LE SERMON QUE VOUS N'ENTENDREZ JAMAIS

Mes bien chers frères et mes bien chères sœurs,

En ce dimanche de Pâques, prions pour  ces malheureuses qui, depuis Ève, souffrent dans leur corps et leur âme du fait d'un Adam. Réduites à l'esclavage par un maître qui leur veut du mal, ne les comprend pas, ne les écoute pas, les roue de coups, elles n'ont que la haine pour se défendre. Elle gonfle leur cœur, leur donne la force de garder le silence, le sourire, de jouer la comédie de la connivence. Elles ont appris de leur mère la méthode, la manière, la patience, la ruse. Ce savoir se transmet depuis l'éternité de la même façon. Il  assure la victoire finale de leur délicatesse, de leur sensibilité et de leur finesse sur la méchanceté, la brutalité, la grossièreté du mâle qu'elles enterrent dans l'allégresse et le bonheur d'être enfin libérées des chaînes du conjugo.

LA PROGRAMMATION NOUS DÉTERMINE

La programmation n'est pas réservée à l'industrie  et au commerce avec le triptyque: fabrication, vente, achat ni à l'agriculture: semis, récolte, alimentation mais  à tous le vivant: naissance, vie, mort.

Chaque épisode est lui-même programmé en sous-ensembles codés qui permettent  au produit de se transformer et de circuler.  Le processus chez l'homme va du simple au compliqué au fur et à mesure que le temps passe.

Le long terme a la durée de sa vie et se divise en 3 étapes avec apparition, actions, disparition.

Le moyen terme se limite à la journée et se résume au lever, au coucher  entrecoupés par l'activité quotidienne.

Le court terme est de l'ordre de l'instant et l'occasion à l'esprit de manifester sa présence de trois façons: il émet une idée, il a une émotion et une envie. Cette conjonction de sentiments se manifestera secondairement par la parole, un acte, une réflexion.

Tout est prévu, inscrit et rien n'est laissé au hasard. Notre liberté est un artefact grossier installé pour nous tromper en nous faisant croire que nous ne sommes pas déterminés...

 L'esprit crée des envies que le corps transforme en besoins à assouvir. Notre âme est prisonnière de ce duo pervers  qui  jouit de nos faiblesses et profite de nos forces.

NOTRE IA

Nous sommes dotés d'origine d'une IA très performante. Elle contrôle notre respiration avec une inspiration par le nez (I) et, quand il est bouché, une aspiration (A) par la bouche.

LE CYNIQUE EN VEUT À NOTRE MORAL

Les tâches quotidiennes, habituelles, répétitives qui font l'essentiel et l'ordinaire telles que d'aller travailler ou pour ceux qui restent chez eux faire la cuisine, lire le journal, regarder la télévision, répondre au téléphone, écouter de la musique, laver la vaisselle, repasser le linge, enlever les mauvaises herbes, passer la tondeuse, réparer la serrure, cueillir des pommes, aller chercher le courrier, promener les chiens, leur donner des croquettes, faire la sieste, parler au voisin du temps qu'il fait et qu'il fera, de la situation du moment et des perspectives d'avenir, c'est-à-dire passer son temps à dire des banalités, à s'occuper de choses sans intérêt ont pour fonction unique  d'empêcher de réfléchir, de penser, de s'interroger et de se suicider.

IDÉE

Les idées sont où elles se cachent. Pour les débusquer, il faut les suivre à la trace de fil en aiguille.

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Ceux qui réalisent leurs projets ne sont plus là pour en parler. Ils sont en train.

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On reconnaît une bonne idée à ce que l'on est content de l'avoir eue.

LES CHIFFRES ET LES LETTRES

Les chiffres sont plus populaires que les lettres. Ils doivent leur succès à leur petit nombre (9) et à la simplicité de leur usage: pas de grammaire, pas de risque d'erreurs d'orthographe. On les maitrise avec 4 règles: addition, soustraction, multiplication et division. Les sous-doués utilisent une calculatrice. Son langage est universelle. L'arithmétique élémentaire suffit au bonheur du plus grand nombre qui n'a pas honte d'être illettré, qui se vante de ne jamais ouvrir un livre, fait une faute de français à chaque mot quand il sait écrire. Cependant le langage mathématique se complique dès qu'il devient lettré et se lie avec  a b c x et y. On entre dans le domaine des algèbres linéaire, commutative, booléenne etc.. Leur compréhension est réservée aux malheureux affligés de la bosse des mathématique, une protubérance frontale inopérable. Ce sont des terres inconnues où les prudents ne s'aventurent pas. Ils se contentent de calculer mentalement et de compter sur leurs doigts.

UNE DÉMONSTRATION MAGISTRALE

Ce qui rend la vie supportable, c'est ce qui la rend agréable et confortable. C'est pourquoi je suis très reconnaissant à tous ceux qui passent la leur à travailler toute la semaine à se fatiguer, à attraper une maladie professionnelle, à être la victime d'un accident du travail, à se surmener pour fabriquer tout ce dont j'ai besoin pour manger, m'habiller, me chauffer, vivre au chaud, me distraire à regarder les DVD, les livres, la musique qu'ils ont faits et que j'aurai payés avec l'argent de ma retraite qui a été prélevée sur le salaire qu'ils ont touché en récompense de ce qu'ils ont fait pour moi et les autres comme moi. Que la société est bien organisée et combien admirable est la perfection du cercle vicieux de l'économie salariale!!!!

Pour rester debout, entier, droit, vivant, on est contraint, comme le béton, par la pression, une balustrade, un corset, une armure, une camisole, un étais, des haubans, un tuteur, des lois, des règlements, un code, une morale qui nous empêchent de tomber, de nous affaisser, de nous ankyloser, de nous  déformer, de transgresser, de voler, d'assassiner. Mais ces garde-fous, ces précautions, ces interdits, ces commandements ne servent à rien. On est plus forts, ils sont trop faibles. On triomphe au final, toujours mal.

LA VRAIE RAISON

Ce n'est pas tant l'absence de courage, de force, d'habileté, de volonté qui m'a empêché de faire de grandes choses mais le manque de confiance en moi.

ERREUR DE PROGRAMMATION

 Vous ne le savez pas car personne ne vous l'a dit avant aujourd'hui, mais vous  vous êtes trompé d'époque. À la suite d'une erreur de programmation, on vous a fait naître en 1974 et vous mourrez en 2057 alors que vous deviez être baptisé en 1384 et mourir à Azincourt le 25 octobre 1415 lors de la première charge  de la cavalerie. La  volée de flèches des archers anglais devait vous faucher comme la plupart des chevaliers français. Vous seriez mort en héros, à 31 ans. Cette erreur vous a coûté cher puisqu'elle vous a condamné à mener une minable, presque misérable vie  de petit fonctionnaire de troisième classe dans la  sous-préfecture d'un département en voie de désertification  d'une province sous -développée de notre pauvre et vieux pays en proie à une dépression chronique en passe de s'aiguiser.   

HAUT DE GAMME

 J'ai connu un monsieur très exigeant: il voyageait en première classe,  mangeait dans des trois étoiles, habitait un château, s'habillait chez Dior homme, roulait en Silver Shadow, fréquentait le gratin mondain, politique, culturel, ecclésiastique et recevait assis sur un trône, dans son water-closet, comme le roi-soleil, Louis XIV.

SON HANDICAP MAJEUR

 L'imbécile n'a pas conscience que son intelligence se cache dans son inconscience.

 Trac, troc et truc ont trois points communs: ils sonnent pareillement, partagent trois lettres et je vous dirai le troisième quand je l'aurai trouvé.

LES ABEILLES

L'abeille (qui n'est qu'une mouche à miel) jouit d'une aura exceptionnelle. Tout lui est pardonné. Elle est quasiment déifiée ou tout au moins béatifiée. Soyons plus réaliste et moins courtisan. Ce diptère n'est pas seulement un bienfaiteur de l'humanité, il a un côté mister Hyde dont je m'autorise parler.

