Du néant ou de l'endroit où son âme s'est réfugiée, Socrate continue de nous conseiller et de nous enrichir. Il n'a pas trouvé bon, lui, de créer une religion mais seulement une école. Il savait que les disciples ne sont jamais fidèles et ne se disait pas fils de Zeus. Il n'y eut que Platon pour se rappeler ce qu'il enseignait et personne n'eut la prétention de nous donner d'autres versions de ses thèmes de prédilection. Il était pourtant assez inspiré, imaginatif, intelligent, réfléchi pour se prétendre au-dessus de ceux qui l'écoutaient. Sage, il se connaissait assez pour être modeste. Il avait mis en pratique l' injonction célèbre inscrite au fronton du temple de Delphes "connaît-toi toi-même". Depuis, toutes les philosophies s'y essaient et les philosophes donnent leur vision d'eux-mêmes. Laissons leur construction de côté et bornons-nous à notre petite personne. Des tutoriaux vous expliqueront qu'il faut faire de l'introspection, de la méditation active et se confesser à soi-même. Ils vous feront tourner en rond et vous mordre les doigts. Vous n'en saurez pas plus. Il faut rester modeste comme il l'était et ne pas espérer trouver des trésors que nous n'avons pas. Notre esprit n'est pas miraculeux mais limité par la bêtise humaine, une inconscience illimitée, des insuffisances dans les perceptions, des limitations naturelles. Les seules choses sur lesquelles on a une emprise sont le niveau de nos connaissances et l'étendue de notre ignorance. Le bilan est facile à établir. Une fois fait, on en sait assez pour ne pas se prendre pour un autre.
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