Ou l’origine des malheurs du monde
CHAPITRE IX
LA RELIGION
Le développement
mental, intellectuel, hormonal fait de l'adolescent un être
dynamique plein de fougue et de passion.
La religion n'est pas à
l'abri de ses excès.
Le catholicisme comme d’autres religions,
le démontre tout au long de son
histoire.
L’étymologie même
du mot impose la référence. Une religion qui se déclare universelle relègue les autres croyances dans
une position subalterne, méprisable.
Les conséquences
n'ont pas cessé
depuis 2.OOO ans. Ceux qui ne partagent pas ces dogmes étaient hier livrés à l'Inquisition et à ses amabilités sanglantes. Aujourd'hui,
elle paraît
s'être adoucie mais ses anathèmes sur l'avortement, le
divorce, les prêtres
mariés, l'homosexualité, la contraception, la procréation montrent que sa
charité est sélective.
On retrouve le même mépris pour ceux qui, même de son giron se
permettent d’exprimer des idées originales. Cela montre que cette église n'est
pas prête à renoncer à ce qui est une tradition
depuis si longtemps.
L’intransigeance est une vertu de l'adolescent.
Le plus souvent l'expérience
vient l'atténuer
en apprenant la relativité
des certitudes.
Les religions ne bénéficient pas de cette modération. Elles se durcissent même au fil des temps croyant
ainsi assurer leur emprise sur les fidèles.
On le voit bien aujourd'hui avec l'intégrisme
musulman qui renoue avec une intolérance
sanglante.
L'esprit missionnaire brûle
de la même
certitude. Convertir un païen,
lui faire renier une croyance pour embrasser une nouvelle foi sont des actions
que l'on nous a toujours présentées comme héroïques dès lors qu'il s'agissait de
missionnaires de notre religion. Ils nous étaient
présentes comme de véritables héros, soldats sans peur et
sans reproche. Les propagandistes de toutes les religions sont animés de ce bel
élan. La même
ardeur, la même
conviction animent les jeunes américains
qui sonnent à ma
porte pour me convaincre de rallier leur église
Pentecôtiste.
Cette volonté,
ce désir, cet esprit de sacrifice
qui ont toujours mobilisé le missionnaire ont, nous explique-t-on, pour seul
but celui de nous sauver en nous faisant entrer dans le sein des élus, de ceux qui adorent le
vrai dieu.
Cette
conviction de détenir la vérité et de vouloir la faire partager signifie aussi que
la croyance que l'on veut remplacer est fausse, mauvaise, inférieure à celle que l'on tient pour véritable. I1 s'agit de
persuader l'autre qu’il était dans l'erreur et qu'il adhérait à des balivernes. Il faut à la
fois prétendre beaucoup aimer son prochain pour vouloir le sauver et
beaucoup le mépriser pour soutenir que sa religion n'était pas la bonne. Le premier
postulat sera acquis facilement par un esprit adolescent, prompt à
s'enthousiasmer
sans se soucier des conséquences. Le deuxième suppose une réflexion sur la relativité des valeurs. Elle sera
acquise par l'expérience. Elle seule permet de s'interroger sur la réalité de l'universalité à
laquelle toutes
les croyances prétendent, d'évaluer l'impact psychologique, culturel, vital que le succès d'une telle entreprise aura
sur une population primitive cimentée depuis toujours par des
divinités qu'on lui demande de renier.
L'exemple des tribus amazoniennes où
ces missionnaires continuent le travail de destruction n'a pas suffi à guérir les églises de ce fanatisme.
Ce prosélytisme était aussi celui des religions qui annonçaient que le paradis sera terrestre
le jour où
elles auront le pouvoir. On les a vues à l’œuvre au Pérou avec le Sentier lumineux, au Cambodge avec les Khmers
rouges. Leur évangile
était rouge. Ils convertissaient en massacrant.
Ces fanatismes d'hier et d'aujourd'hui naissent du refus de concevoir
qu'une vérité pour l'un peut ne pas en être une pour l'autre. Ils ne
conçoivent pas que l'animisme,
par exemple, puisse être
la forme qu'a prise dans le contexte local la révélation.
Cette incapacité de dépasser sa certitude pour admettre les raisons de
l'autre, les respecter, les tolérer, vivre en harmonie avec lui est un comportement
adolescent alliant générosité, engagement, mais aussi intolérance, mépris, refus.
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