Susceptible, raciste, prête à se suicider pour le plaisir de piquer, l'abeille est aussi une voleuse de grands chemins, une pilleuse de calice à fleurs. Elle s'y introduit par effraction pour butiner, dit-elle, pour voler, je dis, le précieux nectar, le divin pollen. Pleine des pattes au gosier, elle rapatrie son butin dans la ruche où il sera repris et transformé en miel liquide. Mais il y a une justice qui veille et le crime sera puni. L'apiculteur veille.                                                        

DEUX CAS DE FIGURE

Quand on tombe de haut soit on se fait très mal en arrivant au sol, soit on éprouve un étonnement qui peut être déplaisant mais non douloureux. 

Dans son crâne habite une famille avec un décérébré, le père, une écervelée, la mère et le fiston, un  décervelé.

Parler pour ne rien dire, écrire pour ne pas être lu, marcher sans savoir où aller, manger sans faim, boire sans soif, ne pas être esclave d'un devoir, d'un besoin, d'une envie, ne rien avoir à décider, se reposer sans être fatigué, travailler en ayant rien à faire , faire le contraire du nécessaire, prendre son temps avec l'urgent, devoir tout à rien et  à personne, voilà le genre d'activité qui donne envie de ne rien faire  et de pas s'en priver.

TYPOLOGIE DES ASSASSINS

Il y a l'assassin qui  tue sa victime par jalousie, par hasard, par accident, pour se défendre, par principe, par plaisir, par pulsion, pour rien, pour régler un compte avec un révolver, un couteau, du poison, un fusil, une poussée dans le dos et il y a celui qui assassine par procuration des centaines, des milliers, des millions en donnant l'ordre de bombarder, de fusiller, d'exterminer et ses complices qui l'encouragent en applaudissant, acquiesçant, bénissant, se taisant.

TOUT EST UNE QUESTION DE CÔTÉ

Quand on compare les effets négatifs qu'ont les défauts des vertus au potentiel positif qu'ont les qualités des vices, on est heureusement surpris et souvent malheureusement déçu, cela dépend de quel côté on se trouve.

LE CONSEIL

Faites attention à ce que vous ne dites pas. Votre silence est plus parlant que vos faits et gestes et en dit autant que votre parole. Suivez mon conseil: pas moins de mots inutiles que de mouvements intempestifs. 

LA DIVISION DU MONDE

De même que les généraux gagnent les guerres et leurs décorations, à l'abri, dans  les bureaux de l'État Major National, il y en a beaucoup qui gagnent de l'argent assis dans un fauteuil de la City, à Wall Street, à Zurich, depuis leur château ou Neuilly en faisant travailler  des cas sociaux dans les  usines,  les mines, les champs, à la chaîne. Pour ces gens-là, le terrain est un lieu lointain, la terre une substance productive et les homme une matière première corvéable qui aime se faire tuer ou travailler pour pouvoir se reproduire dans le confort d'un taudis situé dans un HLM et se distraire devant un match de foot ou des Jeux Olympiques. 

LE PARCOURS DE L'ARTISTE

Pour commettre un chef d'œuvre digne de Praxitèle, Léonard de Vinci, Mozart, Ronsard, il faut  que l'esprit ait le total contrôle et la maitrise parfaite de la main qui tient le pinceau, le burin, la plume mais aussi que le geste soit intelligent, suive exactement les indications de l'imagination, respecte à la lettre et à la virgule près l'inspiration qui préexistait à l'exécution.

L'amour est le terrain de jeu de l'amoureux comme l'est le mensonge pour le menteur, la politique pour le politicien, la justice pour le juge, le champ de courses pour le turfiste, de bataille pour le soldat, le lit pour l'hétaïre, le bistro pour le poivrot, le film pour l'écran, l'assiette pour le beurre.... 

UN BON CONSEIL DOUTEUX

En cas de doute, pas d'hésitation, abstenez-vous pour prendre le temps de foncer. 

Comment ne pas être en colère quand on comprend que l'on est l'unique responsable de tant d'occasions perdues, de  décisions imbéciles, que l'on soit passé volontairement à côté de belles rencontres, que l'on ait commis autant d'erreurs et de  jugements hâtifs et dit toutes ces bêtises?

Toutes les ondes qui circulent dans l'air, dans les lignes, dans la fibre se croisent sans jamais s'emmêler. Chacune porte son message, une information, une conversation, des images. L'ordre règne dans le monde quantique et le désordre dans celui où nos molécules s'agitent.

DE TOUT UN PEU

Son appétit n'incite pas à l'inviter au restaurant.

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Rien ne vaut un verre d'eau quand on a soif et un morceau de pain quand on a faim.

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La foi a le pouvoir mystérieux de faire croire une contre-vérité.

Nous sommes corps et âme piégés dans notre espace intérieur. Nous survivons grâce à nos contacts extérieurs. Les uns  apportent la nourriture aux organes inférieurs, les autres alimentent le moteur spirituel en informations, en connaissances, en émotions, en sentiments. Le problème n'est pas quantitatif mais lié à la qualité des produits ingérés. Nous n'en sommes pas les producteurs et seulement des victimes innocentes et plaidons non-coupables.

Nos secrets inavouables sont cachés au plus profond des souvenirs qu'on voudrait oublier. On les enterre avec nous, c'est la seule façon de s'en débarrasser.

C'est l'état d'esprit qui conduit notre humeur et dicte nos pensées. Il suffit d'en changer pour passer de la tristesse à la gaieté, de la joie à la peur, de l'optimisme au pessimisme, du cynisme au scepticisme, de l'échec à l'essai, etc..... .. 

La bêtise vient parfois heureusement corriger les excès de l'intelligence et en atténue les méfaits. Plus souvent, elle ne fait qu'exagérer ses outrances et provoque des catastrophes. Les exemples sont innombrables. On citera la révocation de l'édit de Nantes par Louis XIV qui provoqua l'exil des protestants, le voyage de Napoléon en Russie, la conquête de l'Algérie et la colonisation de l'Afrique, la départementalisation de Mayotte, le traitement des guerres en cours et des futurs.

UN TEMPS FORT

Le temps est le seul maître digne d'être suivi. Il agit avec méthode et discipline et nous enseigne la dignité, la persévérance, le courage depuis toujours. Il porte l'histoire de l'univers depuis le début de l'éternité  et le fera jusqu'à sa fin. Il en supporte les vicissitudes, les aléas, les accidents sans une plainte. Il s'égrène, infatigable,  au rythme des minutes scandées par le tic-tac des horloges, en cadence avec les jours et les nuits inscrits dans les calendriers. Son stoïcisme est admirable, son exemple incomparable. Sa seule souffrance est l'espace, il s'y perd. 

"Tout a une fin" est le genre de truisme que dit avec plaisir le dépressif en train d'avaler son élixir de fin de vie. Il n'est pas le seul et chacun en fait l'expérience depuis la naissance. On passe son temps à terminer ce qu'on avait commencé, à arriver après être parti. Toutes les parties ont heureusement une fin car, interminables, elles seraient insupportables. C'est ce qui rend l'éternité si peu souhaitable. La paix, la guerre, la plaisanterie, le repas, l'agonie, le gâteau, l'envie, le jour, rien ne dure, tout finit pour laisser sa place.

Imaginez le bonheur du coureur qui s'entraîne depuis des années sans jamais gagner le jour où il arrive premier et comparez-le avec celui qui gagne toutes ses courses depuis toujours.

SENS

Il y a plein de sens en dehors des nôtres: les sens du poil, des affaires, du vent, de l'histoire. Le bon est préférable, pas facile à suivre. On le reconnait à la direction qu'il prend. 

Comment reconnaître le jeune qui était plein d'espoir, d'envies, de force, de courage, d'ambition dans ce vieillard sans illusions, sans projets, sans désirs, sans amis, qui attend le pire, pour bientôt, avec le sourire, son dernier plaisir. 

Rien n'est dû au hasard, tout obéit à une logique implacable: il y a un début et une fin avec, entre les deux, un développement.

Si le problème n'a que l'importance qu'on lui donne selon la formule attribué à Einstein, on peut déduire de ce truisme vénérable qu'il suffit de n'accorder aucune importance pour faire disparaître tous les problèmes. La méthode est pratique, ingénieuse, simplifie tout et rend la vie joyeuse, l'horreur agréable et la mort désirable. Exemple:

- le suicide devient une sortie de crise pour le dépressif.

- la faillite clôt heureusement une débâcle financière.

- un nouveau cancer fait plaisir au cancérologue.

