ou l’origine des malheurs du monde
(Feuilleton)
Introduction
Si l’homme ne
devait souffrir que des colères de la nature, sa vie serait paisible le plus
souvent et pour le plus grand nombre. L’actualité prouve constamment que la
paix est rare et l’humanité acharnée à se combattre dans les querelles et dans
les guerres. Elle paraît condamnée à ne choisir que l’option qui agresse,
aigrit, pollue, tue.
C’est l’autre,
proche ou lointain qui est toujours désigné comme le responsable de ce
tohu-bohu effrayant, sanglant, de cette zizanie chronique.
A tous les moments
de l’information surgissent les preuves de l’impossible concorde. La religion,
la culture, l’intérêt rien ne permet que dure la paix. Dans une espèce animale
l’entente, la solidarité sont naturelles. Elles leur permettent de partager le
même territoire, se subir les mêmes menaces, les mêmes désastres. Une seule fait
exception, l’homme. Lui, ne reconnaît pas les siens. Il trahit ses dogmes, ses
credo, ses traités, ses promesses au point de faire du parjure une règle de
vie. Il a trouvé des excuses et inventé le diable, personnage commode, une tache
originelle. Le progrès aidant, il l’accuse. Le crime devient de masse. Les génocides
s’industrialisent, la guerre se veut massive, intelligente. Demain, le génie
nucléaire le renverra au néant.
Ce survol
caricatural d’une réalité où l’homme patauge, effaré, malheureux, dangereux, ne
tient pas compte des êtres rares, précieux, qui, sans fermer les yeux,
cherchent à le rendre meilleur. Ils ne gouvernent ni les états ni les églises.
Nombreux sont ceux
qui se disent heureux, contents d’eux et des autres, du monde tel qu’il va. Indifférents,
ils sont la race dominante. Elle englobe les « malgré eux », les
inquiets, les timides, les honteux, les mécontents. Ils disent n’avoir pas les
moyens de la révolte. Ils s’accommodent de leur dégoût.
L’incapacité de
regarder la réalité avec clairvoyance, de répondre sans fuir à la question, de
considérer l’autre avec bienveillance est un phénomène si constant qui, puisque
nous récusons un Deus ex machina
pervers, nous sommes obligé d’aller en trouver le ressort chez l’homme, victime
de lui-même. Plutôt que d’accuser le code génétique nous croyons que le moment
fatidique, crucial est celui où la personnalité se forge.
La construction
mentale et physique passe par trois stades. La première in utero nous échappe.
La deuxième débute à la naissance et s’achève dans l’enfance. La puberté
inaugure la dernière et se terminera à la mort.
L’importance des
fixations initiales pour le futur psychologique déprécie exagérément l’influence
de la puberté et de l’adolescence. La résumer à une crise, même importante, n’y
voir qu’une période d’adaptation et de recherche de l’identité dans un contexte
de maturation sexuelle simplifie le processus. Il s’agit bien d’une seconde
naissance qui métamorphose l’enfant en un adulte qui devrait être prêt à
prendre sa place dans la société.
Elle s’accompagne
de transformations physiques et mentales d’une richesse incomparable. Le
travail est long, laborieux, plein de risques, agité de conflits. Il n’est pas
suivi par les parents avec l’attendrissement que le bébé suscitait. En
grandissant, il a abandonné l’apparence d’un objet animé, fragile. L’entourage
ne sait pas que l’adolescent réactualise en les plagiant tous les conflits qui
avalent accompagné sa découverte du monde. Il n’en voit que les manifestations
qui peuvent l’agresser car la nymphe en devenant imago s’est enrichie de la
puissance que donnent la conscience, l’intelligence et la force.
Les conséquences
psychologiques de la mutation sont profondes à la mesure des modifications
physiques qui ont changé le corps. Le mécanisme est capable d’erreurs. La
communauté parentale, le système éducatif, les valeurs du temps paraissent programmés
pour les susciter. Elles peuvent ne pas se corriger. Les mauvaises réponses
influenceront alors tout au long de la vie le comportement. Elles surgiront dès
que la relation, la situation renverront à une expérience de ce moment-là.
Pour nous, c’est
durant cette période, pleine d’orages, que naissent les tourments qui ravagent
la société.
(à suivre)
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