Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.
mardi 31 août 2021
UN REMAKE HISTORIQUE
LE CYNIQUE FAIT L'IMPOSSIBLE
C'EST TOUT LUI
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lundi 30 août 2021
Effet Larsen
LE CONSEIL À SUIVRE
L'expression est à éviter car les sous-entendus parlent plus que la parole dite.
DANS LA SÉRIE "IL Y A"
dimanche 29 août 2021
LES MÉLANGES
LE BIENFAITEUR MÉCONNU
samedi 28 août 2021
Ce qui nous sépare n'est pas la couleur de la peau et des yeux, la taille, le poids, le nom, la langue, le pays, la religion, la voix, le genre mais ce qui est invisible, insensible, inaudible, c'est ce qui se passe dans la tête, le discours que l'esprit tient, dans le silence de la boîte du crâne. Il nous dit quoi penser, dire, faire et ne s'adresse qu'à nous qui sommes les seuls à l'entendre.
vendredi 27 août 2021
LE CYNIQUE DÉGAÎNE ET TIRE AVANT DE POSER LA QUESTION
La vie est une condamnation à mort. Beaucoup la donnent sans se poser la question. Sont-ils contre son abolition?
OUF
Quand on se dit qu'avec notre imagination, notre intelligence, notre volonté, notre suite dans les idées, notre culot on aurait pu être un Musk, un Bezos, un Gates, un Buffet, un Rockefeller, un Trump si on avait été américain au lieu d'être européen, on se dit qu'on a eu beaucoup de chance et qu'on l'a échappé belle.
jeudi 26 août 2021
LE NOUVEL ORDRE
- la liberté est une oppression déguisée,
- le présent doit juger le passé,
- le faible doit remplacer le fort,
- l'ignorant a davantage de valeur que le savant,
- le héros est un salaud qui se vante,
- le voleur a raison de prendre ce qui lui est indu,
- le pauvre a le droit de s'enrichir aux dépens du riche,
- le locataire mérite de jouir de l'appartement du propriétaire, gratuitement,
- l'immigrant est chez lui chez nous
et d'une façon générale il faut inverser les inégalités pour atteindre l'égalité...
CHANCEUX MALGRÉ TOUT
mercredi 25 août 2021
POUR UN PANTHÉON PARITAIRE
DE TOUT UN PEU
Pour devenir riche, il faut avoir la mémoire des chiffres et, encore mieux, des nombres.
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L'évidence est insoupçonnable.
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Le présent est aussi proche du passé que du futur.
mardi 24 août 2021
LA VRAIE RAISON DU BREXIT
Rappelons , pour mémoire et pour les jeunes, quelques méfaits, dans le désordre:
- Trafalgar (1805),
- crémation in vivo de sainte Jeanne d'Arc (1431) ,
- création de l'église anglicane (1534),
- refus (-55 et -54) de se laisser conquérir par Jules César désireux de leur apporter le culte du beau et du bon,
- saisie de la Normandie (1417),
- conquête de l'Aquitaine (1360),
- Crécy (1346), Azincourt (1415), Waterloo (1815), Mers-el- Kébir (1940),
- le faux cocuage (1625) de Louis XIII par le duc de Buckingham,
- etc, etc...
MON POTAGER À LA GASTON
Parce que je suis faible en maths, mon potager n'a pas la géométrie dans l'espace d'un jardin à la française à la André Le Nôtre (1613-17000), jardinier de Louis XIV mais doit à Gaston le Nôtre (1920-2009). le génial pâtissier, son ordonnancement poétique qui donne à ses carrés de salades, de radis, de pissenlits, d'haricots et de petits pois une allure chaotique qui les fait ressembler à un choux à la crème, une tarte au chocolat, une madeleine ou à un pet de nonne.
lundi 23 août 2021
UNE QUESTION PERTINENTE À DÉFAUT DÊTRE INTELLIGENTE
CE QUI EST SCANDALEUX DANS LE SCANDALE
dimanche 22 août 2021
LE CYNIQUE REMET LES CHOSES AU POINT
ASTUCIEUX
samedi 21 août 2021
POURQUOI LES RICHES NE SONT PAS HEUREUX
DE TOUT UN PEU
La parole et l'ecriture sont, pour les mots, des moyens d'expression.
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La vie est un voyage qui s'achève au cimetière ou à l'abattoir.
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La source est un puits sans fond qui déborde.
vendredi 20 août 2021
POUR LA ROUTE
Cet entre deux - que par décence et respect de l'intimité, nous n'avons pas décrit - s'est passé dans le bruit, la fureur, le chaos, parmi des fous. Il ne laisse heureusement aucun souvenir.
jeudi 19 août 2021
LA RECETTE
- ne pas se regarder dans une glace,
- ne pas savoir ce que l'on fait,
- ne pas écouter ce que l'on dit.
mercredi 18 août 2021
mardi 17 août 2021
AFGHANISTAN
Il y a plus de 10 ans, dans le "dico sans queue ni tête", je mettais une réflexion sur la guerre américaine en Afghanistan. Elle est intéressante aujourd'hui, à l'heure du retrait, après des milliers de morts civils et militaires et 2.260 milliards de dollars dépensés pour rien, parce qu'elle rappelait qu'il est impossible de gagner contre des afghans.
COLLISION DANS L’ESPACE-TEMPS
Le voyage comble une curiosité pour les paysages et ce qui les anime. On aime les étonnements du dépaysement. Ils inquiètent, rassurent, confirment, infirment. L’imagination apaisée, on rentre à la maison, satisfait ou non, rassuré souvent de ce que l’on est et du là où on a.
Des souvenirs souriants, légers font revivre pour longtemps le voyage avec plaisir et nostalgie. Il laisse des traces profondes si l’expérience a été dérangeante.
Un retour sur une vie antérieure voyageuse m’a rappelé deux séjours de cet acabit. J’y reviens car ce n’est qu’aujourd’hui que je les juxtapose.
Je vous parlerai d’abord de l’Afghanistan que j’ai découvert, avec 3 amis, en juillet 1971. Nous y allâmes par un itinéraire classique à l’époque - via Téhéran, encore impériale - et de là en bus pour Hérat. On ne peut imaginer la fascination d’alors pour l’Afghanistan. Kessel avait publié « Les Cavaliers » en 1957 avec un succès inouï. Il y fait vivre le pays, ses habitants, les chevaux dans une épopée qui enflamma les imaginations. Les aventures, les sentiments, les mœurs étaient d’un autre temps. Pourtant il ne se référait pas au passé. L’envie de connaître un endroit si étrange était irrésistible.
Nous étions préparés à ce que nous allions voir par des
phrases telles que celles-ci, trouvées dans une préface de Kessel pour un album
de photos (coll. Rêves et Réalités, édité par Réalités/Hachette 1970) : « J’ai
entendu … et les voix des tribus chanter la liberté, l’espace, la guerre et
l’amour …/…
…/… et sur des tapis aussi magnifiques chargés de
vaisselle, de fruits, de sucreries, de Kebabs, de laitages caillés, d’agneaux
rôtis, de riz multicolores, j’ai pris part à des banquets de cent convives,
habillés de cafetans de soie …/…
.../… Je les ai
vus passer, tantôt par petites troupes, tantôt par files interminables, au pas
de leurs chameaux énormes, toujours superbes, libres …/…
…/… Le Pachtou,
l’Ouzbek, le Hazara, le Tadjik, le Turkmène, le Nouristan vivent chacun comme
vivaient ses ancêtres …/…
…/… La vigueur
et la noblesse des traits (ce peuple est l’un des plus beaux du monde)
l’harmonie des mouvements, la couleur des étoffes s’accordent à cette dignité
instinctive de pâtre, de paysan, de montagnard, de guerrier, de nomade …/…
…/… Le climat
est dur : torride en été, glacial en hiver. La terre est ingrate, hérissée
de montagnes et coupée de déserts. La vie est malaisée pour la plupart des gens ».
