Aujourd’hui, une fête ne se joue plus en famille. Éclatée,
dispersée, disparue, elle réunirait des cousins et des cousines qui ne se
connaissent pas, des frères, des sœurs qui existent rarement ou qui sont en
voyage, en instance, en partance et trop occupés par ce qu’ils font pour
s’intéresser à ceux qui, par moments, ont partagé leur enfance. Le passé est
terminé, presque oublié et le temps va trop vite pour s’y éterniser, même celui
d’une réunion de famille. De toute façon il n’y a rien à célébrer : que les
échecs, les déceptions, les rancunes, les jalousies… Le divorce dans les
familles ne sépare pas que les pièces rapportées. L’éloignement,
l’indifférence, le silence, l’absence divisent aussi sûrement les pièces
d’origine. La fête de famille devient un souvenir ancien où semblaient s’amuser
des vagues connaissances qui ne disent plus rien. Elle se survit parfois en
réunion de famille où l’on renoue des relations avec des presque inconnus dont
on a entendu parler. Certains ont un air de famille. C’est comme un comité
d’anciens élèves. On y va par devoir ou curiosité en se jurant que ce sera la
dernière fois.
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