Ma mémoire immédiate est si peu rétrospective qu'elle oublie dans la seconde ce à quoi je viens de penser. Je me demande à quoi elle sert, mais dès que j'ai la réponse, je ne m'en souviens plus. Je ne vis donc qu'avec mes vieux souvenirs, ceux qui sont stockés dans ma mémoire au long cours. Cela m'empêche d'être de mon temps, de comprendre mon époque, de suivre l'actualité, de me rappeler ce que je viens de dire en écrivant mes idées  au fur et à mesure qu'elles arrivent pour savoir ce que je dois en penser.

DE TOUT UN PEU

Les erreurs provoquées par la bêtise seraient moins fréquentes si l'intelligence en avait conscience.

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Le triptyque qui mène la société est mentir, trahir, haïr.

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Croire au mensonge mérite l'indulgence, c'est une faiblesse humiliante mais humaine.

 Ce qui donne le statut de personne à l'individu et le rend unique, ce n'est pas son sexe, sa race, sa nationalité, son métier, cela se reproduit à des millions d'exemplaires mais l'originalité de sa pensée et la qualité de sa réflexion. C'est sa seule vraie richesse. Il peut la partager mais il en restera toujours la source, en aura la clef. Il lui appartient de la garder pure, ne pas la laisser être polluée par de mauvaises idées, des croyances imbéciles. Elles veulent son trésor pour avoir de l'importance, profiter de sa richesse et, grâce à elle, prendre le pouvoir.  

On a le naturel de naissance, il est héréditaire. L'habitude vient, elle, avec le temps et l'expérience. Ce n'est pas une seconde nature mais l'ennemi de la première.

Si on avait le contrôle de la situation, si on pouvait penser autrement, agir différemment, on aurait peut-être une chance d'être heureux, moins inquiet de l'avenir, avoir des projets. Ce serait formidable de vivre dans un monde bon, beau où règnerait le bien et ne plus voir  la tristesse, la misère, la laideur, être obligé de manger de la viande avarié  et des pommes de terre pourries, de boire de l'eau croupie, respirer de l'air empoisonné, enveloppé dans une peau vérolée, dans un milieu rempli d'asticots, entouré de fous à lier et d'aliénées en liberté.

LA FIN DE L'HISTOIRE

Le 31 août 2023, je vous racontais la saga du sapin qui menaçait de tomber sur la route qui longe ma clôture, sa base n'ayant plus que de l'écorce sur son aubier. Son début avait commencé par le signalement de son décès au propriétaire qui avait promis de faire le nécessaire, puis la mairie, le conseil départemental, le conseil régional, le conseil des ministres, la commission de Bruxelles, le conseil de sécurité. L'échec avait été total et mon arbre devenait de plus en plus menaçant. Avant d'aller à Lourdes implorer mademoiselle Soubirous d'intercéder et éventuellement au Vatican, je fis une prière à sainte Rita, la patronne des causes désespérées. Banco, c'était la bonne sonnette. Je suis heureux de vous annoncer qu'une équipe de la DDE (direction département de l'équipement) est intervenue en ce mois de mars. Je suis rassuré, notre administration sait prendre les problèmes avant qu'ils ne dégénèrent et honte à ceux qui prétendent le contraire.

Tout ce qui nous sépare des autres a pour fonction de nous en distinguer afin d'éviter les confusions, de confirmer l'identité, de nous sortir de la collectivité  et d'assurer notre individualité.

LES HIRONDELLES SONT DE RETOUR

Le 16 mars, une hirondelle est arrivé. Le lendemain, il y en avait deux. Elles connaissent les lieux, ont investi l'atelier et sont déjà au travail  pour remettre un nid en état. D'autres ne devraient pas tarder. Cela fait plaisir d'avoir des amies fidèles, venues de loin nous tenir compagnie. Elles apportent de la jeunesse, de la gaité et montrent que les routes du ciel leur sont encore ouvertes. Leur ponctualité est remarquable: en 2023, la première était apparue le 18 mars.

Ce serait formidable de vivre dans un monde bon, beau où règnerait le bien et ne plus voir sa tristesse, la misère, la laideur, être obligé de manger de la viande avarié et des pommes de terre pourries, de boire de l'eau croupie, de respirer de l'air empoisonné, enveloppé dans une peau vérolée, dans un milieu rempli d'asticots, entouré de fous à lier et d'aliénées en liberté.

LE DÉTERMINISME OU RIEN

Stop, cela suffit, arrêtons de croire que nous sommes bêtes, sales, méchants, gentils, beaux, intelligents parce que nous avons le choix. Le hasard, la malchance ou la chance, l'hérédité en a décidé de même que l'on est blanc, jaune, noir, rouge, masculin ou féminin, grand, petit. Cessons de nous croire libres de nos pensées, de nos idées, de nos croyances, que l'on a le pouvoir d'en changer, la force d'évoluer, de dire la vérité, de voir la réalité. 

Ceux qui le prétendent sont des orgueilleux, des prétentieux, des menteurs qui croient à leurs mensonges. Nous sommes déterminés, programmés, rampant au ras du sol, au niveau des cloportes et des fourmis et ce ne sont pas les aigles, les hirondelles, les coccinelles prisonniers du ciel qui diront le contraire. Tout le monde que nous regardons de haut vit à notre étage, subit les mêmes tourments, disparaît de la même façon. Nous ne savons pas ce qu'il en pense, n'en parlant pas le langage. Cela nous suffit pour dire qu'il ne pense à rien. Les cloportes, les fourmis, les aigles, les hirondelles, les coccinelles pensent la même chose de nous, pour les mêmes raisons avec, en plus, un sentiment de supériorité quand ils voient ce que nous avons fait du paradis où ils habitent.

ÇA, C'EST BEN VRAI

Seuls les dieux et les déesses du stade participent aux jeux de l'Olympe. Nous autres, les simples humains n'avons que le droit de les regarder jouter. Rappelons cependant que leurs exploits ne sont rendus possibles que par une proximité physiologique avec la gente animale. Cette bestialité nous est heureusement épargnée.

DROGUES DURES

On a l'habitude de répertorier dans les drogues dures l'héroïne, la cocaïne, les amphétamines, le MDMA, le LSD et l'on oublie l'alcool et le tabac dont les ravages sont beaucoup plus considérables. L'oubli ne se limite pas à ces deux addictions mortelles, il en existe une autre: l'idéologie. Ses dégâts  sont psychologiques avec des passages à l'acte catastrophiques pour la société. Son  pouvoir léthal sur le corps et l'esprit surpasse celui de tout les autres, il est infini de toute éternité. Multiforme, ses deux principales formes d'expression sont la religion et la politique. En voici une liste non exhaustive que vous compléterez au gré de vos dégouts: judaïsme, indouisme, catholicisme, islamisme, protestantisme, royalisme, capitalisme, socialisme, communisme, nationalisme. Nous ajoutons in fine pour être complet le  paternalisme et le féminisme*.

* Dernière idéologie en vogue qui fait de la femme une ennemie de l'homme. Elle prépare celle qui la remplacera, le masculinisme. Une théorie qui fera du paternalisme une aimable plaisanterie.  

Le présent n'existe que sur le papier. C'est un entre deux fictif dont la durée est nulle. Habiter un instant qui n'existe pas est un mystère que je soumets à votre perplexité.

Une bonne sagacité bénéficie d'une vue perçante et d'une ouïe fine.

Si vous voulez rester inconnu, ne pas avoir du succès, être impopulaire, vous faire des ennemis, la recette est simple, basique, élémentaire et garantie, suivez mon conseil. Vous devrez employer la manière forte, le choc frontal, les coups hauts et ne pas hésiter à:

- soulever les lièvres,

- parler des sujets tabous,

- tenir des propos impertinents,

- porter des jugements irrespectueux,

- ne pas faire attention,

- être contre la pensée dominante, 

- dire que le roi est nu,

- être démodé, en avance.

Le succès est assuré et sera certain si, dans la même phrase, vous réunissez tous les ingrédients. Personne ne vous contredira, ne vous interrompra, ne fera un commentaire car vous aurez fait le vide et serez seul à vous réjouir d'être invisible, inaudible, libre.

