Si vous ne savez pas jouer au tennis, n'aimez pas la boxe, n'avez pas de table de ping-pong et que vous vouliez en découdre, jetez-vous dans un duel oratoire, engagez une joute verbale, lancez-vous dans une controverse. Vous allez y démontrer votre force de persuasion, faire étalage de votre habileté dialectique, montrer votre richesse langagière et celle de votre vocabulaire. La satisfaction de vaincre s'ajoute au plaisir de voir la déconfiture du perdant en colère. À cela s'ajoute l'admiration de la foule des deux ou trois spectateurs qui ont assisté à votre éclatante victoire sur un adversaire retors, adepte des coups bas, d'arguments déloyaux. La supériorité du sport psychique sur le physique tient non seulement à son élégance formelle, à sa pratique confortable, à la possibilité d'y associer une autre activité gratifiante telle que la dégustation de petits fours, d'une coupe de champagne ou d'un verre d'un vieux porto mais au nul besoin de muscles hypertrophiés, d'un souffle inépuisable, d'une infrastructure coûteuse. Il peut être pratiqué en toute sérénité en fauteuil roulant, en étant grabataire, impotent. Il ne nécessite aucun instrument, aucun équipement et seulement une langue bien pendue, le sens de la répartie et la maitrise de l'art de la conversation.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire