Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


dimanche 30 juin 2013

LE PAYS OBJET, SANS FORCE, SANS COURAGE, SANS ÂME

J’ai beau demander à mon réveil de se mettre à l’heure, il continue de retarder, à ma voiture d’arrêter au feu rouge, je dois freiner. Comme mon réveil, comme ma bagnole, il obéit à ses rouages et ne changera pas quoiqu’on lui dise, même s’il voudrait.
Je connais un pays incapable de se mettre à l’heure, d’abandonner de vieilles habitudes. Il continue de s’endetter pour pouvoir dépenser sans travailler même s’il sait que c’est dangereux, décliner, disparaître…
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samedi 29 juin 2013

LE PRÉSENT EST UN INSTANT ENTRE DEUX RIENS ?

L’assurance d’exister ne se conjugue que dans le présent et dans l’instant où la conscience nous dit que nous sommes vivants, puisque nous voyons, goûtons, entendons une vie qu’une pensée projette en nous.
 
Le passé n’existe que dans le souvenir d’images fractionnées, détachées, plus ou moins oubliés ou censurées. L’avenir n’existe pas. C’est une hypothèse, une espérance, une peur. On ne sait pas si on l’atteindra et s’il nous attendra.
 
Passé, avenir sont en mouvement. Il n’y a que nous qui, à chaque instant du présent qui se renouvelle sans s’arrêter, soyons immobiles, subissant le temps qui marche, nous marque et qui, un jour, nous arrête, nous emmène et tout disparaît.

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vendredi 28 juin 2013

UNE VOYOUCRATIE CHASSE L’AUTRE

Depuis toujours, il y a les forts et les faibles qui sont les dominants et les dominés qui sont les gouvernants et les gouvernés, qui sont les riches et les pauvres, ceux qui décident et ceux qui obéissent, subissent, pâtissent.
 
Hier la royauté et ses valets aristocratiques monopolisaient, avec l’onction papale, l’organisation de la société à son profit.
 
La révolution abattit les têtes à particule et les remplaça par une autre voyoucratie d’une autre origine mais de la même espèce, aussi forte, aussi dominatrice, aussi riche. Ce ne sont plus des princes, des ducs, des comtes mais des énarques, des politiciens, des inspecteurs des finances. L’aristocratie a été remplacée par une nomenklatura.
 
Ils décident des budgets, des impôts, des programmes, de la guerre, des nominations, des promotions et de combien ils gagnent.
 
Aujourd’hui comme hier leur pouvoir est absolu, leur impunité totale, leur présence irrémédiable, leur incapacité notoire. Ils n’administrent bien que leurs biens. Pour le reste, ils ne savent préparer que les défaites, des déroutes, les débâcles. Paralysés par l’orgueil, l’ambition, l’égoïsme, ils se cramponnent à leur pouvoir, à leurs prébendes, à leurs prétentions. Ils attendent, imbéciles, inconscients qu’un comité de salut public ne vienne les chasser, les expulser ou leur couper la tête en attendant l’arrivée de nouveaux forts qui deviendront des dominants vite transformés en gouvernants très riches et puissants qui …

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lundi 24 juin 2013

LA MÉMOIRE HANTÉE

         Je ne sais pas si vous êtes comme moi mais j’ai l’impression d’habiter depuis longtemps dans une maison d’enfance, pleine de souvenirs qui ne me quittent pas où que j’aille, quoique je fasse.
 
 
Plus le temps passe, plus ils s’accrochent. Le grenier déborde, avec des malles pleines de jouets cassés, de soldats de plomb sans tête, de raquettes tordues, de livres roses, verts, en vrac, écornés, de vêtements troués, les ombres d’une époque disparue. Mais il suffit d’y penser pour que la piste redevienne fraîche, familière. Et avec elle, toutes les excitations. Les couleurs s’avivent, les trous se bouchent, les pages s’animent, les roues tournent, les soldats marchent au pas. Tout reprend vie.
 