Face à la réalité, confrontés à la vérité, certains doutent, refusent, se voilent la face, ne changent pas d'opinion, restent dans l'erreur. Ne les condamnons pas, ayons pitié, ils paieront très cher leur aveuglement volontaire, connaîtront la peur, la faillite, la honte, l'enfer, eux qui croyaient échapper au malheur.

UNE EXPLICATION DE LA SITUATION DÉCULPABILISANTE

Ce qui échappe à notre entendement représente une telle masse de non-connaissances que nous ne devrions pas culpabiliser et nous accuser d'être des idiots congénitaux, des héritiers imbéciles et des cons naturels. Nous sommes seulement de pauvres ignorants. Tout ce qui nous arrive dépend uniquement de notre incapacité foncière, de notre défaut originel qui ne nous permettent pas de comprendre les choses, de prendre les bonnes décisions, d'agir en toute connaissance. Notre  volonté, nos  sentiments, nos envies sont impuissants face à un tel manque. Si la situation ne va qu'en empirant, c'est parce que le poids des actes stupides liés à notre incompréhension grossit au fil des générations, chacune apportant son lot.

PS: L'aggravation constatée est due à l'augmentation de la population.

LE CONSEIL DU CYNIQUE

Pour ne pas voir les choses (vg. quand elles sont trop horribles pour être soutenables), on peut regarder ailleurs en détournant le regard comme la plupart font. Je conseille de simplement fermer les yeux, c'est plus simple, plus rapide, moins ostentatoire donc plus élégant et tout aussi radical.

Quand on compare le nombre de choses dont on n'a pas envie, pas besoin avec celles qu'on aimerait avoir, le bilan est vite fait et dépend essentiellement de la quantité d'argent dont on dispose.

UN CONSEIL ÉCLAIRÉ

Quand l'ordinaire est triste, monotone, répétitif, que la vie s'étire dans la routine, les habitudes, l'ennui, que les jours se ressemblent, que l'on se demande si cela va durer encore longtemps, je dis halte au feu!!!! Cela suffit, il est temps de passer à autre chose, d'aller voir ailleurs si l'herbe n'est pas plus verte, de faire un trait sur ce piteux présent déprimant si vous ne voulez pas devenir un dépressif de plus, candidat à la prochaine loi euthanasique. Changer de voisins, de concitoyens, de pays, de climat, aller ailleurs, loin, dans le Pacifique, en Océanie, dans une île semi-déserte, au paradis.

L'ESPOIR FAIT VIVRE

Les projets remplissent mon futur de tellement de réalisations que je me demande s'il durera assez longtemps pour que j'en vienne à bout. 

Ce n'est pas leur proximité qui m'attache à mes extrémités mais leur utilité.

RÉFLÉCHISSEZ

Certaines personnes n'ont pas d'idées et recyclent celles des autres. Ils ne sont pas idiots mais seulement paresseux. Ils ne veulent pas se fatiguer à faire travailler leur cerveau. Ils est pourtant fait pour, ne demande que cela  et c'est le mépriser que de l'empêcher de réfléchir. Aucun effort n'est nécessaire: mettez-le en condition, assis ou couché, au calme, dans le silence. Pour amorcer la pompe, prenez un mot au hasard, hasard par exemple,  et laissez votre esprit faire.

"Le hasard fait bien les choses", (c'est l'idée qui, habituellement, vient en premier), mais on ne peut pas compter compter sur lui pour qu'elles soient bonnes. Il faut de la chance en plus, je n'en ai jamais, pas de raison que ça change, je lui fais pas confiance, il m'a jamais aidé, au contraire, il m'a toujours mis là où il fallait pas, au mauvais moment. Je lui dois rien de bien, je fais des économies depuis que je ne joue plus avec lui. Aux oubliettes le hasard et vive l'orange. Quel bon fruit avec sa couverture jaune-rouge, son jus sucré, sa pulpe moelleuse et ce parfum d'Espagne, de séguedilles, de fandango et d'Esmeralda. Elle me rappelle aussi Bécaud et et son voleur d'orange sur le marché. Bécaud, monsieur 100 000 volts, il a complètement disparu des compteurs de la SACEM. On ne l'entend plus, pas de petits enfants ou de neveux avides de toucher des royalties!!! Lui-même n'y croyait plus trop et je me rappelle un soir, à l'Olympia: il s'évertuait sur scène à ranimer la salle en s'égosillant, en gesticulant, en tapant fort sur le piano, la main en cornet sur l'oreille mais il lui manquait quelque chose (le plaisir de chanter, un verre de cognac, l'envie d'être là) et on était partis avant la fin. 

Si vous ne voulez pas jouer avec les mots,  désirez faire scandale, devenir à la mode, ne dissertez pas sur la méchanceté du bon Dieu, la bêtise de Napoléon, les horreurs exposées au Louvre mais écrivez un livre expliquant pourquoi Trump est le président qu'il faut  à l'Ukraine, les bonnes raisons qu'à l'Iran d'avoir la bombe, les  raisons profondes de l'antisémitisme actuel, en quoi les écologues menacent la planète, pourquoi Macron est le fils artificiel de sa femme,  

On n'a pas besoin des idées des autres. Elles sont de seconde main, usées, fatiguées. N'en soyez pas esclaves, dépendants. Choisissez seulement celles qui vous conviennent, correspondent à votre sensibilité, vous apportent des satisfactions, enrichissent votre réflexion, vous ouvrent des horizons, répondent à vos questions, apportent des solutions, éclairent votre esprit.

Si, malgré vos efforts, après des essais, vous n'en avez toujours pas, pas de panique, vous avez de la chance. Les grandes idées, belles, riches, éblouissantes sont ailleurs, elles vous attendent chez Socrate, Aristote, Sénèque, Confucius, Jésus, Kant, Spinoza, Nietzche, Voltaire, Diderot, Girard, Camus, La Fontaine, Shakespeare,  Épicure, Montaigne, La Boétie, Epictète et prédigérées chez le  Précepteur.

Quand on revient de loin, c'est que l'on arrive d'un pays situé à l'autre bout du monde ou que l'on a survécu à une phase pré-agonique. Dans les deux cas, on a échappé à un dépaysement provisoire ou définitif.

ÇA, C'EST BEN VRAI

Pour que le bouche à oreille fonctionne, il faut que l'auditoire ne soit ni muet ni sourd.

NOS DEUX ÉTATS

Malgré tout le respect que m'inspirent la philosophie, la religion, la politique, les arts et les sciences et l'importance de leur impact sur notre état d'esprit, je me permets de faire remarquer à ceux qui en douteraient que notre état physiologique qui conditionne notre santé et rend notre corps neutre, indolore, réceptif, actif, sans besoin d'attelles, de prothèses, d'orthèses, de médicaments, de cliniques, de médecins, de SS, de mutuelles a aussi une action directe, immédiate sur celui-là (état d'esprit) et qu'il nous  est impossible de maintenir un bon moral, de penser dignement, d'émettre des pensées optimistes et positives en pleine crise de dysenterie amibienne, en proie à un hoquet incoercible ou à l'annonce que l'on est atteint d'un cancer de la tête du pancréas. Autant qu'une réflexion de Spinoza, qu'un livre de Houellebecq, qu'une pièce de Courteline, remarquons qu'un bon repas, une bonne bouteille ou une bouchée de chocolat apportent des satisfactions qui font beaucoup de bien à notre moral. Pour cela et nous tenir à l'abri de beaucoup de maladies,  nous devons apporter la plus grande attention à la qualité de nos repas pour qu'ils aient leur juste richesse calorique, un  bon équilibre entre les protéines, les glucides, les lipides, le taux adéquat de vitamines, d'oligo-éléments et de sels minéraux. En conclusion, ceux qui voudront, admettront avec nous que la physique et la chimie des particules élémentaires que sont nos cellules ont une influence déterminante sur notre humeur et que nous leur devons respect, honneur si nous voulons la garder en bon état et réfléchir intelligemment et garder le moral.

Même dans un pays de cocagne, il y a des pauvres.

LES DERNIÈRES NOUVELLES DU PARADIS

Une dépêche AFP nous apprend qu'une marche de protestation a été organisée par un comité représentatif pour manifester leur opposition  à la politique menée par l'autorité suprême. L'état de bonheur permanent, la béatitude céleste, l'absence de déplaisir provoquent rapidement une lassitude qui dégénère en dépression qui conduit certaines âmes à regretter de n'être pas en enfer.