Kessel terminait en ces termes :
« Pourtant à cause de la fierté et de la bravoure et du sourire de
son peuple, j’ai toujours trouvé, au fond de l’évasion la plus complète, un
étonnant échange humain, une rare et virile sécurité ».
Pierre Schoendoerffer avait découvert l’Afghanistan avec Kessel, à son retour d’Indochine. Pendant 7 mois ils sillonnèrent les pistes. Il raconte, dans l’introduction à un reportage :
« La nuit il nous arrivait de camper dans une tchaïkhama,
roulés dans de grands manteaux qui sentaient le mouton et le rire des chacals
nous tenait éveillés …/… C’était l’Islam primitif, le Haut Moyen-Âge …/… Ce que
j’avais pressenti était vrai. L’Afghanistan c’est le ciel, c’est la pierre,
c’est la nudité de l’âme et c’est Dieu. »
Ils n’avaient pas menti. Ce qu’ils avaient aimé nous était disponible. Je ne vous raconterai pas notre traversée du pays, en un taxi conduit par un chauffeur infatigable et rieur.
La plongée dans le passé, dans un autre univers, tenait d’abord au paysage, superbe, grandiose, un mélange incroyable de beauté : des montagnes, des cols, des vallées, des déserts, des oasis, des steppes, des sites fantastiques comme les lacs étagés de Band-i-Amir, les bouddhas de Bamyan. Il ignorait tout ce qui chez nous le souille : publicité, panneaux en tout genre, papiers gras, sacs plastiques, autoroutes, rails, zones industrielles, parkings, centres commerciaux, restaurant, hôtels, cinémas. Les routes étaient des chemins améliorés, pas toujours carrossables. On y croisait plus souvent des ânes, des chameaux et des chevaux que des bus, des camions ou des taxis.
Les habitants étaient à l’unisson. Les hommes étaient habillés de manteaux, enturbannés ou portant parfois un bonnet curieux que l’on a appris depuis à connaître. Les femmes, elles – quant on en voyait en ville – étaient des spectres recouverts des pieds à la tête d’une sorte de cagoule plissée bleue, avec un petit grillage brodé devant les yeux. Dans le Turkestan au Nord nous en avons vues non voilées avec des hautes coiffures compliquées qui rappelaient le hennin de notre Moyen-Âge.
Les scènes de la vie dans les villages, les campagnes étaient aussi d’une autre époque. Nous voyions de la route des paysans battant leur blé à coups de fléaux, des ânes tournant dans une meule pour écraser le grain. Dans les villages, un artisanat de première nécessité fabriquait devant le client les ustensiles du ménage, les outils pour les champs, la bourrellerie, les tissus. Cela se faisait sans mécanisation, à la main, avec adresse, débrouillardise et une efficacité confondante.
Dans les magasins en souterrain de la Khyber Pass il y avait même des ateliers où l’on fabriquait sans machine-outil des fusils, des pistolets qui armaient jusqu’aux dents les Pachtounes de l’endroit. Leur activité, à ce moment-là paraissait pourtant pacifique et surtout consacrée au change du dollar et de la monnaie locale.
Nous n’eûmes pas l’occasion d’assister au fameux bozkachi, cette joute à cheval entre deux équipes qui se disputent le corps d’une chèvre en automne et en hiver dans les plaines du Nord ni de voir les combats d’animaux dont ils sont friands : combats de chiens, de béliers, de chameaux, de coqs, de perdrix.
L’amusement n’est pas, de toute façon, la préoccupation principale, la grande affaire est la religion, l’Islam. Cela se voit à la beauté et à la grandeur des mosquées. Les afghans sont pour la plupart des sunnites, fidèles à l’orthodoxie traditionnelle et leur vie est régie par les cinq piliers de la foi. La discipline est contraignante et la société l’impose. J’imagine que leur dévotion s’apparente à celle de nos aïeux quand la peur de l’enfer faisait des religieux les maîtres des âmes et des corps. Ils en étaient encore là mais ne paraissaient pas en souffrir. Leurs femmes, des ombres, n’avaient manifestement pas le droit d’exister en dehors de leur maison. C’étaient ces aspects qui nous rendaient les afghans singulièrement étrangers. Il y en avait d’autres qui nous auraient rendu difficile de vivre leur vie : le poids des traditions, de la famille, la difficulté de se soigner, une pauvreté généralisée subie plus qu’acceptée car l’histoire n’aurait pas été, par la suite, ce qu’elle fût. Il leur fallait survivre dans un combat contre le froid de l’hiver, la chaleur de l’été, la sécheresse, la faim, la soif, la maladie. Ils devaient y faire face avec les moyens qu’avaient nos ancêtres, dans les campagnes, dans l’Ancien temps. Ils étaient dérisoires et on l’imagine pour s’en effrayer aussitôt. C’était cela qu’ils vivaient au vingtième siècle, sans beaucoup d’atténuations pour la majorité. Elle s’en accommodait avec courage et orgueil, sans mendiants, sans le reprocher aux autres.
La suite du voyage, en Inde, au Cachemire fut riche et passionnante mais le souvenir de l’Afghanistan resta éblouissant.
Décembre 1978. Le 31 décembre, venant de San Francisco par la route, on arrive à Las Vegas. L’arrêt ne pouvait être évité. Vegas est un aimant trop puissant. Il fallait de toute façon confronter nos a priori à la réalité. Le choc est rude, une apparition dans le désert, une créature incongrue qui surgit puis s’impose au milieu d’un rien que n’en demandait pas tant.
Le culte du lieu est le jeu et surtout l’argent, son sous-produit, un dieu pour l’Américain. Sa religion l’encourage à aimer cette valeur synonyme de pouvoir, de respectabilité, de confort. Dans ce contexte Las Vegas prospérait et prospère encore plus. Le principe est le même que celui de Wall Street. Il faut prendre des risques pour devenir riche. L’ambiance seule est différente, comme le décor. Les traders, les courtiers sont remplacés par des croupiers, des croupières. Les écrans de cotation sont des tables de blackjack, de poker, de roulette et les machines à sous, innombrables, en batterie, en série.
La passion y est plus primitive car l’argent se voit, se manipule, se perd, se gagne, sans intermédiaire. Elle se déchaîne, s’expose, explose dans un tintamarre feutré, le cliquetis de machines à sous, des cris de gagnants. Tous les moyens sont bons pour l’amplifier, associer le jeu à la fête et occuper les esprits par un spectacle permanent, omniprésent qui ne permet pas de réfléchir. Les publicités immenses, scintillantes, sans possibilité de les ignorer invitent aux spectacles de cirque, de music-hall, de variétés, de cabarets, de magiciens. La distraction est pour tous les âges, tous les besoins. Les "brothels" - out of town - ont une publicité tout aussi agressive et allèchent le client en proposant une marchandise fraîche, jeune, médicalement vérifiée et approuvée, toutes provenances. La satisfaction est garantie.
Cette débauche d’"entertainment" a une mise en scène et des décors à sa démesure. Les casinos rivalisent de hauteur, de grandeur de lumières, de jets d’eau. Ils impressionnent non par leur beauté mais par la volonté d'en imposer, d’abasourdir.
Les foules qui s’y engouffrent prouvent que les concepteurs, les investisseurs avaient raison. A l’intérieur le spectacle est à la mesure du dehors, la foule est innombrable. La plus nombreuse s’agglutine sur les bandits manchots, ces machines à sous qui portent bien leur nom. Solitaires, les yeux rivés à l’instrument, perdus dans leurs bulle, ils activent mécaniquement le levier pendant des heures, des jours, des nuits, indifférents au reste, dépensant jusqu’à se ruiner. Ils sont de tout âge, fatigués, indifférents à toute logique, pitoyables, désespérés, désespérants.