 
D’autres pièces sont encombrées de meubles anciens, de vieux tapis, des tableaux, des lustres, des choses déglinguées, mitées, les couleurs sont passées, les souris se sont régalées. Il y a des albums de photos jaunis, les corps sont guindés, les visages un peu flous. J’ai du mal à donner des noms. Quel jour le petit oiseau est sorti ? Mais il suffit de regarder et la scène se rejoue, en noir et blanc, sans le son. C’est dans ces temps d’inventaire que je me dis qu’il faudrait faire le ménage, un tri sévère. Évacuer toutes les vieilleries, , changer de décor, une rénovation de la cave au grenier est urgente. L’opération est nécessaire. Les parquets sont vermoulus, les portes ne ferment plus, les gonds grincent. On voit mal à travers la pénombre, les toiles d’araignées. Des portes refusent de s’ouvrir.
 
 
A quoi cette pièce pouvait bien servir ? Il n’y a pas d’ampoules au lustre. Les papiers sont indistincts. Tout y baigne dans un brouillard poussiéreux. Il y fait froid. Le genre d’endroit à passer à côté. La cuisine, elle, reste accueillante. J’y sens les odeurs des tartes, des crèmes au chocolat, du pain perdu, des crêpes, des beignets, des confitures, j’entends coudre la machine. Mais on ne peut pas passer son temps à cuisiner. Allons dans l’atelier. Des trucs marrants sont suspendus, des marteaux pourraient frapper si on en avait la force. Beaucoup d‘objets sont rouillés, cassés, des pointes tordues, des boulons sans écrous, des limes toutes lisses, un rabot en bois, une chignole. Ils encombrent, pourquoi sont-ils toujours là ?
 
 
Le gros œuvre tient, mais pour combien de temps ? La poutre maîtresse fléchit. La toiture a des trous. L’enduit est décrépi, plein de rides et de fissures. Les canalisations fuient. Il aurait fallu soigner ses maladies, la ravaler, changer les huisseries, remettre de nouvelles ardoises, refaire les canalisations, mais, faire du neuf avec du vieux, est-ce bien raisonnable ?  
 
 
Il est trop tard. Son temps est passé. La baraque est bonne pour la casse. Les éboueurs arrivent, je peux vider mon sac avant de le poser.

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dimanche 23 juin 2013

CE MESSAGE EST POUR VOUS

Vous avez été un enfant brillant qui a été la fierté de ses parents.
 
Vous avez été un élève intelligent qui a fait l’admiration de ses maîtres.
 
Vous avez fait des études supérieures qui ont été couronnées de succès.
 
Esprit curieux, vous vous êtes intéressé à la peinture, à la musique, à la littérature.
 
Vous êtes féru de l’histoire grecque, romaine, mérovingienne, mais aussi byzantine, chinoise, aztèque. Les problèmes de l’actualité mondiale vous sont familiers.
 
Vous avez des solutions pour remettre l’économie en marche, corriger les dérives financières, rétablir le moral des ménages, sauver la politique.
 
Vous parlez à un anglais avec un accent oxfordien, à un américain avec, au choix, un accent texan, boxonien, angélique ; espagnol avec un accent colombien ou castillan, italien comme un florentin et français sans accent, à l'angevine.
Vous discourez comme Cicéron, vous écrivez comme un normalien, vous cogitez aussi vite qu’Attali.
 
Vous avez occupé des postes intéressants, réussi dans des fonctions difficiles, eu des expériences professionnelles variées, acquis une expertise reconnue.
 
Malgré vos réussites, vous êtes insatisfait de votre parcours. Vous estimez n’avoir fait qu’effleurer votre potentiel.
 
Vous pensez n’avoir pas été à la hauteur de l’attente de votre famille et de vos professeurs.
 
Vous estimez végéter dans votre sinécure actuelle, qui ne serait qu’une voie de garage, ne pas rendre à la communauté, à la société, à votre pays tous les services que vous savez pouvoir leur donner et dont ils ont besoin.
 
Vous en avez assez d’être sous-estimé, sous employé, obligé de démissionner, de changer de quartier, d’objectifs, de bureaux, de secrétaire, d’avions, de taxis, de méridien, d’horaires, d’hôtels.
 
Vous aimeriez être reconnu à votre valeur, mobiliser votre énergie pour un challenge qui le mérite, acquérir des responsabilités qui vous protègent d’être renvoyé, avoir un contrat qui vous protège, un salaire qui vous motive, un travail qui serve à sauver le monde de la faillite et votre ego de la dépression.
 
Vous voulez arrêter de vous raconter des histoires, commencer à vous prendre au sérieux, réussir avant d’être trop vieux, de prendre du ventre, perdre les cheveux, voir arriver la presbytie, l’arthrose dans le cou, le genou droit, l’épaule gauche et le reste.
 
Il était temps que vous lisiez le résumé de votre vie, que vous vous ressaisissiez, que vous acceptiez nos conseils et que notre équipe vous prenne en main pour vous sortir de l’impasse où vous vous fourvoyez et être mis enfin sur la rampe de lancement que vous méritez.
 

Si vous acceptez cette mission, vous devrez :

 
-      Abandonner des illusions ;
-      Accepter une remise en cause ;
-      Renoncer à des prétentions ;
-      Changer de modèles de pensée;
-      Modifiez votre façon de voir ;
-      Acquérir de nouveaux réflexes ;
-      Oublier quelques idées reçues ;
-      Réviser des croyances erronées.
 
Pour cela vous accepterez de vous soumettre à un ajustement mental, un réarmement moral, un entraînement psychique, une méditation plénière.
 

Vous apprendrez :

 
- comment accéder à la sérénité, à la simplicité, au dépouillement ; comment abandonner le vieil homme impatient de perdre son temps à paraître dans les 4 C (comités, commissions, congrès, conférences) ;
 
- comment rechercher le silence, l’obscurité, la solitude au lieu de la gloire, des lumières, de la foule ;
 
- comment fuir l’avoir pour atteindre l’être ;
 
- comment ne pas chercher à éblouir, à rendre jaloux, à étonner, à dépasser mais interroger, regarder, s’intéresser, pardonner, relativiser, chanter, marcher, planter.
 

Vous apprendrez à faire des choix :

 
Entre l’utile et l’agréable, prendre l’agréable qui a son utilité ;
 
Entre le sucré et l’amer, prendre le doux, la douceur dure moins en bouche que l’amertume ;
 
Entre le beau et le bon, prendre le bon qui est plus proche du bien que le beau qui peut être un salaud ;
 
Entre une belle idée et une bonne idée, trouver le compromis qui rendra bonne la belle idée ;
 
À être utopiste pour vos rêves, réaliste dans vos projets, subjectif quand vous appréciez, objectif quand vous décidez.
 
Cette mission n’est pas impossible. Elle a été calibrée à votre mesure. Elle est donc grande car il y a beaucoup à faire. Elle est large car tout vous intéresse. Elle est profonde car il faut creuser pour éliminer la superficialité de votre personnalité dont la richesse est intérieure, cachée, inaccessible à votre seule volonté.
 
Si vous l’acceptez, après une mise en forme et en fond dans le camp d’entraînement secret où vous conduira le taxi qui attend, vous serez téléporté à Cébès et n’aurez qu’à suivre le plan qui vous sera remis. Le chemin qui conduit au sommet est dangereux. C’est là que vous devrez arriver et nous rapporter le trophée, nom de code : Félicité.
 
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jeudi 20 juin 2013

LE CONSTAT DU JOUR

Le changement climatique confirme que les temps sont en train de changer.

Avant, les cyclones, les typhons, les inondations catastrophiques étaient l’apanage des pays tropicaux, localisés dans les confins, peuplés de peuples étranges aux faciès, aux couleurs, aux mœurs, aux langages bizarres, incongrus, incompréhensibles, parfaitement adaptés aux conditions d’une nature inhospitalière quoique parée, dit-on, de splendeurs extraordinaires quand elle n’était pas dévastée par quelques cataclysmes épouvantable dont même les échos très affaiblis faisaient entrevoir la profondeur des horreurs.