Les gens qui ne vous piffent pas ont les mêmes raisons que vous avez de ne pas les supporter. Ils vous reprochent d'être imbuvable, arrogant, méprisant. Ils seront heureux d'assister à votre enterrement car ils estiment que vous n'êtes fréquentable qu'entre 6 planches. Vous partagez leur plaisir et ils seraient vexés de savoir que vous attendez avec impatience le jour où vous n'aurez plus à les haïr et pourrez profiter enfin de leur silence avec l'espoir qu'ils attendront longtemps avant de vous rejoindre dans l'au-delà, endroit que leur absence rend agréable. 

Si la satisfaction que procure le plaisir de passer des jours heureux  n'était pas balayée par les malheurs qui montent à l'assaut de notre petit bonheur égoïste avant de nous submerger sous le nombre et détruire nos espoirs de lendemains qui chantent, nos illusions gagnées à la force de nos aveuglements et de nous faire tomber dans l'horreur du vide d'un puits sans fond, nous pourrions nous estimer privilégiés, dire que nous vivons dans le meilleur des mondes possibles et profiter de la paix et de la tranquillité du temps passé à ne rien faire.  

CE QUE NOUS DIT SOCRATE

Socrate au 5ème siècle avant notre ère, disait que ceux qui prétendent savoir l'après de la mort sont des menteurs et des escrocs parce que personne ne sait. Pour lui, le dilemme est simple et rassurant : 1/ Soit la mort est un simple sommeil éternel sans rêve et, dans ce cas-là, nous n’avons pas à en avoir peur et c'est mieux qu'une piteuse vieillesse sans fin dans l'impotence, l'incontinence, la démence. 2/ Soit la mort est le transfert de l’âme dans un ailleurs inconnu. 

Sage, il avait gagné son combat contre la peur de la mort. Elle était même la solution à la souffrance et aux infirmités de la vieillesse d'où son souhait (exaucé) d'une mort rapide et précoce. 

LA PITIÉ DANGEREUSE

En regardant certaines personnes, on se dit qu'ils ne sont pas à leur place, qu'ils n'ont pas le rôle de leur vie, qu'ils se sont trompés de métier, qu'ils gâchent leur vie, qu'ils n'étaient pas faits pour ça. Exemples:

- il n'aurait pas dû avoir d'enfants ni épouser celle-là.

- il n' a pas sa place à la tête de l'État.

- ce boucher-charcutier aurait fait un bon PDG.

- ce chirurgien-dentiste aurait dû se consacrer au piano.

- cette dame aurait mieux fait de ne pas intégrer l'éducation nationale.

- ce jeune homme aurait pu faire une grande école au lieu de vendre des ordinateurs.

L'orientation professionnelle ne doit pas être laissée au hasard qui n'a pas souvent de chance.

Ce constat fait plaisir à celui qui le fait. Quelle lucidité, quelle clairvoyance, quelle chance ils auraient eu si j'avais été leur père. Avec moi, quelle carrière, pauvres garçons, pauvre fille, ils ne l'ont pas eue et ils ne sauront jamais le destin qu'ils auraient pu avoir!!!!!?

Heureusement, vous garderez pour vous ces réflexions car ils ne les demandent pas. Ils ne connaîtront jamais les rêves que vous faisiez pour eux. Ils auront eu l'existence que le hasard des circonstances a choisi. 

Mais auraient-ils été plus heureux s'ils avaient suivi la voie que vous leur auriez tracée? Le succès, la gloire apportent-t-ils le bonheur ? Ils donnent des  plaisirs différents mais décuplent les ennuis, les tracas, les déceptions, les efforts. Le bilan est négatif. Regardons les anciennes gloires. Ils sont tous descendus en enfer. 

Conclusion: ils ont eu la chance de ne pas savoir qu'ils nous ont fait pitié. 

TOUT COMPTE FAIT

Quand on additionne aux 35 heures de travail hebdomadaire obligatoire, le temps passé aux travaux ménagers, à faire de la culture physique et potagère, à méditer positivement, à se souvenir, il n'en reste pas beaucoup pour faire des choses intéressantes. 

UNE HIÉRARCHIE DU TEMPS

"Un tien vaut mieux que deux  tu l'auras", ce proverbe attribué à Rabelais, à La Fontaine,  à Hue de Rotelande (1185) et à un fils adultérin de Confucius a une valeur universelle. Il nous dit qu'il est préférable d'avoir que d'espérer. Il étalonne aussi le temps et nous apprend que le présent vaut deux futurs.

IL FAUT SAVOIR RECONNAITRE SES LIMITES

Vous êtes face à un problème. Je comprends votre panique s'il entre dans le domaine de la théorie des champs conformes, de la mécanique statistique, de l'indéterminisme quantique, du morphisme des groupes, des équations polynomiales, d'algèbres non commutatives. Ne comptez pas sur moi pour le résoudre, il faut savoir reconnaître ses limites. Mais si votre interrogation porte sur la meilleure façon d'ouvrir une boite de conserve ou de faire de la crème fraîche liquide à la maison, je peux vous être utile. C'est vous qui voyez.

QUI SUIS-JE ?

Du néant ou de l'endroit où son âme s'est réfugiée, Socrate continue de nous conseiller et de nous enrichir. Il n'a pas trouvé bon, lui, de créer une religion mais seulement une école. Il savait que les disciples ne sont jamais fidèles et ne se disait pas fils de Zeus. Il n'y eut que Platon pour se rappeler ce qu'il enseignait et personne n'eut la prétention de nous donner d'autres versions de ses thèmes de prédilection. Il était pourtant assez inspiré, imaginatif, intelligent, réfléchi pour se prétendre au-dessus de ceux qui l'écoutaient. Sage, il se connaissait assez pour être modeste. Il avait mis en pratique l' injonction célèbre inscrite au fronton du temple de Delphes "connaît-toi toi-même". Depuis, toutes les philosophies s'y essaient et les philosophes donnent leur vision d'eux-mêmes. Laissons leur construction de côté et bornons-nous à notre petite personne. Des tutoriaux vous expliqueront qu'il faut faire de l'introspection, de la méditation active et se confesser à soi-même. Ils vous feront tourner en rond et vous mordre les doigts. Vous n'en saurez pas plus. Il faut rester modeste comme il l'était et ne pas espérer trouver des trésors que nous n'avons pas. Notre esprit n'est pas miraculeux mais limité par la bêtise humaine, une inconscience illimitée, des insuffisances dans les perceptions, des limitations naturelles. Les seules choses sur lesquelles on a une emprise sont le niveau de nos connaissances et l'étendue de notre ignorance. Le bilan est facile à établir. Une fois fait, on en sait assez pour ne pas se prendre pour un autre.

On s'endort avec l'espoir de passer une bonne nuit à faire de beaux rêves et de se réveiller le matin du jour suivant, frais et dispos, prêt à affronter l'hostilité d'un monde ingrat, la haine d'une société désaxée et une journée passée à s'ennuyer.

Le poids de l'air sur les épaules plus l'attraction de la pesanteur à nos pieds nous collent au sol. Cette force combinée nous tirerait sous terre si elle n'était pas dure et notre corps moins compact.

LE BAZAR MONDIAL OU L'EXPLOITATION DE LA PEUR , DU DÉSIR ET DU BESOIN

Le monde est un immense bazar de vendeurs et d'acheteurs, de chasseurs et de pigeons, d'escrocs et de gogos, de profiteurs et de quémandeurs, de maîtres et d'esclaves, de loups et de moutons, de menteurs et de crédules, de vainqueurs et de vaincus. Chacun vit au crochet d'un autre et le curé prospérait sur la peur de l'enfer, l'espoir du paradis et le besoin de comprendre le pourquoi et le comment, la religion pourvoyait à tout. Le procédé est partout le même et la relation s'établit sur l'exploitation de la peur, du désir, du besoin. 

Le médecin vit de la peur de la douleur, de la maladie et de la mort et de tout ce qui la provoque: sucre, sel, gras, alcool, drogues, pollution, accidents.

Le paysan, le boulanger, l'épicier, le boucher, le charcutier, le pâtissier, le caviste, le vigneron vivent de la faim, de la soif, de l'appétit et de la gourmandise.

Les artistes vivent du besoin qu'ont les gens de se divertir, d'oublier ce qu'ils sont, ce qu'ils vivent et s'évader.

Les militaires, les policiers vivent du besoin et de l'espoir d'être protégé, défendu, sauvé des dangers, des voleurs, des assassins, des envahisseurs et de ne plus avoir peur de sortir le soir, d'être cambriolé, de l'avenir.

Les juges vivent de l'espoir que la justice soit rendu, que le coupable soit puni.

Les gouvernants vivent du désir du peuple d'être heureux, prospère, en paix. Il en délègue  le travail à ceux qui disent que c'est leur métier. Au sommet de la hiérarchie des menteurs, des escrocs, des vendeurs, des chasseurs, des profiteurs, dès qu'ils ont le pouvoir de commander, de diriger, d'ordonner, d'édicter, ils soumettent  à leurs lois les masses qu'ils gouvernent. Ils le font dans l'intérêt des supérieurs de la patrie dont ils font partie et qui les ont mis où ils sont, les inférieurs ayant la part qu'ils méritent. 

Dans ce rapport, le plus fort a toujours le dernier mot et la première place. La lutte est inégale car l'analphabète en sait moins que le lettré, l'ignorant ne connaît pas l'envers des cartes, l'initié est mis au courant, le dominant écrase le dominé. 

Comment fait-on pour passer une vie qui, pour certains, dure 36500 jours à jouer la même comédie, sans une relâche? On doit se contenter de quelques changements de décors, de l'arrivée de nouveaux comédiens aussi ratés que les sortants. Comment fait-on pour supporter cette routine, ces répétitions, cette monotonie, ces gestes mécaniques, ces répliques téléphonées? Les matinées, les après-midis, les soirées se succèdent, sans intermittence. Il faut attendre d'être dans le coma pour le baisser de rideau et l'entrée au père Lachaise. 

LE TEMPS

Un consensus dit: "il y a un temps pour tout". L'Histoire le confirme. Ce qui est arrivé devait arriver et ce qui n'est pas arrivé arrivera peut-être. Le temps remplit son emploi, il est fait pour ça. Notre problème est que nous ne le connaissons qu'après, jamais à l'avance. Il est non seulement intemporel mais imprévisible, soumis à des directives, des influences, des aléas, à une intelligence, à la chance, au hasard, on ne sait pas. Notre idiotie naturelle ne nous donne pas accès à ses sources de décision. On en constate les effets, les conséquences, des résultats que l'on subit en victimes innocentes même si certains nous en rendent coupables.

Le temps, complètement inconscient, nous offre une plage de vie où nous avons l'occasion de nous ébattre et, quand il est fini, il nous passe à la trappe, récupère les atomes, les recycle car le bougre est avare, ne laisse rien perdre. 

ORATEURS

Il y a trois types d'orateurs:

- ceux qui savent ce qu'ils disent: les savants, les acteurs, les hommes d'état.

- ceux qui disent n'importe quoi: les menteurs, les bavards, les politiciens.

- ceux qui ne savent pas ce qu'ils disent: ils répètent ce qu'on leur a dit de dire sans comprendre ou ce qu'ils ont appris par cœur. Ils présentent le journal télévisé et lisent le prompteur, ils sont les porte-paroles d'un parti ou du gouvernement et lisent le communiqué à la presse.

Ne croyez pas ceux qui disent que la Thaïlande est un paradis, que New-York est un grosse et belle golden, que la Californie vit un rêve, que c'est mieux ailleurs. L'enfer sera toujours là, il est attaché à nos basques, rivé à nos mollets, nous le transportons avec nous, il parasite nos pensées, force nos actions, hante nos souvenirs. Aucune douche à l'eau de noix de coco ou au coca-cola dilué dans le rhum ne nous en débarrassera. Il faut attendre d'être mort pour aller au ciel.

Toute l'énergie du chêne vise à créer les glands et celle du rosier à faire naître une rose. À quoi aspirent le gland et la rose?

Ma chatte est hindouiste et croit en la métempsychose. Végétarienne, elle se force à  croquer  les mulots car elle sait qu'ils se réincarneront en diamant et elle les aime en collier.

DEUX POIDS DEUX MESURES

On ne se prive pas de  juger les acteurs, les comédiens sur leurs capacités à se mettre dans la peau de leur  personnage de comédie ou de tragédie. On les trouve bons ou mauvais selon qu'ils jouent juste ou faux. 

Notre interprétation de ce que nous voyons, entendons , pensons  n'est pas  soumise à la même critique. Elle mériterait de l'être car elle engage notre responsabilité. Par précaution, nous devrions débattre de la qualité de notre compréhension, de la justesse de nos idées, de la pertinence de notre analyse, de la finesse de notre sensibilité. Sommes-nous assez sages, raisonnables, savants pour être crédibles, ne pas dire une connerie, ne pas passer aux yeux des spectateurs, des auditeurs, des invités, des ayant-droits pour un piètre acteur qui mériterait des quolibets, des tomates de la part de tous ces gens aussi limités que celui dont ils se moquent. Ils sont comme lui insensibles, peu aimables, sans compassion ni charité, mais cupides, cruels, égoïste, stupides, intolérants, incapables de tenir leur rôle, de tenir les promesses faites au metteur en scène, au juge, au maire, au curé.

CIORAN FOR EVER

La publication de la correspondance d'Emil Cioran donne un coup de projecteur sur cet écrivain roumain amoureux de la langue française. Rien que le titre de ses livres met l'eau à la bouche: "De l'inconvénient d'être né", "le Mauvais Démiurge", "La chute du temps", "Aveux et anathèmes", etc.. L'amertume de ses textes a un goût sucré et leur acidité la douceur d'un vieux rhum de la Martinique.

On essaie tous de répondre aux questions, aux demandes, aux besoins, aux envies et on passe sa vie à manger, à boire, à dormir, à rêver, à regarder, à acheter, à exister. On espère se satisfaire et trouver le bonheur dans les plaisirs. Chacun le fait à sa manière, selon ses moyens. Au final, on est tous pareil et ma satisfaction à réussir un soufflet au Grand Marnier est la même que celle de Mozart mettant la dernière note à sa Petite musique de nuit.

Rien de mieux qu'un sourd qui veut entendre, il lira sur les lèvres et les muscles de la face, comprendra les gestes des doigts de la main tandis que celui qui ne veut pas entendre interprètera ce qu'il écoute et vous accusera de penser le contraire de ce que vous lui dites.

SEUL, HEUREUX ET LIBRE

On est seul quand il n'y a personne qui aide, encourage, comprend, accompagne, supporte, assiste quand on est devant une difficulté, un obstacle, un mur, une montagne, un précipice qu'il faut vaincre ou qui applaudisse, félicite, s'émerveille quand vous avez réussi, gagné, remporté, un examen, un concours, une épreuve, terminé un devoir, réussi un exploit, fini la course, remporté le trophée. Cette solitude a besoin des autres pour exister. Leur indifférence les rend inexistant et doit vous empêcher de regretter leur silence. Remerciez-les, ils vous ont appris à ne dépendre de personne, pas même de leur regard. Ils vous ont mis sur le chemin de la liberté.

PAUL VALÉRY

Paul Valéry (1871-1945) est une grande figure du monde philosophique, poétique et de la littérature française. Il fut remarquable dans le domaine intellectuel mais aussi  moral. Il n'a pas vieilli et il mériterait d'être cité plus souvent. Voici quelque unes de ses pensées:

- Dans une société d'égaux, l'individu agit contre l'égalité. Dans une société d'inégaux, le plus grand nombre travaille contre l'inégalité.

- L'objet de l'artiste est de donner plus qu'il ne possède.

- L'Europe aspire visiblement à être gouvernée par une commission américaine. Toute sa politique s'y dirige (1931).

- La politique est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde.

- La religion fournit aux hommes des mots, des actes, des gestes, des pensées, pour les circonstances où ils ne savent que dire, que faire, qu'imaginer.

- L'Europe deviendra-t-elle ce qu'elle est en réalité, un petit cap du continent asiatique? (1919).

- Un chef est un homme qui a besoin des autres.

- Les évènements sont l'écume des choses, mais c'est la mer qui m'intéresse.

-  Si quelqu'un te lèche les bottes, mets-lui le pied dessus avant qu'il ne commence à te mordre.

