Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


vendredi 31 mai 2013

LE TABLEAU LE PLUS EXTRAORDINAIRE QUE J’AIE JAMAIS LU

Il est l’œuvre de Cébès, un philosophe grec de Thèbes qui vivait au Vè siècle avant J.C. Il nous décrit le tableau qu’il aurait vu dans un temple dédié à Saturne. La description qu’il en fait reprend le discours que tient un noble vieillard qui avait connu le donateur, à des visiteurs. Minutieux, il analyse les lieux, les personnages, leur allure. C’est, en réalité, une peinture qui appartient au musée imaginaire. Rien n’a été oublié dans cette allégorie de la vie. Toutes les tentations, les périls, les obstacles sont rencontrés. La façon d’y échapper est expliquée. Ce tableau est une boussole qui trace la bonne étoile. Vous le trouverez en librairie après les pensées de Marc-Aurèle et le manuel d’Épictète sous le titre « Le tableau de Cébès ». Le mien est dans un classique Garnier.
Pour l’apprécier il suffit de suivre le guide. Il vous mène à la Félicité après vous avoir fait traverser la Vie et y avoir affronté l’Imposture, l’Erreur, l’Ignorance, les Opinions, les Convoitises, les Voluptés, la Fortune aveugle, folle et sourde, l’Incontinence, la Débauche, l’Avidité, la Flatterie, la Punition, le Chagrin, la Douleur, les Lamentations, le Désespoir, l’Infortune, le Repentir. Il vient au Secours, l’arrache à ses Misères avec la Volonté, la Croyance qui conduit au Vrai Savoir. Le cheminest difficile et aboutit à la Patience, aux Vertus, à la Science, à la Justice, la Tempérance, la Modestie, la Liberté, la Douceur. Le terme est la Félicité qui couronne celui qui a remporté tous les combats.
Le tableau de Cébès est une image, une leçon, une prière. Sa dialectique en fait un chef d’œuvre de beauté, de force et d’intelligence. Mais Cébès n’était qu’un philosophe. Il n’a pas créé de religion. Il ne s’est encombré d’aucun dieu. Il donne les clefs du bonheur à ceux qui sont vertueux et respectent des valeurs comme la liberté, la justice, la douceur. Il n’est le prophète d’aucun paradis. Très terre-à-terre il se contente de montrer l’enfer qu’est la terre. On comprend que son tableau n’ait eu aucun succès, aucune influence car le monde fou qu’il décrit est celui dans lequel on vit.
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LES AVATARS DE L’ADOLESCENCE (4)

Ou l’origine des malheurs du monde

 

CHAPITRE III

 
NAISSANCE DE LA RETENTION DES SENTIMENTS
 
L’allégresse devrait entourer la puberté, accompagner l’adolescence. Son contraire, la morosité, les escorte. Elles sont vécues comme le temps des épreuves, celui de l’âge ingrat Les parents se résignent à l’inéluctable, appréhendent ce qu’ils devront endurer. L’enfant l’aborde en aveugle, ignorant ce qui l’attend, heureux de quitter le clan des petits pour les grands, inquiet du prix qu’il devra payer le passage, inconscient du challenge qu’il va affronter, à aucun moment – et par personne – ces années-là ne sont ressenties, vécues, savourées comme le cadeau sans prix de la nature.
 
L’entourage, bien plus, assiste à la transformation inquiet, étonné, réprobateur, parfois narquois. Il ne se sent pas directement concerné par l’épreuve que subit le garçon ou la fille. Il s’ingénie plutôt à s’opposer aux conséquences et à 1’expression de la mutation dont il ne comprend pas l’enjeu. Il y résiste, ruse à la façon des vieux pays coloniaux qui refusaient l’indépendance à une jeune nation. Parfois il croit triompher. Souvent la métamorphose, par sa faute, n’est qu’à moitié réussie au terme d’un combat larvé,  mesquin, terrible.
 
L’attitude inverse qui témoignerait d’un empressement à clore la phase d’émancipation peut se voir. Elle donne à l’adolescent la certitude d’un rejet. Elle est encore plus conflictuelle.
 
Une compréhension si médiocre d’un phénomène  crucial explique l’indifférence ennuyée qui préside à son déroulement. La mission du père et de la mère, serait d’être le guide bienveillant, attentif, disponible qui explique, rassure, dédramatise, respecte .
 
Les causes ne sont plus ressenties dans l’inconscient d’un cerveau immature. Elles sont connues avec précision. C’est l’angoisse née d’un corps qui se transforme, un père qui condamne des cheveux longs, les mauvaises notes scolaires, les silences aux questions, la musique trop forte, les sorties nocturnes, les amis. Le professeur, le patron ont des mots, des gestes, de réflexions qui blessent, parfois sans le savoir mais parce que c’est un moment d’intenses perceptions, de découvertes, de significations jusqu’alors cachées, d’associations d’idées qui donnent aux attitudes, aux paroles un autre sens. La persécution, présumée ou réelle, se renforce des frustrations que toutes les envies inassouvies sécrètent en permanence.
 
La conviction de n’être plus aimé bouleverse l’adolescent qui se sent abandonné. Ce sentiment peut naître de la réaction des parents dont le monde intérieur reste immobile face à l’être en mouvement. Le désir d’être aimé tel qu’il devient est aussi fort que celui qu’il avait quand, nourrisson, il ne faisait qu’un avec sa mère. Le déchirement entre cette aspiration et la nécessité de répondre aux exigences nouvelles réveille le complexe de persécution qui lui faisait rejeter parfois le sein de sa mère avant même la satiété. La faute du trouble est attribuée à l’autre et le rôle de victime peut être délectable. Les récriminations, les disputes, les colères, les punitions, les admonestations dont cette période s’enrichit de toutes parts sont supportées à un stade de conscience, répétées par le monologue intérieur et d’autant plus facilement mémorisées qu’elles éveillent des fantasmes inconscients. La certitude se fortifie tout au long de ces expériences que la confiance, l’amour lui ont été mesurés, parfois refusés par ceux qui les lui avaient donnés. Leur crédit est entamé, le scepticisme est né. La chance de retrouver une complicité voisine de celle que le bébé avait avec sa mère disparaît. La situation est en opposition complète avec le souvenir inconscient de ce qui s’était passé à ce moment-là. Cette rupture du couple enfant-parents rend cette deuxième naissance beaucoup plus douloureuse, angoissante et déprimante. Elle convainc pour toujours qu’une parfaite communion avec l’autre est impossible et que la recherche est vaine. C’est la raison de la solitude qui poursuit tant d’hommes et de femmes.
 
Des conditions extérieures idéales ne suffisent pas à assurer l’harmonie du caractère, des facteurs internes, innés interviennent à toutes les époques. Les pulsions destructrices faites d’avidité, d’agressivité, d’incapacité de reconnaissance et d’amour naissent de la frustration qui suit la privation et ne s’apaisent pas à sa cessation. Elles sont à l’œuvre dans beaucoup de scénarios de l’adolescence.
 
L’affection, la compréhension des parents ne lèvent pas toujours la suspicion et le ressentiment. Les bonnes raisons de s’opposer à des envies dangereuses ou extravagantes ne sont pas toujours admises. Le refus est vécu comme une persécution.
 
L’adaptation correcte du nouveau-né passe par l’introjection de la bonne mère à son monde intérieur. Elle est un des moyens de l’adaptation sociale et ne cesse pas tout au long de la vie. Elle a un autre paroxysme à la puberté. Si l’objet de l’introjection devient mauvais comme peuvent être ressentis des parents hostiles, des professeurs hargneux, le monde extérieur subit une pollution qui compromet cette la relation. L’exacerbation des émotions et des sentiments de ces moments-là est telle que l’empreinte est profonde et elle survit. L’autre sera vu comme un gêneur, un ennemi.
 
L’inadaptation à la société des parents est augmentée par la projection de modèles contestables et contestés. Elles expliquent la vigueur et la rapidité des engouements et des répulsions. Elles font prendre l’habitude de prêter aux autres ses propres sentiments et en retour de modeler son comportement sur ce qui est devenu un postulat : « Je trouve X peu sympathique. Il doit trouver que je le suis aussi, donc je vais lui témoigner de l’antipathie ». Cette construction arbitraire, impressionniste est souvent reprise dans les manifestations de la rétention des sentiments.
 
La dépendance de l'enfant ayant été remplacée par l’autonomie - au moins psychologique - de l'adolescent, le danger paraît moins grand de répondre à l'hostilité supposée ou déclarée des autres par la même attitude, voire en la radicalisant. C'est le temps des fugues, des départs. L'actualité rapporte parfois une issue encore plus dramatique. Sans atteindre en général des degrés aussi dangereux, il en reste souvent quelques souvenirs. Ils surgiront dans la vie adulte, en prêtant aux autres des intentions malveillantes.
 
L'adolescence est un entre deux qui sépare l'enfant de l'adulte. Le statut d'individu responsable et indépendant ne sera atteint qu'après qu'il ait évacué ce qui le tenait attaché au confort et à la sécurité d'une relation parentale forte et exclusive. La rupture est nécessaire, programmée par les armes que la nature lui donne dans le même temps. Cette période n'est pas sereine car des aspirations aussi inconciliables meurtrissent. L'ennemi est intérieur; il attaque des liens anciens, forts, bouleverse le système des valeurs et des références. L'adolescent abrite ainsi un potentiel destructif. Il en est la première victime et la souffrance morale est à la mesure du combat. Cette pulsion autodestructrice mais qui n'épargne pas les autres affronte aussi un chevalier blanc. Il est l'alternative espérée, la force qui doit permettre à l'adolescent de surmonter les épreuves et de triompher finalement des obstacles.
 
Le triomphe est rarement parfait, tant le parcours est difficile. Le plus souvent il ne s'agit que d'un armistice car les forces négatives sont prégnantes. L'insuccès n'est jamais reconnu comme tel car une autodéfense se met en place afin d'excuser l'échec.
 
Le responsable le plus commode est l’autre et il ne cessera d’être appelé comme alibi et repoussoir chaque fois que le besoin s’en fera sentir. Une hostilité de principe lui est acquise.
 
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jeudi 30 mai 2013

CE FUT UN GRAND PAYS

La France est devenue un pays qui a honte d’avoir été conquérant, un pays qui ne respecte pas sa langue, un pays sous anxiolytiques et antidépresseurs, un pays qui ne sait plus créer le beau, un pays qui ne brille plus que par ses dettes, ses grèves, ses RTT, son RSA, ses SDF, sa CMU, un pays où l’on accepte d’être payé pour ne rien faire alors qu’autour de lui des milliards de travailleurs travaillent deux fois plus pour 10 fois moins.
 
Combien de temps un tel pays peut-il durer ? Que va-t-il devenir ? Un État musée pour touristes, un État gastronomique où les gourmands du monde entier viendront boire et manger, un État LVMH où les riches feront leur shopping ? L’Italie, après l’Empire Romain, la Turquie après l’Empire Ottoman, le Portugal, l’Espagne après l’Âge d’or ?

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LA FIN DU MONDE DANS CINQ MINUTES

  • Finalement la dernière aura bien été la der des der.
  • Je suis revenu de tout mais, cette fois, ce sera dur.
  • Le soldeur malgré tout : dernière démarque avant fermeture définitive.
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ET PASSE LA LÉGENDE

Les racontars, dans la conversation courante, n’ont pas bonne presse. Ils sont vite ramenés à leur juste valeur : des bobards, à consommer entre jobards.
Certains ont la vie dure. Ils séduisent et leur pouvoir se renforce au fil des siècles. Ils deviennent  des légendes. D’autres réussissent encore mieux. De bouche à oreille, de mémoire à souvenir, d’histoire de famille à paroles d’évangile, la rumeur devient réalité et entre dans l’Histoire. Elle continue de grandir, de s’enrichir des délires des uns et des autres. Le succès est inouï ; les réfractaires, les sceptiques, les impies, les déviants, sont pourchassés, persécutés, éliminés. Rien ni personne ne doit déparer la belle cathédrale à la gloire du grand tout.
Les siècles passent, le soufflé retombe. L’inquisition n’a plus de cartouche à brûler. La fureur se calme, la fumée s’estompe. La raison l’emporte, le miracle devient mirage… L’humanité reprend pied sur terre, elle peut recommencer à rêver des étoiles.

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LES AVATARS DE L’ADOLESCENCE (3)

Ou l’origine des malheurs du monde

CHAPITRE II

L’ENJEU DE LA MÉTAMORPHOSE
 
Autant que la fusion des gamètes qui débute l'aventure humaine dans le plaisir et la mort qui la clôt dans l'affliction et la peur, comme la naissance qui mêle douleur, espoir et joie, la puberté est une étape extraordinaire qui permet à son héros de forger une personnalité capable d’affronter l’aventure solitaire qu’est la vie.
La subtilité du processus, l'incroyable complexité des réactions en chaîne qui le contrôlent, l'activation ou la réactivation d'organes inachevés, quiescents, leur efflorescence, la dynamisation d'un cerveau jusqu'alors limité mériteraient un enthousiasme, une ferveur, un respect à la mesure d'un tel cadeau.
Ce changement, fruit d'un flux hormonal révèle un nouveau corps, une sexualité. Il enrichit la psychologie, développe l’intellect, permet une prise de conscience de soi et de l'autre. Un nouvel individu est crée, doué de performances qui le rendent étranger - sans amnésie - à l'enfant qu'il était. Une nature inconnue prend possession de lui. Elle soumet l'adolescent à un bouillonnement émotionnel, idéique, physique, sexuel à la mesure de la nouveauté qu'il expérimente.
Le tumulte intérieur est à son comble. Il ne retrouvera jamais cette richesse. La conversation avec soi est permanente. Cette effervescence n'est qu'un aspect de la transmutation qui permet la réalisation du projet grandiose: passage de l'état d'assisté, de dépendant et dans beaucoup de domaines d'incapable à un statut d'autonomie, de libre-arbitre, de jugement, d'esprit critique, de créatif, de travailleur, de procréateur. Il faut beaucoup de superlatifs pour évoquer les merveilles qui s'accomplissent.
Leur but est simple, précis, irrémédiable. Aucune espèce n'échappe à la loi. Elle pousse l'oiselet auquel on a appris à voler et à trouver sa nourriture à quitter le nid, le louveteau la tanière pour la meute, le brocard à rejoindre la harde.
La réponse des autres et la qualité de la communication conditionnent pour une grande part la façon dont l’adolescent va vivre son changement et s’adapter. Sa situation est étrange : il va devoir abandonner la tranquillité d’un monde où tout était axé sur la sécurité de la relation parentale pour affronter seul la dureté d’un extérieur dont il ne possède pas les clefs. La cassure n’est pas brutale, un apprentissage est prévu, de nouveaux outils lui sont donnés dans une progression harmonieuse. Il est dommage que, dans la plupart des cas, aucune voix, aucune explication, aucun avertissement ne le prévienne, le mette en garde. Les parents, l’entourage, la société ignorent ou préfèrent ignorer que la nature les a mis là pour être les mentors de la métamorphose.
Les parents avaient tenu leur rôle avec brio, attendris, désarmés par la faiblesse et la dépendance du nourrisson à l’âge où s’incrustent les racines infantiles du monde adulte. Le nouveau-né avait créé un système de défense et d’attaque pour survivre. Il vivait une situation pénible, dangereuse, guetté par la mort, chassé du confort de la mère pour l’hostilité extérieure. Une angoisse persécutive inconsciente aurait là son origine. Un mécanisme d’adaptation permet à la vie de triompher. L’introjection de la bonne mère (celle qui donne le sein, réchauffe, protège, cajole, fait oublier la faim, le froid, la soif, le noir, la douleur, la solitude) à son monde intérieur lui permet d’incorporer progressivement le père et les autres individus. Sans davantage de connaissance, sans éducation, instinctivement et avec seulement de rares exceptions, la complicité des parents et de la société avait été acquise sans réticence, avec enthousiasme même, avec un excès de zèle souvent.
L’adolescent ne bénéficie plus de la même disponibilité. Son nouvel avatar – la puberté – est pourtant l’actualisation d’une situation qu’il avait déjà vécue. Le remake en emprunte beaucoup de procédés. Les scènes sont seulement jouées sous l’éclairage éblouissant d’une intelligence opérationnelle, d’une conscience toute neuve de la réalité et l’aide d’une dialectique qui n’a rien d’un vagissement.
Le changement supprime un statu quo aussi confortable que celui que venait de quitter le nouveau-né. Avec beaucoup de souffrances, d’aléas, l’enfant avait conquis un équilibre et une sécurité dans le cocon familial. Il acceptait et recherchait la dépendance des parents. Elle était le gage d’une protection octroyée sans partage. Le temps a passé, la puberté fournit à l’adolescent une nouvelle dimension. Les parents et tous les adultes n’apparaissent plus si admirables et respectables au fur et à mesure que les différences s’estompent. Leur force n’est plus évidente tandis que leur faiblesse le devient. Rien ne vient compenser la perte des certitudes. L’hostilité du milieu jusqu’alors masquée par l’écran familial et les préoccupations ludiques de l’enfance s’impose. Le moment est aussi celui des choix : l’entrée dans le monde du travail pour les apprentis, la lutte des examens et des concours pour les plus favorisés. Le futur n’est plus l’infiniment lointain. La pression parentale, les difficultés scolaires, les contraintes sociales, les pulsions sexuelles mal satisfaites s’accumulent dans une espèce de conspiration qui recrée les circonstances de l’angoisse des premiers jours.
Accompagner, favoriser, encourager, aider le cheminement indispensable, pénible, dangereux, exaltant devrait être l’obsession du père, de la mère, de la société. Quelle preuve d’amour plus grande, quelle tâche plus noble et nécessaire, quel renforcement de la gratitude que la délivrance d’un homme, d’une femme sans griefs contre personne, prêt à collaborer avec tous.
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mercredi 29 mai 2013

LE PARTAGE DES RICHESSES

Si vous saviez comme je ne vous envie pas avec votre belle maison, votre grosse voiture, votre compte en banque. Moi, j’ai la santé et la liberté.

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LE CONSTAT DU JOUR

La descente en rappel est le seul moyen de tomber au ralenti.

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LE CONSEIL DU JOUR

Si vous êtes un solitaire, votre seul moyen d’éviter la foule c’est de faire le tour du monde.

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UNE PENSÉE DE TITINE

Avec ce printemps hivernal, je me demande si je n’entre pas en hibernation. Après la grasse matinée, j’embraye directement sur la sieste.
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LE CAUCHEMAR DE LA NUIT

Suite décrépitude terminale du cœur, des poumons, du foie et des reins, greffage de ma tête sur un mort cérébral du matin (la trentaine sportive, rupture d’anévrisme sur la Sylvius). Succès total. Je reconnais le haut dans une glace. Demain je découvrirai le bas.
Il fallait que j’en parle. Si cela vous était déjà arrivé, vous pourriez me dire si ça marche ?

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LES AVATARS DE L’ADOLESCENCE (2)

Ou l’origine des malheurs du monde

 

CHAPITRE I

 

LA PUBERTÉ

 
La métamorphose qu’est la puberté laisse à l’adulte le souvenir des transformations physiques. Elles ne sont que la partie visible du phénomène. Rappelons-les pour bien situer l’ampleur du processus que chacun de nous a expérimenté.
 
Trois changements concomitants» interactifs intriquent leurs effets. Tous importants, complémentaires, indispensables, ils s’étalent sur quelques 6 années.
 
Ils résultent pour l’endocrinologue d’une « cascade d’activations successives de l’hypothalamus, de l’antéhypophyse, des gonades puis des cellules cibles périphériques associées à des phénomènes de rétrocontrôle ».
 
Le médecin a mesuré sous tous les angles 1’enfant en phase pubertaire. Il a mis en diagramme la mutation morphologique pour en suivre les étapes, en mesurer la vitesse et en dépister les erreurs.
 
Jusqu'à 11 ans pour les filles, 13 ans pour les garçons, la taille croissait de 5 centimètres l'an. A cette échéance, la croissance s'accélère et passe à 8,5 cm pour le garçon et 7,5 cm pour la fille durant la première année jusqu'à un maximum de 10 cm à 14 ans pour les premiers et 12 ans pour les secondes. Le gain est finalement de 20 cm pour les filles entre 10 et 14 ans et de 25 cm pour les garçons entre 12 et 16 ans. La croissance décélère jusqu'à s'arrêter environ 5 ans après le début des premiers signes.
 
La poussée pubertaire plus tardive, plus intense, plus longue du garçon explique sa stature plus grande. Les membres s'allongent, les épaules s'élargissent. D'autres modifications s'opèrent, plus secrètes, plus intimes, encore plus extraordinaires pour l'impétrant. Chaque sexe affirme son originalité, augmente ses différences.
 
L'observateur intermittent est parfois très embarrassé pour reconnaître l'enfant dans le jeune homme, la jeune fille. Rien dans la silhouette, l'habillement, ne les rappelle. Un air de famille reste dans le visage mais la mutation psychologique augmente la différence: le regard et la conversation ont changé. L'échange s'opère d'égal à égal, le propos n'est plus puéril. Le changement apparaît très vite comme plus spectaculaire que le renforcement physique. Il prouve l'acquisition par l'adolescent d'une  nouvelle  dimension intellectuelle, psychologique, mentale qui lui permet de maîtriser son pouvoir géniteur et sa force sans révolutionner une société dans laquelle il doit trouver une place. Ce temps des interrogations, des découvertes, de la conquête de l'indépendance par rapport aux parents n'oublie pas le passé et son acquis.
 
Le programme s'exécute dans la lumière de la conscience et est servi par de nouvelles possibilités intellectuelles. Dès l'âge de 10-12 ans, l'enfant devient capable d'organiser des opérations logiques formelles. L'apprentissage scolaire lui a donné les modèles idéo-verbaux nécessaires à l'exercice de la pensée abstraite. Cette conquête l'ouvre au monde extérieur. Elle lui donne une réalité que des tendances Imaginatives et contemplatives occultaient. Il apprend à établir des relations entre les faits et les idées. Le cerveau devient plus fascinant qu'un jouet. Le langage s'enrichit, se développe, devient précis. Les hypothèses sont facilement formulées et combinées.
 
La puberté, l'adolescence peuvent ainsi être découpées en une multitude de transformations qui sont imposées par un déterminisme dont nous allons maintenant préciser la finalité.
 
(à suivre)
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mardi 28 mai 2013

PARCE QUE

L’homme est dangereux, pour lui, ceux de son espèce et les autres, pour la terre parce qu’il a trop de défauts. Le premier est l’orgueil. C’est son péché originel mais ça ne suffit pas à l’en excuser. Il lui fait croire qu’il est supérieur et l’autorise à imposer ses idées, son opinion, son avis, en fait ses intérêts. Il le fait en politique, en religion, en affaires par  la force, la hiérarchie, la persuasion, la loi.
L’hypocrisie vient en second. Elle est une conséquence de son amour de soi et de son maudit orgueil. Il doit paraître ce qu’il n’est pas et pour cela il est capable de toutes les trahisons et prétentions, de tous les mensonges.
-      Il veut paraître généreux,        lui l’égoïste ;
-      grand,                                      lui le petit ;
-      humble,                                    lui l’orgueilleux ;
-      sage,                                        lui qui est fou ;
-      au service des autres,              lui qui ne sait que se servir ;
-      adulte,                                     lui qui ne fait que des bêtises ou ne sait donner que des leçons.
Banale créature de la terre il se prend pour le serviteur d’un dieu incertain.
Il méprise ceux qui ne sont pas comme lui, ne pensent pas comme lui et il veut les contraindre de gré, de force pour les convertir, les rendre compatibles, fréquentables, acceptables, vivables, viables.
Il prend ses réflexes pour des pulsions dont il fait des idées puis des pensées qu’il croit assez réfléchies pour en faire des exigences, des règlements, des commandements, des lois.
On voit donc que l’homme n’aurait pas besoin d’avoir des qualités s’il n’avait pas tant de défauts.

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TRICE

La situation est désespérée...
  
 pour vous.

Mais tant que je suis là, elle n’est pas grave pour moi.
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UN SURDOUÉ

Ignorant de naissance, il avait trouvé sa vocation au berceau. Il voulait rien savoir. Il s’ennuyait à l’école, la déserta, la faisant buissonnière. Sorti sans grammaire, sans orthographe, nul en calcul, en histoire, en géographie, il débuta très vite sa carrière de chômeur, entrecoupée de petits emplois d’intermittent, dans le bricolage, le jardinage, le portage à domicile, le relevage de compteurs, le précaire, l’instable, enfin, juste ce qu’il faut pour avoir droit au chômage. Doué pour le farniente, le jeu, le poker, le baratin, les pétards il poursuivit sa petite carrière, se construisit une belle famille entre deux passades, le temps d’un divorce. « Quel père admirable, disait sa maman, il ferait tout pour ses enfants »… sauf, bien sûr, travailler. Comme s’il n’avait pas mieux à faire !

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L’OISILLON

Très pressé de s’envoler, l’oisillon se penche au bord du nid et croit voler le temps de tomber car, sans force, comment battre des ailes ? Trop assommé pour être étonné, l’air lui manque, la vie s’en va. Sa vie d’oiseau n’aura duré que l’instant entre le décollage et son atterrissage de kamikaze.
Quelle saga , sa destinée ! D’abord, à peine sorti du jaune, il se retrouve emprisonné dans sa coquille. Sitôt libéré à la force du bec, il se retrouve dans un réduit surpeuplé où pour manger il faut pépier, la gueule ouverte et puis, dès qu’on a conscience d’exister, que le ciel vous appelle, on tombe de haut et c’est fini…

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LES AVATARS DE L’ADOLESCENCE

ou l’origine des malheurs du monde

(Feuilleton)

Introduction

Si l’homme ne devait souffrir que des colères de la nature, sa vie serait paisible le plus souvent et pour le plus grand nombre. L’actualité prouve constamment que la paix est rare et l’humanité acharnée à se combattre dans les querelles et dans les guerres. Elle paraît condamnée à ne choisir que l’option qui agresse, aigrit, pollue, tue.
 
C’est l’autre, proche ou lointain qui est toujours désigné comme le responsable de ce tohu-bohu effrayant, sanglant, de cette zizanie chronique.
 
A tous les moments de l’information surgissent les preuves de l’impossible concorde. La religion, la culture, l’intérêt rien ne permet que dure la paix. Dans une espèce animale l’entente, la solidarité sont naturelles. Elles leur permettent de partager le même territoire, se subir les mêmes menaces, les mêmes désastres. Une seule fait exception, l’homme. Lui, ne reconnaît pas les siens. Il trahit ses dogmes, ses credo, ses traités, ses promesses au point de faire du parjure une règle de vie. Il a trouvé des excuses et inventé le diable, personnage commode, une tache originelle. Le progrès aidant, il l’accuse. Le crime devient de masse. Les génocides s’industrialisent, la guerre se veut massive, intelligente. Demain, le génie nucléaire le renverra au néant.
 
Ce survol caricatural d’une réalité où l’homme patauge, effaré, malheureux, dangereux, ne tient pas compte des êtres rares, précieux, qui, sans fermer les yeux, cherchent à le rendre meilleur. Ils ne gouvernent ni les états ni les églises.
 
Nombreux sont ceux qui se disent heureux, contents d’eux et des autres, du monde tel qu’il va. Indifférents, ils sont la race dominante. Elle englobe les « malgré eux », les inquiets, les timides, les honteux, les mécontents. Ils disent n’avoir pas les moyens de la révolte. Ils s’accommodent de leur dégoût.
 
L’incapacité de regarder la réalité avec clairvoyance, de répondre sans fuir à la question, de considérer l’autre avec bienveillance est un phénomène si constant qui, puisque nous récusons un Deus ex machina pervers, nous sommes obligé d’aller en trouver le ressort chez l’homme, victime de lui-même. Plutôt que d’accuser le code génétique nous croyons que le moment fatidique, crucial est celui où la personnalité se forge.
 
La construction mentale et physique passe par trois stades. La première in utero nous échappe. La deuxième débute à la naissance et s’achève dans l’enfance. La puberté inaugure la dernière et se terminera à la mort.
 
L’importance des fixations initiales pour le futur psychologique déprécie exagérément l’influence de la puberté et de l’adolescence. La résumer à une crise, même importante, n’y voir qu’une période d’adaptation et de recherche de l’identité dans un contexte de maturation sexuelle simplifie le processus. Il s’agit bien d’une seconde naissance qui métamorphose l’enfant en un adulte qui devrait être prêt à prendre sa place dans la société.
 
Elle s’accompagne de transformations physiques et mentales d’une richesse incomparable. Le travail est long, laborieux, plein de risques, agité de conflits. Il n’est pas suivi par les parents avec l’attendrissement que le bébé suscitait. En grandissant, il a abandonné l’apparence d’un objet animé, fragile. L’entourage ne sait pas que l’adolescent réactualise en les plagiant tous les conflits qui avalent accompagné sa découverte du monde. Il n’en voit que les manifestations qui peuvent l’agresser car la nymphe en devenant imago s’est enrichie de la puissance que donnent la conscience, l’intelligence et la force.
 
Les conséquences psychologiques de la mutation sont profondes à la mesure des modifications physiques qui ont changé le corps. Le mécanisme est capable d’erreurs. La communauté parentale, le système éducatif, les valeurs du temps paraissent programmés pour les susciter. Elles peuvent ne pas se corriger. Les mauvaises réponses influenceront alors tout au long de la vie le comportement. Elles surgiront dès que la relation, la situation renverront à une expérience de ce moment-là.
 
Pour nous, c’est durant cette période, pleine d’orages, que naissent les tourments qui ravagent la société.
(à suivre)

lundi 27 mai 2013

POURQUOI ?

Depuis que l’Histoire existe, combien de guerres, de génocides, d’épidémies, de révoltes, de révolutions, d’inquisition, de crimes, de souffrances, de douleurs, de malheurs ?
Quelles qualités l’homme aurait-il-dû avoir pour que sa vie ne soit pas une vallée de larmes, un chemin de croix, un parcours du combattant et que son histoire soit une histoire de paix, d’amour, de plaisir, de joie, de santé, de bonheur ? Quel dieu aurait-il dû inventer, quelle religion aurait dû l’honorer, quelle église le servir, quelle philosophie aurait-il dû suivre, quelle politique aurait dû être choisie ?

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UNE INTERROGATION DE TIGRE

Il faudrait peut-être que je me renseigne si la chasse est toujours ouverte et si, dans mon territoire, il n’y a pas d’espèces protégées.
 

 
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AU SUJET DE LA QUESTION DU 24 MAI

Le comité d’éthique a rendu son verdict. Elle ne sera pas publiée. Il estime (le comité) que les chiennes de garde, la ligue des droits de l’homme et de la femme, le tribunal international de la Haye, la sous-commission du Bruxelles en charge des œufs et du beurre, le comité d’hygiène, l’Unicef, les petites sœurs de la Sainte Vierge et de l’Immaculée conception, le syndicat des éleveurs de poules de Loué, seraient en mesure de nous faire un procès pour incitation au meurtre avec préméditation, sacrilège, génocide, intention de nuire à une industrie en péril et atteinte à la dimension surhumaine de la dignité humaine. Tous ces chefs d’accusation potentiels seraient facilement défendus par une armée d’avocats qui malheureusement trop occupée ailleurs. Même s’ils (les chefs) relèvent de la plus haute fantaisie, témoignent d’une absence totale d’humour et seraient ridiculisées par un stagiaire en première année de préparation au CAPA, il faut mieux, pour éviter le scandale, surseoir à la publication et la mettre en attente en espérant des jours plus ouverts à cette sacré question.
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UNE RÉFLEXION DE THOR

Avec la technologie moderne, les balles d’aujourd’hui sautent plus haut, courent plus vite que dans ma jeunesse !
 
 

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dimanche 26 mai 2013

L’ASPERGE DU JOUR

Elle a beau se cacher dans sa butte, dès qu’elle hausse la tête au-dessus, elle peut bien montrer patte blanche, on lui coupe le corps. Elle finit, avec toute sa lignée, écorcée, ébouillantée, mastiquée, digérée.
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DEUX PENSÉES D’ANONYMUSE

  • Un con qui mange de l’andouille, ne serait-il pas en train d’essayer d’être moins con ?
  • À force de mastiquer dans le vide, le mâcheur de chewing-gum ne prend-il pas l’habitude de parler sans réfléchir ?
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UNE PENSÉE DE TITINE

La boîte est pour la sardine un bon endroit pour se ranger.

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DANS LA SÉRIE : IL Y A LES UNS ET LES AUTRES

Il y a ceux qui :
 
  • n’ont rien à dire ;
  • en disent trop ;
  • gardent leur sang froid ;
  • ont le sang chaud ;
  • se font du mauvais sang ;
  • prennent du bon temps ;
  • ont du mérite ou n’en ont pas ;
  • voient loin ;
  • ont tout pour eux ;
  • pensent à rien ;
  • pètent les plombs ;
  • ont de la chance ou pas ;
  • font des envieux ;
  • gardent le moral ;
  • font le point ;
  • se lèvent tôt, se couchent tard ;
  • ont la main verte ;
  • font des ravages ;
  • etc.

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À VOS SOUHAITS

Parce qu’elle hausse facilement le ton, la voix a des prétentions hégémoniques. Elle a tort. L’homme n’est pas qu’un instrument à cordes et son corps a beaucoup de moyens de se faire entendre. Chacun a son usage et en dit beaucoup.
Passons rapidement sur les battements de pieds et ceux des mains. C’est un bruit répétitif qui peut avoir une qualité musicale quand il est cadencé. La langue, les lèvres, les dents avec le sifflement, les clics, les claquements, les stss-stss et autres onomatopées ne nous retiendront pas. Les sonorités venues du bas sont plus intéressantes car dues à un détournement d’appareils.
Il y a le claquement, petites pétarades liées à l’éclatement des bulles de gaz dans les articulations métacarpo-phalangiennes. Certains sont des virtuoses et donnent l’impression qu’ils sont en train de se casser les phalanges. Ce peut être éprouvant.
Nous passerons très vite sur le rôt et le pet, deux bruits incongrus, intempestifs. Ils sont, le plus souvent, spontanés. Ils dégonflent, l’un l’estomac, l’autre le côlon. Ils sont dégoutants, mais le premier peut, dans d’autres cultures, être un signe de satisfaction et le deuxième, à une autre époque, faisait de son auteur un musicien à succès. On s’en débarrasse facilement avec du Smecta, du charbon du Belloc et du bicarbonate de soude ajouté aux choux.
Il est un bruit qui sort du lot. Tonitruant, il se fait remarquer. Précédé d’un titillement des fosses nasales, certains masochistes par un effort de volonté arrivent à stopper son arrivée. Mais ceux qui ne boudent aucun plaisir le laissent venir, inspirent pour le rendre encore plus triomphant et, dans un vigoureux hochement de la tête, l’éternuement explose. Il y a, bien sûr, quelques dommages collatéraux mais il suffit de s’écarter de la trajectoire ou de sortir son mouchoir. Le soulagement est immédiat, la petite démangeaison a provoqué une petite giclée d’endorphines qui, sans addiction, laisse un bon souvenir. Mais l’homme qui éternue n’en a pas fini. Outre ce petit plaisir, l’éternuement a une dimension sociale qui en fait tout le charme. Sans que l’on sache pourquoi, il déclenche chez le spectateur - qui est surtout un auditeur - une réaction empathique instantanée, quasi-réflexe qui l’oblige à déclarer, tout de go, une phrase rituelle, empruntée à on ne sait quel mythe préhistorique : « à vos souhaits ». Ces vœux, cette prière adressés à l’emporte-pièce sont peut-être le seul exemple de solidarité, la seule manifestation d’amitié qui peut lier, l’espace d’un moment, deux inconnus. Beaucoup plus spontanée que la poignée de main, l’accolade, le baisemain, l’embrassade, l’éternuement, phénomène physiologique réflexe, provoque chez l’autre un réflexe symbolique de sympathie qui ne doit rien à la réflexion, au calcul. L’éternuement et son souhait sont le signe que l’homme - dans cette occasion au moins - est un agneau pour l’homme.
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samedi 25 mai 2013

TITINE



NOUS VIVONS UNE ÉPOQUE MIRACULEUSE

Pour certains, notre époque est extraordinaire. Pour d’autres elle est merveilleuse. Nous n’évoquerons pas les atrabilaires qui la qualifient d’épouvantable, d’atroce et d’effroyable. Oublions-les pour ne pas nous suicider. Examinons ceux qui trouvent que notre époque est miraculeuse. Ils viennent d’apparaître, ou plutôt de renaître. Ce qu’ils racontent est peu banal. Ils sont allés au-delà de la mort et en sont revenus.
Ils en gardent le souvenir et nous racontent leur expérience avec un luxe de détails qui ne laisse aucun doute sur leur conviction.
Pour que vous ne soyez pas surpris si cela vous arrive, sachez donc que la vie après la vie est vécue – et cela maintenant de façon presque routinière - par des personnalités dont les qualités intellectuelles sont éminentes et leur permettent un récit circonstancié empruntant chaque fois un itinéraire parfaitement balisé. Une première phase transcendante place le témoin au voisinage de son corps, à sa verticale. Celui-ci était, juste avant, dans un état critique, coma dépassé, anesthésie plus que profonde ou instance de mort imminente. Son voisinage, à ce moment-là, est plus qu’inquiet. Il commence à s’affoler et se demande qui de la famille on doit prévenir. L’impétrant est, lui, beaucoup plus cool. Il est, en fait, divisé en deux. Il y a son corps qui gît plus qu’il ne repose sur la table d’opérations ou dans un lieu peu confortable (débris d’une voiture, bas d’un escalier, etc.) et il y a une entité immatérielle, très consciente et dotée de possibilités enviables : télépathie, passe-muraille. Il entend, voit les personnes qui essaient de le sortir de son mauvais pas. Mais la scène évolue, le temps presse. Dans le deuxième chapitre il se déplace dans un tunnel où il chute (en apesanteur, rassurez-vous) attiré par une lumière éclatante. C’est en fait un lieu de rencontre et il peut renouer avec des personnes décédées. Les retrouvailles sont toujours émouvantes. Ce peut être aussi l’occasion d’entendre des voix qui, manifestement, sont des autorités qui en savent long. Là un choix est proposé : on peut soit regagner son corps – toujours en stand-by – mais encore réceptif de cet esprit un instant vagabond, soit on peut décider de poursuivre la route sans esprit de retour. Dans ce temps très occupé et selon un schéma classique, on revoit sa vie en accéléré avec, ce qui est nouveau, la possibilité de zoomer sur des chapitres marquants et qu’on souhaitait revoir en détail.
Seuls les premiers, peu pressés de poursuivre leur route ou n’étant pas certains d’avoir pris le bon chemin, reviennent sur terre, récupèrent leur moitié, se réveillent et peuvent conter leur odyssée, eux-mêmes assez éberlués de ce qui vient de leur arriver. Au point que certains timides n’osent même pas en parler. D’autres, plus diserts, un peu fiers au contraire, ne tarissent pas, écrivent des livres, très contents d’être des revenants et des témoins de l’au-delà.
On les comprend, on les admire, on les envie. Qui ne rêve pas de se dématérialiser, de voyager dans l’espace-temps, de rencontrer des gens extraordinaires ? Personnellement je n’ai pas à me plaindre. Chaque nuit je fais à peu près ce genre de voyage. Mais je n’en parle à personne car on me traiterait de rêveur impénitent.
Mais là c’est exceptionnel, ça ne leur est arrivé qu’une fois et de la même façon qu’aux autres. Comme si c’était le même scénariste qui conduisait leur récit. Cela suffit à éliminer la fiction et à authentifier leur bonne foi comme était une réalité sans ambages.
Mais des questions se posent : qu’est-ce qui vaut à notre époque le mérite de bénéficier de ce qui ressemble à une résurrection d’entre les morts ? Serions-nous déjà les transhumains que des américains croient déjà être ? Pourquoi certains seraient-ils des personnages de science-fiction ?
Ne soyons pas trop pressés, les réponses arrivent. Les philosophes du mourant sont au travail. Les mêmes qui nous ont expliqué que l’eau pure avait de la mémoire, que le vide est plein d’inconnus et décrit la face cachée de la réalité ne vont pas tarder à éliminer les arguments des sceptiques qui parlent d’hallucinations autoscopiques, de visions de soi-même à partir du corps physique, d’effets de l’anoxie cérébrale sur le cortex visuel occipital, du rôle du système nerveux autonome.
Le mécanistes sans âme, ces atomistes à outrance se veulent empiriques, pragmatiques, scientistes et refusent à l’âme une réalité substantielle. Sceptiques par petitesse d’esprit, intolérants par défaut d’imagination, critiques par esprit de système, ils ne peuvent admettre ce qu’ils ne comprennent pas. Ils ne veulent pas d’une âme indépendante du corps. Ils en reviennent à Épicure et à ses élucubrations que l’Église a eu bien raison de démolir. Avec les EMI (État de Mort Imminente) le temps des miracles est revenu.
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UNE PENSÉE DE TITINE

La bête humaine est amnésique et explique que les fins d’année sont des fêtes qui font oublier que les vœux de l’an neuf n’ont pas été exaucés.

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LE MOT DU SAVANT FOU

La montée des extrémismes avec la poussée du fanatisme, du sadisme, du masochisme qui s’exprime actuellement par le déferlement des crimes, des assassinats, des meurtres, des attentats, des exécutions en Europe, en Asie, en Afrique, en Amérique n’est, à l’évidence, que la conséquence d’une diffusion à l’échelle transgalactique d’une pandémie virale virulente et violente. Le remède, pour être efficace, devra être universel.
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UNE RÉFLEXION D’ANONYMUSE

Tant que le droit de mourir ne sera pas égal au droit de naître, il sera plus difficile de mourir en fin de vie que de mourir avant de naître. À croire que les partisans de l’avortement ne veulent pas mourir dignement.
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À L’ÉCOUTE DES HIRONDELLES

Compte tenu de la température hivernale, de la pluie battante et de la raréfaction de la nourriture volante, les hirondelles n’ont pas amené le printemps. Entre deux grelottements, elles se disent (en gazouillant) qu’il serait opportun de se rallier à Mélenchon pour exiger un changement de régime et pouvoir bénéficier d’une distribution gratuite et quotidienne de graines de tournesol.
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vendredi 24 mai 2013

VÉGÉTARIEN OU CARNIVORE, MÊME HORREUR ?

Grâce à une subtile désinformation, à une propagande savamment orchestrée et à une offensive permanente, les végétariens et leurs sous-marques sectaires, les végétaliens et les véganiens ont réussi à donner d’eux-mêmes une image pieuse, à se faire passer pour des non-violents sous la houlette de saint Gandhi, à se poser en angelots, amis des bêtes et des moustiques, pacifistes répondant à l’injure par le sourire, eux qui préfèrent la carotte râpée à l’entrecôte saignante.
Hélas, ce miracle est un mirage, leur sainteté une imposture, leur perfidie est sans égal, leur cruauté sans limite et leur cuisine une salle de torture, un champ de bataille, une hécatombe, une vallée de larmes.
Regardons-les quand ils se croient seuls à officier dans leur salle d’exécution. D’abord les instruments ;
-      Des couteaux de toutes tailles et dimensions, des mandolines, des éplucheuses, des cutters, des hachoirs, des passoires ;
-      Des friteuses, des bouilloires, des écumoires ;
-      Des broyeuses, des mixeurs, des fours crématoires, des feux électriques, à gaz, à charbon, à micro-ondes.
Voyons-les s’employer à transformer les beaux légumes déterrés quand ils se cachaient, qu’ils ont arrachés de leur potager ou du pays lointain où ils se doraient au soleil et qu’ils ont calibrés, emballés, encaissés dans des containers, congelés, ils ont voyagé à fond de cale, privés d’oxygène, étouffés dans l’azote et puis exposés sans précaution dans des halles et livrés sur des étals en vrac, jetés, pesé dans des sacs, au fond des cabas, malmenés pour se retrouver enfin sur une table et livrés sans défense à des sadiques assoiffés et affamés, pour être sacrifiés, dans des rituels épouvantables à je ne sais quelle divinité infernale dont des végétariens sadiques se font les sectateurs obéissants. Si vous avez le cœur bien accroché à vos tripes et, puisqu’il faudra bien un jour témoigner, forçons-nous à regarder :
La carotte, cette racine succulente, sucrée, belle à voir, bonne pour la vue est, avec sa cousine la patate, la plus mal traitée du potager. Elle est arrachée à sa terre en lui tirant les cheveux, sans ménagement. Sur la table on lui coupe la tête, son pied. Sans queue ni tête, on épluche son épiderme en lui enlevant la peau avec une espèce de rasoir qu’ils appellent un éplucheur. Cela rappelle le supplice que les chinois employaient pour punir les voleurs et que les inquisiteurs avaient repris pour obtenir des confessions franches et sincères.
Une fois mise à vif, la carotte n’en a pas fini avec son ami si pacifique. Soit, elle va en finir avec ce qui avait été une belle vie en étant mise dans une casserole avec de l’eau qui sera portée doucement à l’ébullition pour qu’elle profite longtemps d’une montée en chaleur qui va lui permettre de subir tous les charmes de la brûlure du premier, deuxième, troisième degrés. Pour la garder plaisante sous la dent, notre bourreau au cœur tendre avant la carbonisation, qui, prétend-il, est cancérigène, lui, il n’aime pas mourir de cancer, c’est trop douloureux, dit-il en frissonnant.
Si la carotte n’est pas cuite, elle sera, hélas pour elle, mangée crue. Le supplice est raffiné. Elle est, soit divisée en lamelles, en julienne, en petits cubes ou carrément réduite en hachis, sans anesthésie et pour le comble, gardée dans du vinaigre adouci d’huile. Dans un raffinement emprunté à ses maîtres en torture orientaux, du poivre de Sichuan est incorporé au mélange pour augmenter l’horreur de la fin de cette carotte qui, encore palpitante, devra subir l’enfournement dans une bouche armée de dents pointues où elle perdra ce qui lui reste de conscience et de souffrance dans un estomac chlorhydrique qui doit être aux flammes de l’enfer ce qu’une place au soleil doit être à une douceur d’épeautre.
La pomme de terre - et tous les tubercules plus ou moins apparentés - subissent des outrages de la même envergure. Leurs souffrances viennent du couteau qui les aborde sans rencontrer de résistance car leur chair est tendre, leur peau fragile. Elles n’ont rien pour se défendre. Dépiautée par l’éplucheur, dépecée par le couteau, la pomme de terre est soumise à toutes les exactions d’une imagination forcenée : bouillie, sautée, chambrée, détaillée en frites pour être cuite dans l’huile bouillante.
Quels qu’ils soient, d’où qu’ils viennent, leur sort est atroce : le persil est haché, le pois est cassé après avoir été écossé, le choux est braisé, la tomate farcie, les champignons émincés. L’artichaut au cœur si gros est massacré avec un raffinement qui aurait fait frémir monsieur Samson : la queue est arrachée puis c’est au tour des feuilles. Ses poils sont épilés, à vif, par poignées. Les plus sadiques le mangent cru, tout vivant ; ce sont les mêmes qui pleurent sur le homard qu’on tranche en deux sur le billot. L’artichaut n’a pas le droit à cet honneur.
Les fruits, ces miracles de saveurs, de sucre sont aussi maltraités qu’un topinambour ou qu’une courgette : les fraises sont écrasées, la rhubarbe découpée, les amandes grillées, émondées, pilées ; les ananas tranchés, tandis que le citron et l’orange sont pressés. Ce qui n’est pas cuit est assoiffé pour être séché. Ainsi finissent les abricots, les dates, les figues, les pêches, les prunes.
Le végétariens aiment les œufs, mais ils ne peuvent s’empêcher de les battre, de les poêler, de les frire. Sur l’eau qui désaltère, rafraîchit, nettoie l’âme et le corps, ils s’acharnent aussi, la congèlent pour la faire grelotter en glaçons ou la font bouillir pour essayer de la cuire. Sa seule façon de survivre est de s’évaporer, mais dans quelle douleur. Aucun respect pour sa mémoire!
Mais, disent-ils, face à leurs crimes domestiques, quand on leur demande de s’expliquer, d’avoir pitié : « les fruits, les légumes ne pleurent pas, ne saignent pas, sont contents de finir en purée, en compote, en hachis, en fraisiers. Ils mûrissent pour nous et ils attendent qu’on les cueille avant que de se flétrir, de pourrir ». Ce discours est pharisien. Il est au point. Le suc, le jus, la chair dont ils se régalent, se goinfrent après l’avoir extraite, traitée comme on l’a vu, ne sont pour eux que des liquides et du solide dont on peut disposer. Rien à voir, disent-ils, avec le sang et la chair des veaux, vaches, cochons, volailles dont les carnassiers sans cœur ni âme se repaissent. Une table de cuisine n’est pas, pour eux, un abattoir. Et pourtant, s’ils voulaient bien réfléchir, ils comprendraient que les fruits et les légumes sont des êtres vivants, différents certes, car prisonniers du potager, de l’arbre, du groseillier, du framboisier mais ce sont des enfants qui naissent, grandissent, mûrissent et vieillissent avant de mourir. Leur parcours est celui d’un vivant. On ne les entend pas car ils parlent en odeurs, en couleur et, parce qu’ils ne les comprennent pas, les végétaliens, les végétariens s’octroient le droit de les manger, cuits ou crus, après leur avoir fait subir des sévices incroyables. Ils s’en lavent les mains avant de se mettre à table pour les mastiquer, les digérer, sans rien entendre, sans rien comprendre.

CONCLUSION

Que mettre dans l’assiette ? Il faut bien manger pour vivre !
Ce que vous voulez, mais à la seule condition que vous reconnaissiez que vous êtes un animal de la race des carnivores ou des herbivores, que vous ne valez pas mieux qu’eux. La seule différence qui vous en sépare, est en leur faveur. Ils mangent parce qu’ils ont faim et n’ont pas inventé la gastronomie pour raffiner la souffrance de ceux dont ils se gavent.
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UNE PENSÉE D'ANONYMUSE

Il faut pas charrier, la fin des haricots laisse plein de possibilités pour accompagner le gigot.

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LA QUESTION DU JOUR

Elle est actuellement examinée par le comité d’éthique du blog qui se pose des questions à son sujet. La commission du droit des consommateurs est également sollicitée et donnera son avis non suspensif. Nous espérons être en mesure de vous poser la question demain, en fin de matinée. Nous nous excusons de ce retard imprévu.

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PENSÉES DE TIGRE

Il faudra que je me renseigne à la SPA pour savoir si, compte tenu de tout ce que je dois supporter pour avoir le gîte et le couvert, je ne pourrais pas prétendre à des dommages et intérêts.
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Je mange, je dors, je me promène, on me caresse, on me brosse. Mais bordel ! C’est une vie de chien, bonne pour Thor et Trice ! Moi, je veux une vie de chat, avec des chattes, des aventures, du danger, des rencontres. Je veux voir des montagnes, des fleuves, la mer et, plus tard, revenir au village, dans la douceur tourangelle. Mais, en attendant, à moi le mur !
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Oui, j’avoue, j’ai une personnalité très riche et je me demande parfois qui je suis. On me dit malin comme un singe, souple comme une panthère, fort comme un tigre, orgueilleux comme un paon, hautain comme un lama. Heureusement, même si je dors comme une marmotte, dans mes rêves je suis le cauchemar des souris et elles savent bien que je suis un chat.
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jeudi 23 mai 2013

DANS LA SÉRIE IL Y A

Il y a les amis qui :
 
  • Vous veulent du bien
  • Vous disent rien
  • Vous veulent rien
  • Vous ont oublié
  • Vous ont tourné le dos
  • Vous ennuient
  • N’en sont pas
  • Qu’il faut mieux ignorer
  • Dont on se passerait
  • Qui vous aiment bien.
Comme la réciprocité est vraie, tout le monde est content, y a qu’avec les amis qu’on n’est pas en guerre.

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UNE PENSÉE D’ANONYMUSE

Ce qu’il y a de triste avec les souvenirs c’est que très vite ils arrivent à dater.
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C’EST VITE DIT

  • Rêver éveillé
  • Travailler sans se fatiguer
  • Dormir en marchant
  • Regarder sans voir
  • Parler sans rien dire
  • Rire à l’intérieur
  • Refroidir une colère
  • Fourcher sa langue
  • Faire le mort
  • Rentrer en soi
  • Sortir de ses gonds
  • Trouver le bon pied
  • Prendre son élan
  • S’envoyer en l’air
  • Rire le dernier
  • Trafiquer le compteur
  • Arrêter d’en parler
  • Souffrir en silence
  • Oublier ses souvenirs
  • Digérer en paix
  • Prendre garde
  • Tomber de haut
  • Descendre bien bas
  • Prendre son pied
 

MON CHAT, MA CHATTE

Mon chat, ma chatte sont indépendants, insolents, égoïstes, sybarites, hédonistes, profiteurs, caressants, ronronnants, endormis.
Ce sont des fauves, des chasseurs, malins, agiles, bondissant, miaulant, feulant, maraudant, mordant, griffant, impitoyables.
Hospitaliers, ils m’ont adopté dans leur maison. Exigeants, ils veulent de la ponctualité dans le service. Ils acceptent la familiarité quand ils en veulent. Stoïques, héroïques, comme les chiens, quand ils souffrent, quand ils meurent, ils se cachent, se couchent et attendent sans gémir, sans pleurer.
Le chat est, dans une maison qui l’aime, le bonheur sur quatre pattes. Avec un regard, une caresse, une croquette il est joyeux, satisfait. Il va chasser dans le près, s’endormir sur la couette, ronronner sur les genoux. Le chat est une image de perfection esthétique, un modèle de sagesse épicurienne. Un exemple?
 
 

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PENSÉES DE TIGRE

Une souris, c’est poilu, osseux, une drôle d’odeur, de la tripaille. Mais mère m’avait prévenu : « a mouse a day, keeps the Vet away ! ».