Mais qu’aujourd’hui la France, ce pays le plus tempéré qui soit, la fille ainée de l’église, ayant reçu l’imprimatur du Vatican - la seule agence de notation digne de notre foi - soit à son tour frappée par la malédiction climatique, montre que la terre ne tourne plus rond. Que ma douce campagne entre Loire et Loir - un fleuve tranquille et une rivière endormie – ait été avant-hier, frappée par une avalanche grêleuse qui a détruit sur son passage toitures, voitures, vignes et une vie animale dont le recensement n’intéresse personne, dépasse l’entendement et bouleverse les annales météo des 5.000 dernières années. Jupiter tonne en colère. Il le manifeste comme lui seul sait le faire avec son bras armé d’éclairs, de foudre, de grêle, de pluie, de vent. Il désigne les responsables, la folie humaine, la nôtre avec toutes les saloperies qu’on lui jette à sa face auguste. Nous ne serons pas plus épargnés que ceux qui vivent aux équateurs. Devenus des misérables nous serons bientôt des miséreux, accablés par les cyclones, les typhons, les inondations entre deux sécheresses. La  mondialisation est achevée. Le pire est à venir. Finie la vie facile, elle va devenir difficile avant d’être impossible.

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mercredi 19 juin 2013

LE CONSEIL DU JOUR

Quand tout reste à faire, le plus sage est de commencer par se reposer pour prendre des forces qui permettront d’en terminer au plus vite.

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mardi 18 juin 2013

LES AVATARS DE L’ADOLESCENCE (9)

Ou l’origine des malheurs du monde

 

CHAPITRE IX


LA RELIGION

 

Le développement mental, intellectuel, hormonal fait de l'adolescent un être dynamique plein de fougue et de passion. La religion n'est pas à l'abri de ses excès. Le catholicisme comme d’autres religions, le démontre tout au long de son histoire.
 
L’étymologie même du mot impose la référence. Une religion qui se déclare universelle relègue les autres croyances dans une position subalterne, méprisable. Les conséquences n'ont pas cessé depuis 2.OOO ans. Ceux qui ne partagent pas ces dogmes étaient hier livrés à l'Inquisition et à ses amabilités sanglantes. Aujourd'hui, elle paraît s'être adoucie mais ses anathèmes sur l'avortement, le divorce, les prêtres mariés, l'homosexualité, la contraception, la procréation montrent que sa charité est sélective.
 
On retrouve le même mépris pour ceux qui, même de son giron se permettent d’exprimer des idées originales. Cela montre que cette église n'est pas prête à renoncer à ce qui est une tradition depuis si longtemps.
 
L’intransigeance est une vertu de l'adolescent. Le plus souvent l'expérience vient l'atténuer en apprenant la relativité des certitudes.
 
Les religions ne bénéficient pas de cette modération. Elles se durcissent même au fil des temps croyant ainsi assurer leur emprise sur les fidèles. On le voit bien aujourd'hui avec l'intégrisme musulman qui renoue avec une intolérance sanglante.
 
L'esprit missionnaire brûle de la même certitude. Convertir un païen, lui faire renier une croyance pour embrasser une nouvelle foi sont des actions que l'on nous a toujours présentées comme héroïques dès lors qu'il s'agissait de missionnaires de notre religion. Ils nous étaient présentes comme de véritables héros, soldats sans peur et sans reproche. Les propagandistes de toutes les religions sont animés de ce bel élan. La même ardeur, la même conviction animent les jeunes américains qui sonnent à ma porte pour me convaincre de rallier leur église Pentecôtiste.
 
Cette volonté, ce désir, cet esprit de sacrifice qui ont toujours mobilisé le missionnaire ont, nous explique-t-on, pour seul but celui de nous sauver en nous faisant entrer dans le sein des élus, de ceux qui adorent le vrai dieu.
 