- Il faut juger à froid et agir à chaud.

- L'homme moderne est l'esclave de la modernité: il n'est point de progrès qui ne tourne pas à sa plus complète servitude.

- L'homme vaut-il la peine de déranger un Dieu pour le "créer"?

- Il faut être léger comme l'oiseau et non comme la plume.

- La tradition et le progrès sont deux grands ennemis du genre humain.

- La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas.

LE VIDE

Le vide aspire à être rempli. Le nôtre a le même besoin. L'imagination y pourvoit à l'aide d'idées, d'images, de désirs. On peut le tromper quand on en manque par du bruit, de la musique, du bavardage, une occupation, une religion. 

SOLITUDE

Dans la solitude, on est dans la seule compagnie de soi-même. C'est celle de Robinson Crusoé et de celui qui ne partage rien avec personne. Il est tout en un: interlocuteur, acteur et spectateur,  se pose des questions, des problèmes, donne la réponse, trouve ou pas la solution. Cette gymnastique rend la solitude supportable et, avec de l'entraînement, agréable. Les navigateurs solitaires comme Slocum, Gerbault, Le Toumelin en sont des exemples convaincants et on comprend que Moitessier ne soit pas revenu au port.

On vit en plein paradoxe et on passe son temps à faire le contraire de ce que l'on voulait faire et l'inverse de ce que l'on pense, à manger salé, sucré, gras alors qu'on devrait suivre le régime d'un hypertendu, d'un diabétique, d'un obèse, à promettre sans tenir, à vouloir récolter sans semer, à reculer au lieu de sauter.

Les rêves nous disent ce que la vie serait si elle était un songe.

LA PHILOSOPHIE ET NOUS

Ce qu'il y a de terrible quand on y pense, c'est que chaque fois que l'on écoute le Précepteur, ce génial vulgarisateur de la philosophie des anciens et des modernes nous dire ce que nous devrions savoir pour être sages, raisonnables et se rapprocher du bonheur, nous sommes d'accord avec le message. Le temps de l'écoute, nous devenons des disciples de Platon, d'Aristote, d'Épicure, de Sénèque, de Marc-Antoine, de Protagoras, de Descartes, de Pascal, de Rousseau, de Voltaire, de Spinoza, de Kant, de Montaigne, de La Boétie, de Leibniz, de Nietzsche, de Camus etc.... Ils posent les questions, donnent des réponses. On est d'accord avec tous, séduits même quand ils se contredisent. Et sitôt la leçon terminée, on retourne à notre misérable vie, à nos besognes insipides, à nos envies mesquines, à nos idées futiles, à nos pensées imbéciles, à nos actes irréfléchis, aux habitudes, à la routine. Ce comportement est-il dû à un manque de mémoire, une invalidité structurelle, une paralysie mentale. Dites-le moi si vous savez sinon taisez-vous et pleurons ensemble.

PARTIR OU RESTER

Le désir de partir, l'envie de rester se disputent le contenu de l'avenir. Le premier argue que l'inconnu, c'est l'aventure et le plaisir de la découverte tandis que le seconde argumente en disant que l'inconnu c'est l'aventure et la peur des dangers. Connaître d'autres cultures, voir de nouveaux paysages, vivre dans un autre climat, faire des expériences inédites, oui mais c'est abandonner sa tranquillité, son confort, ses habitudes, la sécurité, subir un traumatisme, opérer une fracture pour un espoir peut-être chimérique. Oui, c'est le prix à payer mais il en vaut la peine car partir rajeunit le vieux, rend mature le jeune. 

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Les souvenirs n'empêchent pas de partir. Immatériels, stockés dans la mémoire, ils voyagent avec la tête et n'encombrent pas. Ce qui retient, ce sont les biens matériels lourds , encombrants, innombrables. Ils s'entassent dans les armoires, les placards, les buffets, les commodes, s'étalent sur les étagères, les murs, dans les vitrines, s'accumulent dans le grenier, la cave, les remises. Témoins du passé, ne servant qu'à piéger la poussière, bons pour la déchèterie, Emmaüs, ils pèsent plus qu'ils ne valent. N'attendons pas la tombe pour en être débarrassés, il faut s'en libérer pour appareiller.

L'inspiration remplit d'air les poumons et apporte des idées, des images à l'imagination. L'aspiration remplit, elle, l'estomac de liquides et l'esprit de désirs.  L'une fait vivre, l'autre espérer. 

J'apprécie beaucoup le plaisir que donne la nage dans le bonheur ou quand on vient d'échapper à un grand malheur.

GÉNÈSE DU DÉSÉQUILIBRE TERRIEN

Le monde a toujours été déséquilibré. Cet état pérenne n'est pas dû qu'à la folie des hommes mais à ce que son axe nord-sud est trop penché sur sa droite au nord et trop à gauche au sud. Sa rotation est donc contrariée (les lois de la géométrie dans l'espace sont implacables, ndlr). Le résultat est ce que vous savez, il était prévisible dès l'arrivée de l'homme sur la terre.

Comment font ces milliardaires pour supporter de vivre aux crochets de tous ces domestiques qui conduisent leurs voitures, font leur ménage, leur lit, leur cuisine, repassent leurs chemises, cirent leurs chaussures? Comment font-ils pour supporter les courtisans, les faux-amis, les serviteurs qui vivent à leurs crochets et profitent de leurs largesses, de leurs salaires en rendant des services, en faisant de la figuration, en les entretenant dans leurs illusions?

Tous et eux en premier sont perdus dans un monde artificiel, déconnectés, victimes de la fièvre de l'or, de l'argent sans valeur. Chacun profite de l'autre, le méprise, joue son rôle dans cette comédie où le roi ne vaut pas plus que ses valets.

DE TOUT UN PEU

 Mourir est un moyen expéditif de régler ses dettes.

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Pour garder de la vie un bon souvenir, je préconise d'avaler au moment de mourir un verre d'un très bon Sauternes.

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Pour ne pas être tenté de me réveiller avant l'heure prévue, je pratique une autohypnose avant de m'endormir.

MES MOI

Rien ne va plus entre mes moi. Ils ne se supportent plus, se reprochent tout et n'importe quoi. Ils m'empêchent de dormir et je suis obligé de penser aux autres pour m'en débarrasser. C'est pénible pour un égoïste, contre ma nature.

Il faut être explorateurs ou ethnologues pour avoir de l' intérêt et de la curiosité pour ce que l'on ne connaît pas. Cette indifférence contraste avec la répulsion éprouvée par ce qui fait peur: vide, flammes, guerre, maladie, accident ou que l'on n'aime pas : laideur, mensonge, acidité, amertume, ennemi. La connaissance a donc deux visages, l'un pousse à l'action, l'autre  fait reculer devant le danger.

LE ROMAN DE LA VIE

La vie est un roman et a comme tel  un début et une fin. L'intrigue commence mal, à la naissance. Elle se développe au fil des années selon un canevas convenu. Les chapitres s'enchaînent. L'histoire est toujours la même avec quelques hauts, beaucoup de bas. Les variantes dépendent de la latitude et de la longitude, de l'époque, des circonstances. Tous les genres s'y emmêlent avec des scènes comiques et d'autres mélodramatiques. Au final, elle laisse l'impression d'avoir été une farce tragique.

LE SILENCE EST D'OR

Quand vous aurez enfin compris que vous ne changerez pas d'habitudes, de manière de penser, de façon de vivre que si la décision vient de vous, vous aurez compris aussi pourquoi vous devez arrêter de donner des conseils, de faire la leçon, de jouer au professeur avec personne. Vous perdez votre temps, vous vous faites haïr. Contentez-vous d'assister, indifférent, à ce qui lui arrive parce qu'elle ne vous a pas écouté. En général et le plus souvent, il ne se passe rien, confirmant ainsi que vous avez bien fait de vous taire.

Le genre humain occupe son temps, son esprit, ses mains à se battre (champs de bataille, stades, rings, rues, scènes de ménage) et à prier (son créateur pour le remercier d'en avoir fait un miracle de la nature destiné à une vie éternelle en récompense de tout le mal qu'il a pratiqué).

OYEZ,

Oyez, mauvaises gens, il est minuit 01, l'heure du crime est passée. Il est temps de vider votre sac, de régler les comptes, de plaider coupable, d'avouer, d'arrêter de jouer les victimes et à l'innocent si vous voulez aller au paradis.