30 ans plus tard je sais que parcourir l’Afghanistan ou séjourner à Las Vegas c’était faire l’impossible voyage dans l’espace-temps. Dans le même monde, au même moment, il était possible, dans le début des années 70, de vivre dans des univers dignes d’une uchronie. Dans l’un vous plongiez dans un Moyen-Âge mystique, religieux, archaïque, peuplé de tribus vivant de troc, de l’agriculture, de l’élevage, fiers, pauvres, dans un milieu rude, se déplaçant à pied, à cheval, à chameau. Dans l’autre, à quelques milliers de kilomètres, dans une ville rutilante, dégoulinante de watts, de couleurs, de bruit, de voitures s’agitent des hommes, des femmes, souvent obèses, obsédés par leur apparence et avides de consommer, de jouir, d’assouvir des envies, des désirs d’argent, mâcheurs de gomme, mastiqueurs de hot-dogs, buveurs de coca, de bière, survoltés, fascinés par des machines à sous, des tapis verts. Cette foule prisonnière d’un système qui la dévore, d’une gaieté qu’on lui fabrique m’avait laissé de la tristesse, du dégoût et consterné à l’idée que ce mirage avait toutes les chances d’être contagieux. C’est pour fuir cette menace que ma femme et moi quittâmes très vite Las Vegas avec l’impression d’avoir transité par un monde surréaliste, futuriste, habité par des humanoïdes auxquels on aurait donné l’autorisation de s’amuser pour quelques heures dans un univers artificiel où ils auraient le droit de perdre leur argent en espérant en gagner.
Pour un voyageur, se confronter à des mondes différents ailleurs que dans le confort de sa bibliothèque est la raison de son départ. Il compare son univers avec celui d’un autre. Le choc et intime. Il n’a pas de conséquence. Revenons aux deux pays où nous nous sommes invités. Tout les oppose : l’histoire, la religion, les valeurs, l’art de vivre. L’un vit dans le dénuement, accepte son sort car il n’a pas le choix. L’autre a conquis l’opulence, est obsédé par l’argent, la satiété. Le premier ne craint pas la mort, le deuxième en a peur.
La guerre, pour l’Afghan, est un état auquel l’histoire l’a préparé. Même en paix, il se déplace armé, poignard à la ceinture, fusil en bandoulière. Il a lutté contre les Aryens védiques, contre Cyrus et Darius, Alexandre, les Omeyyades venus de Damas, Gengis Khan, Tamerlan. Trois fois il fit la guerre aux Anglais qui s’en souviennent. Les Soviétiques regrettèrent leur invasion.
L’Américain ne rechigne pas non plus à la guerre. Il la préfère quand il est sûr de gagner. Son rêve impossible est de la faire sans en mourir.
Rien ne prédisposait les deux peuples à se rencontrer puisqu’ils vivent dans des mondes parallèles. Le sort, la malchance, la folie humaine, sa politique a permis l’impossible. Leur trajectoire s’est confondue. Le choc a eu lieu. Les deux univers ne se sont pas reconnus. Ils se sont déclarés ennemis et depuis ils se tuent. On ne peut imaginer des adversaires plus disparates. L’un vit dans un monde féodal, guerrier, fanatique. L’autre, sophistiqué, consumériste vit dans un monde douillet qui ne sanctifie pas la mort de l’incroyant. L’un rêve de corps à corps, l’autre de guerre presse-bouton. Ce dernier a toujours été battu quand il est allé, au loin, s’attaquer à plus petit, plus maigre, plus pauvre.
La partie est inégale car l’Afghan est irréductible et il combat chez lui. Il y vit depuis toujours dans la misère, l’orgueil, la dignité, la liberté, la privation et il n’a peur de rien. Sa religion est sans doute un fardeau, c’est du moins de la sorte qu’elle nous paraît, mais il en fait une force. En face il y a Las Vegas et un peuple gavé, gras, dont l’argent est le premier des dieux et lui permet beaucoup. Il oblige ses malheureux soldats et leurs mercenaires à se battre en terre inconnue contre une armée de Djinns. Pour ceci et cela la fin ne sera pas heureuse car il ne fait pas le poids malgré son PIB, sa science, sa scientologie, son lard.
LES RISQUES DE LA DISCRÉTION
Quand il veut gémir, crier, hurler, l'intraverti se tait. L'explosion est intérieure. Bonjour les dégâts!!!
lundi 16 août 2021
LA FOI
Croire est l'option irrésistible à laquelle succombent ceux qui ne résistent pas à l'appel de leur imagination.
