Ou l’origine des malheurs du monde
CHAPITRE I
LA PUBERTÉ
La métamorphose
qu’est la puberté laisse à l’adulte le souvenir des transformations physiques.
Elles ne sont que la partie visible du phénomène. Rappelons-les pour bien
situer l’ampleur du processus que chacun de nous a expérimenté.
Trois changements
concomitants» interactifs intriquent leurs effets. Tous importants,
complémentaires, indispensables, ils s’étalent sur quelques 6 années.
Ils résultent pour
l’endocrinologue d’une « cascade d’activations successives de
l’hypothalamus, de l’antéhypophyse, des gonades puis des cellules cibles
périphériques associées à des phénomènes de rétrocontrôle ».
Le médecin a
mesuré sous tous les angles 1’enfant en phase pubertaire. Il a mis en diagramme
la mutation morphologique pour en suivre les étapes, en mesurer la vitesse et
en dépister les erreurs.
Jusqu'à 11 ans
pour les filles, 13 ans pour les garçons, la taille croissait de 5 centimètres
l'an. A cette échéance, la croissance s'accélère et passe à 8,5 cm pour le
garçon et 7,5 cm pour la fille durant la première année jusqu'à un maximum de
10 cm à 14 ans pour les premiers et 12 ans pour les secondes. Le gain est
finalement de 20 cm pour les filles entre 10 et 14 ans et de 25 cm pour les
garçons entre 12 et 16 ans. La croissance décélère jusqu'à s'arrêter environ 5
ans après le début des premiers signes.
La poussée
pubertaire plus tardive, plus intense, plus longue du garçon explique sa
stature plus grande. Les membres s'allongent, les épaules s'élargissent.
D'autres modifications s'opèrent, plus secrètes, plus intimes, encore plus
extraordinaires pour l'impétrant. Chaque sexe affirme son originalité, augmente
ses différences.
L'observateur
intermittent est parfois très embarrassé pour reconnaître l'enfant dans le jeune
homme, la jeune fille. Rien dans la silhouette, l'habillement, ne les rappelle.
Un air de famille reste dans le visage mais la mutation psychologique augmente
la différence: le regard et la conversation ont changé. L'échange s'opère
d'égal à égal, le propos n'est plus puéril. Le changement apparaît très vite
comme plus spectaculaire que le renforcement physique. Il prouve l'acquisition
par l'adolescent d'une nouvelle dimension intellectuelle, psychologique,
mentale qui lui permet de maîtriser son pouvoir géniteur et sa force sans
révolutionner une société dans laquelle il doit trouver une place. Ce temps des
interrogations, des découvertes, de la conquête de l'indépendance par rapport
aux parents n'oublie pas le passé et son acquis.
Le programme
s'exécute dans la lumière de la conscience et est servi par de nouvelles
possibilités intellectuelles. Dès l'âge de 10-12 ans, l'enfant devient capable
d'organiser des opérations logiques formelles. L'apprentissage scolaire lui a
donné les modèles idéo-verbaux nécessaires à l'exercice de la pensée abstraite.
Cette conquête l'ouvre au monde extérieur. Elle lui donne une réalité que des
tendances Imaginatives et contemplatives occultaient. Il apprend à établir des
relations entre les faits et les idées. Le cerveau devient plus fascinant qu'un
jouet. Le langage s'enrichit, se développe, devient précis. Les hypothèses sont
facilement formulées et combinées.
La puberté,
l'adolescence peuvent ainsi être découpées en une multitude de transformations
qui sont imposées par un déterminisme dont nous allons maintenant préciser la
finalité.
(à suivre)
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