Il est l’œuvre de Cébès, un philosophe grec de Thèbes qui
vivait au Vè siècle avant J.C. Il nous décrit le tableau qu’il aurait vu dans
un temple dédié à Saturne. La description qu’il en fait reprend le discours que
tient un noble vieillard qui avait connu le donateur, à des visiteurs. Minutieux,
il analyse les lieux, les personnages, leur allure. C’est, en réalité, une
peinture qui appartient au musée imaginaire. Rien n’a été oublié dans cette
allégorie de la vie. Toutes les tentations, les périls, les obstacles sont
rencontrés. La façon d’y échapper est expliquée. Ce tableau est une boussole
qui trace la bonne étoile. Vous le trouverez en librairie après les pensées de
Marc-Aurèle et le manuel d’Épictète sous le titre « Le tableau de
Cébès ». Le mien est dans un classique Garnier.
Pour l’apprécier il suffit de suivre le guide. Il vous mène à la Félicité après vous avoir fait traverser la Vie et y avoir affronté l’Imposture, l’Erreur, l’Ignorance, les Opinions, les Convoitises, les Voluptés, la Fortune aveugle, folle et sourde, l’Incontinence, la Débauche, l’Avidité, la Flatterie, la Punition, le Chagrin, la Douleur, les Lamentations, le Désespoir, l’Infortune, le Repentir. Il vient au Secours, l’arrache à ses Misères avec la Volonté, la Croyance qui conduit au Vrai Savoir. Le cheminest difficile et aboutit à la Patience, aux Vertus, à la Science, à la Justice, la Tempérance, la Modestie, la Liberté, la Douceur. Le terme est la Félicité qui couronne celui qui a remporté tous les combats.
Le tableau de Cébès est une image, une leçon, une prière. Sa
dialectique en fait un chef d’œuvre de beauté, de force et d’intelligence. Mais
Cébès n’était qu’un philosophe. Il n’a pas créé de religion. Il ne s’est encombré d’aucun dieu. Il donne les clefs du bonheur à ceux qui sont vertueux et respectent des valeurs comme la liberté, la justice, la douceur.
Il n’est le prophète d’aucun paradis. Très terre-à-terre il se contente de
montrer l’enfer qu’est la terre. On comprend que son tableau n’ait eu aucun
succès, aucune influence car le monde fou qu’il décrit est celui dans lequel on
vit.
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