Cette conviction de détenir la vérité et de vouloir la faire partager signifie aussi que la croyance que l'on veut remplacer est fausse, mauvaise, inférieure à celle que l'on tient pour véritable. I1 s'agit de persuader l'autre qu’il était dans l'erreur et qu'il adhérait à des balivernes. Il faut à la fois prétendre beaucoup aimer son prochain pour vouloir le sauver et beaucoup le mépriser pour soutenir que sa religion n'était pas la bonne. Le premier postulat sera acquis facilement par un esprit adolescent, prompt à s'enthousiasmer sans se soucier des conséquences. Le deuxième suppose une réflexion sur la relativité des valeurs. Elle sera acquise par l'expérience. Elle seule permet de s'interroger sur la réalité de l'universalité à laquelle toutes les croyances prétendent, d'évaluer l'impact psychologique, culturel, vital que le succès d'une telle entreprise aura sur une population primitive cimentée depuis toujours par des divinités qu'on lui demande de renier.
 
L'exemple des tribus amazoniennes où ces missionnaires continuent le travail de destruction n'a pas suffi à guérir les églises de ce fanatisme.
 
Ce prosélytisme était aussi celui des religions  qui annonçaient que le paradis sera terrestre le jour où elles auront le pouvoir. On les a vues à l’œuvre au Pérou avec le Sentier lumineux, au Cambodge avec les Khmers rouges. Leur évangile était rouge. Ils convertissaient en massacrant.
 
Ces fanatismes d'hier et d'aujourd'hui naissent du refus de concevoir qu'une vérité pour l'un peut ne pas en être une pour l'autre. Ils ne conçoivent pas que l'animisme, par exemple, puisse être la forme qu'a prise dans le contexte local la révélation.
 
Cette incapacité de dépasser sa certitude pour admettre les raisons de l'autre, les respecter, les tolérer, vivre en harmonie avec lui est un comportement adolescent alliant générosité, engagement, mais aussi intolérance, mépris, refus.
 
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lundi 17 juin 2013

CONFIDENTIEL URGENT

Homme politique occupant la plus haute fonction avec responsabilité éminente, suite à promesses imprudentes et défaillance dans l’inspiration de ses 300 conseillers en communication, cherche, pour la fin de l’année, excuses plausibles avec accents de sincérité pour expliquer fiasco et éviter ridicule. Faire offre. La plus grande discrétion exigée.

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Méthode révolutionnaire pour éliminer ruminations intempestives, pensées parasites, idées fixes. Vous viderez votre esprit de ses vieilles lunes, de ses croyances erronées, de son incapacité à comprendre. Avec nos conseils, notre prise en main, débarrassé de ce qui l’encombrait, vous vous remplirez de compréhension, de sagesse. Vos virtualités deviendront des réalités, vos rêves se réaliseront, vos empêchements disparaitront. Décuplez votre valeur, devenez efficace, efficient, disponible, heureux, optimiste en accédant à la richesse intérieure, à la réussite sociale. Grâce à nous, vous serez bientôt dans le top des célébrités. Offre limitée.  

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OFFRE D’EMPLOI

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dimanche 16 juin 2013

LES AVATARS DE L’ADOLESCENCE (8)


Ou l’origine des malheurs du monde


CHAPITRE VIII

 

LES MÉDECINS

 

Ils font partie de cette classe privilégiée qui a vécu une adolescence prolongée, encadrée de structures protectrices. Ils arrivent dans une société où la santé est devenue la préoccupation première. Ils ont acquis de ce fait un pouvoir moral et économique important.
 
