Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


mardi 29 octobre 2013

EAU COURANTE

 
De l’amont du mont, à la source, joyeuse, innocente et pure, l’eau vive court vers l’aval du val, à la mer.
 
Forte de ses sœurs, elle s’étoffe, se renforce, prend du volume et du corps. Pleine d’énergie, elle anime au passage des turbines qui vont éclairer les consciences et quelques réverbères.
 
Son eau claire l’est de moins en moins, troublée par les poissons qui y frétillent, les bouchons qui y trempent, le linge sale qui s’y lessive, les incontinents qui s’y baignent.
 
Moins pressée, elle prend ses aises, ralentit, se prélasse d’une berge à l’autre, reçoit les hommages de quelques affluents, s’embourbe ici et là avant d’accélérer au saut d’un barrage. Infatigable, intarissable, à peine affaiblie par quelques prélèvements obligatoires, elle suit sa pente naturelle, au rythme des péniches qu’elle accepte sur son dos, maintenant large. On ne voit plus son fond. Il reste bon, trop profond et encombré de mille choses qui ne devraient pas y être. De cristal de roche l’eau est devenue, vers sa fin dans l’estuaire, une purée de pois, une soupe à la grimace. Même les poissons n’en peuvent plus, ils partent à son fil, le ventre en l’air. Elle disparaît enfin, dans la mer, sa dernière demeure, s’y refait une santé avec l’espoir de renaître un jour, de monter au ciel pour, dans les nuages, un voyage au long cours qui, croit-elle, n’en finira jamais. La pauvre !

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