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Avec mes yeux bleu acier, ma souplesse féline, mon allure, mon mystère, je suis aussi beau que l’était Delon dans sa jeunesse, mais est-ce une raison pour que ma patronne se dise ma maîtresse ?

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C’est facile pour un chat blanc de chasser la nuit car on a dit à toutes les bestioles dont je me régale que les fantômes n’existaient pas.

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Vous connaissant comme je vous connais et me connaissant comme vous me connaissez, vous comprenez, nonobstant que je sois un chat, pourquoi nous sommes si différents ?

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mercredi 22 mai 2013

QUELLE EST LA BONNE QUESTION ?

Personne n’a donné la bonne réponse. Que fait-on ?
Donnez la bonne réponse et demandez-leur quelle était la question.
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Entre le sniper qui vise de l’œil droit et celui qui vise de l’œil gauche, lequel a le plus de chances d’abattre sa cible ?
Réponse : celui qui ne louche pas.
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EST-QUE LE VICE VAUT LE VERSA ?

  • Est-ce que le bout de la terre sait qu’il touche le bord de la mer ?
  • Est-ce que la tête de l’arbre sait qu’elle a un pied ?
  • Est-ce que c’est la nature qui a horreur du vide ou le vide qui aime la nature ?
  • Sont-ce les nuages qui décident où tombera la pluie ?
  • Est-ce qu’il est plus difficile à un poisson de voler dans l’air qu’à un oiseau de nager sous l’eau ?

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UN CERTAIN MONSIEUR X

Parfait d’anonymat, il était inconnu. Lui-même ne savait d’où il venait, qui il était. On se l’arrachait. Il séduisait les femmes qui adoraient sa discrétion, sa retenue. Il gardait les secrets et n’en laissait rien paraître. Les hommes le recherchaient. Il écoutait sans parler, acquiesçait, hochait la tête, haussait les sourcils. À sa façon de serrer les dents, on sentait qu’on pouvait compter sur lui, qu’il était quelqu’un de sûr, qu’il serait là en cas de coup dur. Cela dura jusqu’au jour où il découvrit qu’il n’était pas plus que lui-même. Il tomba de haut, ne s’en releva pas et disparut. Il était tellement populaire que le monde le regretta. On parle encore de lui dans les soirées, à la radio. Monsieur X est le plus connu des inconnus.
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HEUREUX QUI COMME ULYSSE


Les voyages, dans la jeunesse, c’est bien. Ils ouvrent des horizons, font découvrir des gens, des sociétés, des paysages. Ils permettent de comparer, de réfléchir, de choisir.
Le voyage, dans la vieillesse, ça fatigue, ça fait quitter son chez soi, ses habitudes, ses vieilles pantoufles, son fauteuil, son oreiller, son vis-à-vis, ses bonnes bouteilles. On les remplace par des arrivées, des départs, des salles d’attente, des chambres d’hôtel, des inconnus, des étrangers. On n’était pas là parce qu’il y a 40, 50 ans, on avait comparé, réfléchi et choisi, on n’était pas resté. Tout est plus petit, plus sale, plus bruyant que dans le temps. Les gens sont plus gras, moins souriants, pressés. Davantage de mendiants, de poubelles, de police. Même le sable est moins blanc, les cocotiers plus petits, les glaces trop sucrées, les burgers trop salés. Décidément les voyages forment la jeunesse et dégouttent dans la vieillesse.

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mardi 21 mai 2013

UNE PENSÉE D’ÉPICTÈTE

« Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses elles-mêmes, ce sont les opinions qu'ils en ont. Ainsi, par exemple, la mort on soi n'a rien de terrible, car elle eût paru redoutable même à Socrate. Ce n'est que l'opinion qu'on a de la mort qui la rend si affreuse. »

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PENSÉES DISPARATES

Si je vous disais tout ce que j’ai dû endurer pour en arriver là, vous me croiriez sans peine.
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S’il n’en reste qu’un je serai celui-là et ne comptez pas sur moi pour l’éloge funèbre.

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UNE FÊTE DE FAMILLE AUJOURD’HUI


Aujourd’hui, une fête ne se joue plus en famille. Éclatée, dispersée, disparue, elle réunirait des cousins et des cousines qui ne se connaissent pas, des frères, des sœurs qui existent rarement ou qui sont en voyage, en instance, en partance et trop occupés par ce qu’ils font pour s’intéresser à ceux qui, par moments, ont partagé leur enfance. Le passé est terminé, presque oublié et le temps va trop vite pour s’y éterniser, même celui d’une réunion de famille. De toute façon il n’y a rien à célébrer : que les échecs, les déceptions, les rancunes, les jalousies… Le divorce dans les familles ne sépare pas que les pièces rapportées. L’éloignement, l’indifférence, le silence, l’absence divisent aussi sûrement les pièces d’origine. La fête de famille devient un souvenir ancien où semblaient s’amuser des vagues connaissances qui ne disent plus rien. Elle se survit parfois en réunion de famille où l’on renoue des relations avec des presque inconnus dont on a entendu parler. Certains ont un air de famille. C’est comme un comité d’anciens élèves. On y va par devoir ou curiosité en se jurant que ce sera la dernière fois.
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PENSÉES D’ANONYMUSE

- Si les os étaient durs comme la pierre, la terre serait un ossuaire.
- Quel homme ! Quel talent, quelle allonge : avec un pied-à-terre à Paris et l’autre à Tokyo il fait le grand écart.
- Susceptible comme il est, le temps de se retourner, il était parti. Il n’a pas aimé qu’on le regarde de dos.
- La pluie n’est plus ce qu’elle était. Il pleut depuis 40 jours et 40 nuits et toujours pas le déluge.
- Par respect pour les trépassés qui depuis si longtemps ont laissé dans la terre leurs os si fragiles, on devrait la fouler comme si on marchait sur des œufs.
- Le temps passé dans la salle d’attente entre le départ et le décollage est aussi utile au voyageur que celui qu’il passe à regarder le paysage entre l’atterrissage et la salle d’attente où il attend… etc., etc.
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UNE PENSÉE DE TITINE

On se simplifie beaucoup la vie en ne croyant à rien. Ça évite de douter de tout.
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UN DISCOURS DE REMERCIEMENTS

Mesdames, messieurs,
Je serai bref et je commencerai mon discours par la fin. Merci.

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lundi 20 mai 2013

CONSEIL DU JOUR


Méfiez-vous de ceux qui font parler les chiffres et calculent leurs mots.

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DE LA PITIÉ

Pitié pour:


  • le prisonnier, condamné, ruiné, pardonné ;

  • les chats, les chiens abandonnés au coin d’une rue, dans le fond d’un bois, au bord d’une route par des monstres sans cœur, sans cerveau, sans entrailles ;

  • les timides qui se cachent car ils trouvent beaux les affreux, les discrets qui se taisent pour ne pas dire les bêtises qu’ils écoutent et les tendres, ces agneaux qui ne veulent pas voir qu’ils vivent avec les loups ;

  • le moustique, la blatte, le doryphore, le moustique, la puce, le puceron, la limace, le limaçon qui survivent avec le putois, le renard, le blaireau à l’écrasement de la voiture, à la pulvérisation du paysan, au piège du traître, à la cartouche du tueur.


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AU RAS DES PAQUERETTES

Une âme de midinette, le rêve éveillé de beaucoup. Attendre le Prince Charmant, lire l’horoscope du jour, croire la diseuse de bonne(s) aventure(s)…
Vivre avec des illusions c’est quand même plus excitant que de n’en avoir aucune. C’est sans doute pourquoi les croyants ont tant de mal à envisager des raisons qui les feraient réfléchir sur toutes les merveilles qu’on leur a racontées et que les incroyants n’ont, eux, de cesse d’essayer d’en trouver de bonnes qui les feraient douter.
Qu’est-ce qui est le plus facile, le plus utile : marcher en s’accrochant aux nuages ou en regardant où l’on met les pieds ?
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