L'immense majorité a reçu de sa décennie de confrontation à la souffrance et à la mort, au chevet des malades, des moribonds une leçon qui vaut toutes les initiations. Si cette post-adolescence a eu quelques délices, les nuits de garde, les plaies du corps et de l'âme, leur purulence accélèrent une maturation, enrichissent une personnalité. Le futur médecin emmagasine au fur et à mesure de sa formation une expérience unique, exceptionnelle qui ne peut que l'aider à se connaître lui-même: lui qui a interrogé ses semblables sur leurs peurs, leurs angoisses, leurs anxiétés, leurs obsessions. Ces bilans ne l'exonèrent pas des mêmes problèmes mais l'analyse clinique et psychologique est un gage - non infaillible - de lucidité.
 
Le médecin a donc, plus que quiconque, la possibilité de devenir un adulte. S'il avait gardé quelques illusions de son adolescence, moment où sa vocation s'était manifestée, son exercice se charge de les lui enlever. Il comprend très vite que sa profession n'est pas un conte de fées, que le discours traditionnel, toujours lyrique, qu'employaient les anciens en parlant d'eux-mêmes et de leur métier appartient au passé, s'il n'a pas été rêvé. Il apprend que le rapport singulier qu'il entretiendra avec le malade dont il aura su gagner la confiance par son talent et son dévouement sera une récompense aussi exquise que rare. La mentalité du client a changé, en effet, maintenant que le droit à la santé est une revendication qu'il est sommé d'assurer, lui qui sait la limite de son pouvoir sur la mort et la maladie.
 
Les mêmes cheminements n'ont pas forcément les mêmes aboutissements. La population médicale n'échappe pas à la règle. Certains médecins refusent -consciemment ou inconsciemment - la leçon des épreuves de leur longue initiation. Ils conservent malgré tout une juvénilité qui va les inspirer.
 
Nous ne faisons figurer que pour mémoire dans ce cadre le médecin médiatique. Il est trop rare pour être un archétype. Il ne supporte pas l'exercice discret, obscur. Le sien doit être annoncé, développé avec fracas, publicité et, si cela est nécessaire, en choquant. Le secret professionnel, la déontologie ne sont pas son affaire. Cette exubérance, cette agitation, cette soif de reconnaissance, ce contentement de soi, cet exhibitionnisme ignorent la discrétion, la modestie, l'autocritique. Tous ces aspects autrefois sympathiques chez l'adolescent sont réunis chez ces adultes souvent aux abords de la vieillesse.
 
Deux autres types de médecins posent davantage de problèmes car si leur pourcentage est petit, leur nombre absolu finit par impressionner.
 
Les opportunistes choisissent un chamanisme rémunérateur, exploitent la crédulité, la mode, la désespérance. D'autres, plus classiques mais encore cyniques, feront une médecine ou une chirurgie qui se moquera des règles de prudence et de bon sens en multipliant actes et prescriptions.
 
Ces médecins sans sagesse ni réflexion ont encore l'avidité de leur adolescence dont ils ne finissent pas d'assouvir les envies et d'en faire payer les frustrations à des patients innocents. Leur égoïsme copie leur narcissisme ancien. Ils se vengent des années d'étude, d'effort, de privations pendant lesquelles ils patientaient. L'indépendance et la satiété sont arrivées trop tard.
 
Ils souffrent aussi, comme tous les étudiants prolongés, d'un complexe de supériorité qui ne peut naître et proliférer que chez des esprits immatures qui n'ont pas appris la relativité des choses. Leurs connaissances et leurs diplômes les font se sentir supérieurs, comme l'est l'adolescent à qui la nature vient de donner de nouvelles possibilités intellectuelles et qui méprise ceux qui ne partagent pas ses idées. Ils n'exercent leur esprit critique que sur les autres. Le sacrifice qu'ils estiment avoir fait pour acquérir le diplôme de médecine renforce la bonne opinion qu'ils ont d'eux mêmes. Le tribut financier, moral, vital même qu'ils prélèvent n'est - pensent-ils - que la récompense d'un mérite supérieur.
 
L'actualité de la médecine permet de saisir, malheureusement, d'autres comportements. Ils montrent avec cruauté la profondeur de l'empreinte de l'adolescence et ses répercussions dans l'attitude, les décisions de ceux-là même dont on pouvait espérer que la formation et la vocation allaient mettre à l'abri de telles tentations.
 