DE TOUT UN PEU
La terre est plus cultivée que bien des gens que je connais.
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Deux choses nous retiennent à la terre: la vie et la pesanteur.
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Ceux ne savent pas en profiter ont de la malchance dans leur bonheur.
JEUX DE GRAND AIR
La bête de sexe n'est pas le seul à s'envoyer en l'air. Il y en a plein d'autres qui en sont coutumiers, par exemple
- l'homme-canon,
- l'aviateur, le spationaute,
-le sauteur à la perche, à ski,
-le plongeur de haut vol.
Mais le seul à ne pas retomber sur terre reste le démineur malchanceux.
dimanche 15 août 2021
LES RICHES NATURES DU CYNIQUE
Pour dompter ma nature sauvage, je n'ai pas besoin d'un baton, d'un fouet, une camisole de force me suffit.
SOLDATS
Le métier de soldat consiste à tuer un ennemi dont on a entendu parlé pour l'empêcher de vous tuer . C'est une course de vitesse entre deux gladiateurs dont les armes d'estoc sont remplacées par des fusils, des mitraillettes, des canons, des bombes atomiques.
Que nous a fait le Dieu des religions monothéistes pour mériter le tribut qu'elles lui rendent? Quelles sont les raisons d'un tel hommage ? Parce qu'il nous a créé, répondent-elles et comblé de ses bienfaits. Énumérons rapidement de quoi on est redevable à ce bienfaiteur de l'humanité: les maladies, la douleur, les névroses, la peur, les frustration, l'angoisse, l'anxiété, la faim, la soif, la misère, la honte, la colère, la pauvreté, le froid, le chaud. Faut-il le remercier pour l'abondance de toutes les bonnes raisons qui nous font regretter d'être vivants et a-t-il besoin d'adoration pour satisfaire un ego à la mesure de son infinité? Un tel dieu contredit son idée et on ne peut y souscrire. Il ressemble trop à ceux qui l'on créé à leur image.
samedi 14 août 2021
CQFD
LA MÉMOIRE DE GAÏA
Elle est même hypermnésique et se rappelle de toutes les infamies que l'homme lui a fait subir depuis son apparition en l'an - 2.700.000 avant J-C. Espérons qu'elle ne soit pas rancunière.
CETTE CHIENNE DE VIE
vendredi 13 août 2021
IMPITOYABLE
DE TOUT UN PEU
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jeudi 12 août 2021
DISCOURS DE L'ANGÉLUS
ÉSOPE AVAIT RAISON
mercredi 11 août 2021
OLYMPISME À LA FRANÇAISE
Il lui serait facile de décrocher le cocotier aux prochains jeux de Paris - si la fin du monde n'est pas advenue - en imposant que soient disputées quelques épreuves où nous sommes les seuls à briller ou qui fassent appel à l'intelligence, à la mémoire, aux sens artistiques plutôt qu'à la barbarie avec la boxe, la lutte, le karaté, le marathon et tous les sports qui exaltent la force brute, l'épaisseur du muscle et la ressemblance animale.
Ainsi il ne tiendrait qu'à nous que l'on compète dans:
- la boule de fort,
- le lancer de bouchon de champagne et de pavés,
- la belote,
- le french-cancan,
- le tirage au but à l'aveugle,
- le défilé de manifestants ou de mannequins,
- un triathlon artistique avec une improvisation à la trompette, à l'accordéon et à l'harmonica,
- une épreuve de calcul mental,
- une dictée façon Pivot,
- pour ouvrir les jeux aux enfants qui en sont les grands spécialistes, on pourrait délocaliser sur la plus belle plage du monde, à La Baule (44), un tournoi de chateaux de sable en lieu et place des épreuves hippiques qui sont attentatoires à la santé des équidés.
Je garde pour le comité olympique français quelques suggestions. Cependant notre sens de l'hospitalité, notre souci de faire plaisir à toutes ces nations avides de médailles, notre appétence pour les perdants me font craindre, tout en la comprenant, la décision terminale du ledit comité.
