Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


vendredi 26 avril 2019

INSOMNIE

L'insomnie est provoquée par le refus du cerveau d'obéir à la demande qu'il se fait de dormir. Il y a une rupture de l'acte réflexe qui  répond à l'allongement dans un lit douillet d'un corps fatigué par une journée de veille et de travail, revêtu d'un pyjama ou d'une chemise de nuit pour le traditionalistes. Normalement, s'enchaîne une série  de manœuvres d'évitement qui prive le corps des sensations et des perceptions résultant du monde extérieur. Cette perte de la conscience est brutale même si elle est précédée d'une courte période d'assoupissement préparatoire.

L'insomnie détraque ce processus et l'acte réflexe est interrompu.

La magie des lieux (chambre à coucher), le rituel (déshabillage, vêtement ornemental ou non, positionnement horizontale avec surélévation de la tête par un oreiller, obscurité, silence) n'opère plus et la décision de dormir est bafouée. Quelle est l'origine de cette contradiction?

Le responsable est introuvable. Ses raisons restent inconnues. Résultat, l'insomnie est incurable. Le traitement est un échec et les benzodiazépines traitent le mal par un mal encore plus terrible  qui rend  dépendant, donne un sommeil artificiel et ne satisfait que ceux qui en vivent.

L'insomniaque est-il atteint d'un syndrome de Münchhausen? Non, ce n'est pas un simulateur, même s'il n'y a que les benzodiazépines  dont le sevrage coupe toute envie de dormir.

La question qui n'est pas posée et reste donc sans réponse est celle-ci-: "de quoi l'insomniaque se punit-il?" Elle est politiquement incorrecte car elle fait de la victime éplorée, gémissante et tellement pitoyable le coupable-responsable de son malheur.

Les organistes, un peu chimistes et farceurs en font un dérèglement des neuro-récepteurs, ils n'en savent rien. Les autres, plus éthérés vont chercher la racine du mal dans un conflit fumeux d'origine X qui met aux prises des entités mystérieuses.

On peut imaginer une autre approche et faire du temps le nœud du problème. L'insomniaque se plaint de ne pas dormir car, soit il ne sait pas quoi en faire, soit il est accablé par des ruminations qui, dans le silence de la nuit, envahissent sa pensée. Il en souffre, se plaint, gémit parce qu'il ne sait pas s'occuper à lire, rêver pour les chasser, les remplacer. Cette lacune est  un symptôme qui reflète un aspect de la personnalité sur lequel, par charité, je n'insisterai pas mais qui est de son fait.

Nietzsche a, dans "Ainsi parlait Zarathoustra", admirablement parlé du sommeil et donné la voie pour qu'il soit bon:

"Il te faut trouver dix vérités durant le jour; autrement chercheras des vérités durant la nuit et ton âme restera affamé."

"...et quels furent les dix réconciliations, et les dix vérités et les dix éclats de rire dont ton cœur s'est régalé?"

C'est parce que ce programme simple est impossible  que l'insomnie est indomptable.

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