Régulièrement, les instances ordinales nationales sont obligées de marteler que les médecins doivent faire preuve d'humanité envers les malades dont ils ont la charge en parlant, en expliquant, en rassurant et en ne se réfugiant pas dans le silence et la fuite. Cela doit être rappelé sur un ton solennel mais le sermon n’est pas entendu puisque rien ne change. Ne pas avoir compris que le médecin n'a pas seulement la mission de poser un diagnostic et d'établir un protocole de traitement mais qu'il doit être aussi attentif a la souffrance morale que provoque la maladie, à l'angoisse qui naît du séjour dans un milieu aussi étranger qu'un hôpital montre combien la rétention des sentiments a perverti la conscience de beaucoup de médecins. Ne pas expliquer un geste souvent douloureux, ne pas dire ce que l'on attend d'un traitement, ne pas prévenir qu'il peut provoquer des effets secondaires pénibles afin de les dédramatiser, cacher à la famille, au patient le risque d'un traitement, d'une opération, ne pas préparer à la mort qui arrive sont autant de façons de fuir une responsabilité, d'éviter d'argumenter une décision, de ne pas respecter le malade et se contenter de faire signer une décharge. Il s'agit là, d'une attitude typique de l'adolescent, plus facilement péremptoire que réfléchi, simplement parce qu'il n'a pas d'expérience et n'a pas suffisamment agi pour connaître le résultat de ces actes. Mais le médecin a, lui, une responsabilité qui engage la vie ou la mort et son silence ou sa parole assombrit ou éclaircit le moral d'un être victime de la maladie. Se comporter en seigneur indifférent est donc une injustice intolérable car la victime n'a pas la capacité physique et psychologique d'exiger ce à quoi elle a droit. Il s'agit d'un refus méprisant que l'on connaît bien chez l'adolescent en crise qui se réfugie dans le silence plutôt que répondre à une question embarrassante ou dont il ne connaît pas la réponse.
 
On connaissait cette façon d'agir mais les adjurations ordinales font craindre qu'il ne s'agisse d'une contagion qui déshumanise encore un peu plus une médecine livrée aux machines et aux techniciens.
 
Le drame du sang contaminé par le virus du sida a été une autre illustration caricaturale. Des médecins spécialistes, titrés, ayant acquis de hautes responsabilités et qui, confrontés à une situation ambiguë, périlleuse, n'ont pas su choisir, Ils ont préféré tergiverser, attendre que d'autres se décident à prendre des décisions plutôt que de s’engager personnellement, clairement et cela pour des raisons hiérarchiques, mesquines, mercenaires sans prendre en compte le risque vital qu'ils faisaient prendre à des enfants qui les honoraient de leur confiance. Depuis, d’autres scandales sanitaires ont prouvé que le comportement irresponsable est structurel et que l’expérience n’apporte aucune sagesse à ceux qui devraient en être imprégnés.
 
La encore, on se trouve en face de personnalités immatures, n'ayant pas compris, même à des âges avancés, où était le bien et le mal. Cette absence de discernement, cette fuite dans l'argutie sont des signes que l'on s'attend à trouver chez un jeune n'ayant pas encore acquis un système de valeurs solides, ne pouvant s'appuyer sur des exemples tirés de ses lectures ou de l'exemple de ses aînés et où se forger une morale qui permet de régler sa vie honorablement.
 
Ces barons de la médecine semblent avoir eu une ligne de conduite centrée sur la course au pouvoir et à l'argent. Il s'agit de leurres que l'on comprend chez un jeune dont les références privilégient la forme au détriment du fond.
 
Cette course ne peut être gagnée que par les plus véloces qui sont nécessairement les plus féroces. Même acculés, on a ainsi vu qu'ils conservaient leur morgue et n'avouaient pas leur irresponsabilité. D'autres milieux souffrent de la même tare.
 

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