LE CYNIQUE DIT TOUT
mardi 10 août 2021
ATTENTION...C'EST DU LOURD
Les idées, les pensées, les théories, les philosophies, les religions, les idéologies, les politiques, les sermons, les discours, les romans, le cinéma, le théâtre sont de la fiction issue de l'imagination. C'est virtuel, irréel, hypothétique, inexistant et, cependant, il y en a, parce qu'ils n'ont pas d'imagination, qui croient que c'est la réalité.
ÔTEZ-MOI DU DOUTE
Le doute est la position confortable que prennent ceux qui n'ont pas d'opinion. Elle est tranchée chez les oui et les non qui, assertifs, savent ce qui est bien ou mal , même s'ils n'en sont pas sûrs.
DE TOUT UN PEU
Une enveloppe est un emballage perdu.
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Le plongeur est un nageur sous-marin.
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Quand l'inertie des uns s'ajoute à celle des autres, l'ensemble ne peut avancer.
lundi 9 août 2021
LE PROGRAMME DU CYNIQUE
Tous les matins, quand je me réveille, vers 7 heure, j'établis mon programme de la journée et fais la liste des urgences qui m'attendent mais, au nom du principe de précaution et pour faire de la prévention, je préfère me reposer avant d'être fatigué et je me rendors.
STAKHANOVISTE
Le travailleur complet est un penseur qui, les mains rivées au guidon, les pieds calés sur les pédales, monte le Galibier à vélo.
dimanche 8 août 2021
DE TOUT UN PEU
Se lever du pied droit prédispose la journée à être bonne.
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Il faut supprimer les détails, l'un peut être fatal.
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La ligne d'horizon du grand myope est au bout de son nez.
samedi 7 août 2021
ÉCOUTONS CASSANDRE ET TREMBLONS
L'EXPLICATION
vendredi 6 août 2021
LA QUESTION
DIEU ET LES ÉGLISES
jeudi 5 août 2021
LES DEVOIRS
Les plus importants sont ceux que l'on se doit car l'on est la personne la plus importante du monde même si nous sommes les seuls à le savoir.
Il y a les devoirs élémentaires qui doivent être rendus au corps. L'outil est fragile, doté d'une vitalité naturelle qui doit être entretenue. Il a besoin d'un entretien quotidien qui le garde propre avec nettoyage, brossage, lavage, lessivage. Il faut le garder au chaud et l'habiller en conséquence, l'alimenter avec trois repas de façon équilibrée. Sa force et sa forme en dépendent. Omnivore, sa consommation de lipides, glucides, protides sera variée et de qualité biologique. Son corps est le fidèle serviteur de l'esprit et leur rapport est fusionnel.
Le mental, reflet de l'esprit qui commande le corps et lui dicte sa conduite exige un effort encore plus considérable. Son importance n'a pas de limite puisqu'on lui doit aussi la conscience d'exister. Nos devoirs envers lui sont donc doublement impérieux et il faut le mettre à la hauteur des ambitions qui nous animent. Il se doit d'être performant, chercher le bien, le bon, le beau. Pour y parvenir, il lui faut:
- connaitre ls grands penseurs pour avoir de belles pensées.
- apprendre ce que les savants ont compris, lire les bons écrivains, écouter la belle musique, regarder la belle peinture. Pour être sûr de faire les bons choix, il devra developer son sens critique pour évaluer leur degré, éliminer le laid, le faux, le mauvais, résister aux escrocs, aux menteurs, aux faux prophètes. Ses devoirs remplis, il devra comprendre qu'il n'est pas dans une fourmilière, une termitière, une ruche, un harde, une horde et qu'il doit conserver son indépendance d'esprit, sa liberté d'agir. Ce besoin est unilatéral, les autres n'ont pas besoin de lui, personne ne s'apercevra de sa disparition, sauf les quelques qu'il aura côtoyé, aimé et son souvenir s'évanouira pour toujours dès qu'ils seront partis.