LA COMPLEXITÉ DU VIVANT

La complexité de la personnalité du vivant est  due à la division en deux de son cerveau directeur. Chacun de ses deux lobes reçoit des informations légèrement différentes du simple fait de la position décalée de l'œil et de l'oreille droits par rapport à leurs jumeaux de gauche. Mais la distorsion principale provient des programmations différentes des deux hémisphères, chacun traitant l'information à sa façon : le droit est dévolu à la créativité, marche à l'intuition et reconnaît les formes tandis que le gauche est logique, raisonne, nous fait parler et sait analyser. La collaboration, conséquence d'une connectique souvent qualitative et d'un but commun, n'empêche pas une rivalité latente contenue par une dominance habituellement dévolue au lobe gauche. Elle s'exprime d'une façon plus ou moins forte et on s'aperçoit facilement de son existence et des luttes intestines cérébrales par les interminables discussions qui agitent le landernau céphalique avec les atermoiements engendrés par celui qui dit blanc et l'autre noir, qui est optimiste et l'autre pessimiste, qui préfère la ville à la campagne, est de droite et l'autre de gauche etc.. Le choix devient parfois impossible quand la cacophonie au sommet devient ingérable. L'abstention devient la solution. Le pétage de plombs est également possible par la surchauffe des neurones avec une disjonction qui conduit l'opérateur aux urgences psychiatriques et la mise hors circuit du réseau. Le cas n'est pas rare depuis que la masse des informations à traiter a pris une dimension exponentielle qui n'est plus adaptée aux capacités du récepteur.

UNE QUESTION DONT DEMAIN DONNERA LA RÉPONSE

Les animaux à sang froid (ectodermes) ont une adaptation naturelle à la température et ne connaissent pas la fébrilité comme les animaux à sang chaud (endothermes). On se demande s'ils ne seront pas les seuls à survivre  à l'augmentation de la chaleur atmosphérique.

L'ASTUCE PAYANTE

Pour vous faire aimer sans autre raison, dites ce que l'autre attend désespérément depuis toujours :  la personne la moins ordinaire que vous ayez  jamais rencontrée.

Pour vous faire haïr facilement d'une personne que vous n'aimez pas plus qu'une autre, dites-lui ce qu'elle ne veut pas entendre, par exemple que l'église est contre les évangiles, que Trump ferait un bon président, que Macron a une mauvaise influence sur les enfants de sa femme.

LE DERNIER INSTANT

Le dernier instant est agréable quand il clôt un moment passé à se battre contre un adversaire, une maladie, un problème et qu'on a gagné. À l'opposé, il est frustrant, pénible, décevant si on a perdu. Dans tous les cas, il a le mérite d'en finir. On est à nouveau disponible pour affronter d'autres challenges, l'éternité par exemple.

LES FORMES

On a une belle et bonne forme entre 15 et 30 ans, une bonne entre 30 et 60 ans et, à partit de là, tout se gâte, la fonte des formes d'abord insidieuse, s'accélère et d'évidente devient patente.

MON DILEMME

Ma dépendance aux substances délivrées par mon épicier, mon boulanger, mon boucher me consterne. Que faire pour me désintoxiquer, retrouver ma liberté, jeûner sans tomber dans les souffrances de l'état de manque?

Tout ce qui est utilisable n'est pas utile, tout ce qui possible n'est pas nécessaire, tout ce qui est mauvais n'est pas noir, tout ce qui est périmé pas forcément jetable, donc, avant de décider, on doit s'interroger si ce qui est vrai  n'est pas un peu faux.

Les mathématiques sont à la base du numérique et l'IA n'en est que sa dernière illustration. On peut donc dire que l'intelligence peut se mettre en équations. Révolutionnaire puisqu'elle fait des philosophes de simples numérologues. Elle fera disparaître les médecins et verra la médecine devenir la chasse gardée de l'IA comme le reste et avec le même degré d'excellence. Elle se réduit, en fait, à une inconnue, le diagnostic, et aux quelques facteurs qui provoquent la maladie. Le problème sera pour elle élémentaire. Elle réduira les noms qui ne sont que des  mots faits de lettres convertissables en 0 et 1. La machine moulinera et sortira le diagnostic, le pronostic, le traitement, l'évolution à court, moyen et long terme avec une qualité qui ne devra rien au hasard.  

DE TOUT UN PEU

En allant au fond des choses, on y trouve ce que l'on y a mis.

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Il faut toujours mettre à aujourd'hui ce que l'on pourrait faire demain pour être sûr de ne pas oublier.

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Il ne faut pas essayer de jouer un autre rôle que celui qui nous a été attribué de toute éternité, c'est à dire à la naissance.

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L'éternité a une durée de vie limitée. Elle débute à la naissance, finit au décès. Ce n'est qu'un entre-deux qui finit avant d'avoir commencé pour le mort-né.

Pour arriver au sommet

- l'amateur d'escalade et de frissons y grimpe par une voie escarpé où il sera suspendu, en rappel,  au-dessus du vide.

- le pragmatique prend le téléphérique ou, s'il est riche un hélicoptère et s'y fait déposer.

- prudent, feignant, indifférent, il y monte  sur le dos d'un mulet empruntant un chemin balisé.

- bucolique, il suit le chemin des écoliers et peu pressé, curieux, il se perd avant d'y arriver distrait par un papillon, la trace d'un bouquetin ou une envie de dormir.

L'émerveillement, le respect, l'étonnement éprouvés devant la profondeur, la beauté, les qualités de l'œuvre de certains écrivains, peintres, sculpteurs, charpentiers, ébénistes, forgerons, tourneurs, architectes atteignent des dimensions qui ne sont atteintes que par le mépris, l'indignation, la surprise qui nous frappent face à la laideur, à la médiocrité, au dégoût que suscitent certains créateurs  d'horreurs.

Ce qui est insupportable, inadmissible, criminel dans le comportement, les propos de nos dirigeants est que tous leurs efforts portent sur l'entretien, la continuation de la guerre en Ukraine alors qu'ils devraient concentrer toute leur énergie, leur volonté sur un seul but: trouver un compromis, un consensus, un terrain d'entente. Ils devraient ne pas écouter seulement la voix des faucons mais celle des partisans d'une entente et de travailler à rétablir la paix.

LIBERTÉ CHÉRIE

La liberté est inversement proportionnelle à la popularité. Elle est à son maximum chez l'inconnu et nulle pour la célébrité connue du monde entier. Chaque parole, chaque geste est analysé, décortiqué, scruté, déformé, critiqué par des millions qui applaudissent ou condamnent. Prisonnier de sa renommée, il ou elle est ligoté, obligé d'être à l'image de sa représentation. Aucun destin n'est plus cruel.

PS: si le marquis de Sade n'avait pas passé sa vie en prison, privé de liberté, aurait-il pu écrire "Français, encore un effort pour être républicain", son "dialogue entre un prête et un  moribond" et toutes les horreurs qui effraient même les âmes  insensibles?

PATHOS

Il faut en finir avec sympathie, empathie, antipathie. Ces sentiments sont  démonétisés, périmés, surannés. Ils ont tellement été utilisés qu'ils sont usés à force de se succéder, de s'invertir, de se mêler. Ils ne signifient plus rien, seulement le sentiment d'un instant. Il faut les raccourcir, leur enlever le préfixe avec, en, contre et ne garder que pathos dans le sens de sentiment. Il est neutre, anonyme, vaut pour tout, n'engage à rien, évite les effusions hypocrites, les paroles dangereuses,  de se leurrer. Avec pathie, on ne ment pas, on ne se trompe pas, on laisse les autres là où ils ne nous cherchent pas.

Moins que jamais, l'espace est un séparateur et on ne lui doit plus l'éloignement qui distancie l'un de l'autre. Vous parlez et voyez celui qui habite  Sydney ou  Nouméa aussi facilement qu'à votre voisin de palier car le son et l'image vont à la vitesse de la lumière. Le temps, lui, conserve ce pouvoir. Son passage est un voyage qui écarte et l'on finit par ne plus se reconnaître  dans la glace.

Ne cherchons pas ailleurs les qualités qui nous manquent et personne ne prendra les défauts qui nous accablent, on est comme on naît.