Le régime, le mode de vie, c'est bien beau pour avoir la santé, mais les ingrédients les plus nécessaires sont les bons sens. Au nombre de 5 comme leurs illustres cousins, on a :
- le sens de la mesure, il fait manger et boire les quantités nécessaires et suffisantes. Il empêche d'aller au-delà des forces musculaires et intellectuelles dont le corps dispose. Il évite par exemple l'ascension du mont Blanc à qui a le mal de l'altitude dès 1000 mètres ou d'essayer de lire un traité d'herméneutique si on peine à faire la règle de trois.
- le sens des responsabilités ne fait pas déléguer à un quidam le soin de régler votre menu et vos activités. Sa santé ne dépend pas de la vôtre.
- le sens du réel vous oblige à tenir compte du chiffre qui s'inscrit sur la balance, du nombre de centimètres de votre tour de taille et du spectacle que vous voyez quand vous vous regardez dans une glace.
- le sens du ridicule dans sa dimension grotesque découle du précédent quand vous explosez les critères qui définissent la bonne mesure que vous ont appris les deux premiers sens et que vous auriez oubliés.
- le sens du sacrifice est également convoqué car il faut que vous considériez votre santé comme votre bien le plus supérieur. Vous devez en faire votre objectif avant tous les autres dont la richesse. Elle vous donnera plus de satisfactions qu'aucun château, qu'un coffre-fort rempli de lingots et de pierres précieuses. Pour la garder, vous devrez renoncer à vous gaver de caviar, de champagne, de whisky, de charcuteries, de pâtisseries. Vous cultiverez l'abstinence, la modération, la pondération. Vous pratiquerez le jeune intermittent. Vous vous forcerez à vaincre votre paresse proverbiale et courir, soulever des poids, suer, avoir des courbatures.
Si vous obéissez à vos bons sens, cette obéissance vous maintiendra dans une forme physique éblouissante qui consternera vos héritiers et votre caisse de retraite, mais la moitié du chemin reste à faire. Votre cerveau requiert les mêmes soins. Il réclame une bonne nourriture que vous trouverez chez les auteurs de qualité. Vous devez l'entraîner constamment comme votre corps pour qu'il ne dégénère pas dans l'atrophie cérébrale. Lectures, écriture, des activités stimulantes sont indispensables. En fait, vous devez maintenir votre corps en bon état pour une seule raison: votre intellect a besoin de lui pour continuer de penser, de réfléchir et ne pas mourir.
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