l'esprit à dire merci au cuisinier ou à la maîtresse de maison car il est reconnaissant. L'esprit n'a pas cette politesse élémentaire. Devant un beau tableau, après avoir écouté une belle musique, lu un bon livre, vibré en assistant à un beau spectacle, il est rare que l'on manifeste de la gratitude, que l'on témoigne son admiration, que l'on remercie l'acteur, le peintre, le musicien, l'écrivain. Le prix payé pour entrer ou s'asseoir est estimé suffisant pour récompenser l'énorme effort fait par l'artiste pour nous faire plaisir. Cette ingratitude témoigne d'une avarice de l'émotion, d'une pauvreté des sensations, d'une rétention des sentiments. Seuls les simples d'esprit échappent à cette malédiction et quelle misère de refuser à l'art ce que l'on accorde à la blanquette de veau.
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