Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


vendredi 25 septembre 2020

LA LANGUE EN QUESTION

La langue était la meilleure et la pire des choses pour Ésope. Elle est aussi le reflet d’une culture et de l’idiosyncrasie des peuples.

L’exemple du français et de l’allemand est caricatural : peut-on imaginer deux peuples différents plus  proches, séparés que par la distance d’un fleuve.

Pour s’en convaincre, lisons Jean-Michel Tholliez. Il nous explique clairement que les deux pays sont si étrangers l’un à l’autre, ont été souvent de tels ennemis parce que leurs langues respectives les empêchent de se comprendre. Elles induisent en effet un mode de penser différent dû à la construction de la phrase.

Dans la langue allemande, chaque élément est classé en fonction de son importance croissante et il faut attendre le verbe situé à sa fin pour comprendre.

La française a une démarche inverse et pose l’essentiel, le verbe en début et l’accessoire vient ensuite. Le français cesse de s’intéresser à l’interlocuteur dès qu’il connaît l’essentiel du propos et n’écoute pas les détails. L’allemand attend poliment la fin de la phrase pour savoir de quoi il s’agit et se faire une opinion. La réputation du français d’être prétentieux et léger tient à cette attitude, reflet de la structure de sa langue.

La conséquence n’est pas anecdotique. Elle explique  l’histoire conjointe. La prétention  de n’attacher de l’importance qu’au concept et que le reste suive a conduit la France à perdre beaucoup d’argent, quelques guerres. Donnons des exemples :

- en 1870, Napoléon III tombe dans le piège de la dépêche d’ULM et déclare la guerre avec une armée incapable de la gagner.

- en 1939, rebelote.

- aujourd’hui, elle décide de construire un EPR sans savoir si elle a les ingénieurs et les techniciens capables. Il s’avère qu’elle ne les a pas.

- Elle construit des abattoirs à La Villette. La décision s'avère mauvaise dès qu’ils furent finis et elle les démolit.

- l’avion  Airbus 380 est produit et sa carrière ultra-courte. Le marché n’en n’avait pas l’usage.

- la France a poussé à la construction d’ITER avec l’ambition de mettre le soleil en bouteille. Le scandale à venir sera plus grand que celui de Super-Phénix, mort-né une fois achevé, etc., etc.… 

Sa langue a donc  une responsabilité congénitale dans le désordre de la France. Son procès n’a jamais eu lieu car elle est considérée comme la prunelle de ses yeux. Elle a quelques arguments comme sa clarté, son sens des nuances, sa musique, quelques Nobel de littérature, Victor Hugo et consorts, Racine, Corneille, madame de Sévigné, les fables de La Fontaine. L’Allemagne en aurait d’autres pour vanter les mérites de la sienne.

Les deux pays ont des raisons de ne pas se comprendre. L’histoire, la politique, l’économie, l’industrie, les miracles de l’une, les inepties de l’autre ont un coupable clairement identifié. Il n’est pas inquiété, reste en liberté car il bénéficie d’une grâce d’état en raison des services rendus, de l’ancienneté de la reconnaissance des mérites et de l’échec de la tentative de son remplacement par l’espéranto. La question reste: comment éviter la prochaine ?


       Mot-clé : langue

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