Le devoir altruiste est intéressé, commercial, à base de services rendus. Il nous fournit ce que nous n'avons pas. Il nous alimente, nous fait travailler. Notre devoir est donc de considérer les autres avec la même sympathie qu'ils nous doivent.
Pour conclure sur une note positive, on peut dire que nous nous devons plus que nous devons aux autres même s'ils veulent nous faire croire le contraire.
mercredi 4 août 2021
LE CYNIQUE EST COMPRÉHENSIF
C'est parce que je suis habitué à moi depuis longtemps que j'arrive à me supporter. Je comprends ceux qui me connaissent depuis peu.
mardi 3 août 2021
lundi 2 août 2021
ON LE SAURA BIENTÔT
Si le passé redevient présent dans le futur comme le prétend l'adage"l'histoire est un éternel recommencement", je me demande dans quelle période on se trouve aujourd'hui. Est-on
- au temps des jeux du cirque de la Rome décadente avec les olympiades?
- au temps des guerres de religion ?
- en 1788, en phase prérévolutionnaire?
- au début de la revanche de la Chine qui veut effacer son humiliation de l'époque de la guerre de l'opium et du sac du Palais d'Été?
- au début d'un changement climatique comme cela s'est déjà produit durant les ères primaire, secondaire, tertiaire et quaternaire?
On le saura bientôt.
LE CYNIQUE PASSE À CONFESSE
Moi, l'ami des bêtes, le défenseur des animaux, quand je me régale d'une côtelette d'agneau ou d'une escalope de veau, je me traite d'ignoble salaud, de menteur hypocrite et pourtant ça ne me coupe pas l'appétit. Qui suis-je ?
dimanche 1 août 2021
SI
ET DIEU DANS TOUT ÇA
L’HUMANITÉ DÉNATURÉE
La religion spectacle tient sa grande messe olympique. Elle va permaner 15 jours, reléguant guerre et paix aux faits divers. Les grands prêtres essaient de chauffer les badauds, s’émerveillant de tout, discourant de rien.
Condamnés à s’extasier, ils ne désespèrent pas de rendre contagieux leur enthousiasme de commande. Ils sont au service d’une mythologie qui fonctionne encore. Elle est entretenue par tous les partis pris et les parties prenantes. Cela fait beaucoup. Les États investissent sans compter dans le sport de compétition, moyen politique de montrer leur excellence dans la culture de l’homme. Le sport cultive d’autres valeurs : volonté, courage, goût de l’effort qui, ayant disparu du tout-venant, font croire - puisqu’on les exalte - qu’elles appartiennent toujours au patrimoine.
Les marchands sont les vrais moteurs et les vainqueurs. Ce sont eux qui entretiennent la flamme. Elle leur rapporte beaucoup : de l’audience, donc de la publicité, des spectateurs prêts à payer, des produits dérivés, des investissements en tout genre. Les sommes sont colossales, les gestionnaires se servent au passage. Les artistes reçoivent leur part.
Les fidèles sont nombreux, pris au piège de l’hystérie fabriquée. Ils vont se croire capables de sauter plus de 2,30 mètres, devenir le bolide chaussé d’Adidas qui file le 100 mètres en 9 secondes et des centièmes, bondir de plus de 9 mètres, nager aussi vite qu’un marsouin. Eux, les fatigués à l’idée de marcher, qui n’aspirent qu’à ne rien faire, ils savent bien qu’il faudrait bouger pour faire moins de gras mais, incapables de s’obéir, ils préfèrent rêver.
Leur rêve est de faire aussi bien que les athlètes galvanisés par la foule qui les oblige à des efforts surhumains. Ces jeux ne me font pas rêver. Je ne les vois pas en rose : ni foire, ni farce mais bien pire, ils reflètent l’état des lieux.
Ce n’est pas de l’activité ludique, divertissante, facteur de bien-être, de santé, d’esprit d’équipe, de force, d’adresse dont je parle. On la pratique en dilettante ou en passionné, en aparté, en amateur, aux heures libres, pour se faire plaisir, mais du sport professionnel où on s’engage à plein temps, pour la vie. On signe des engagements, on contracte des obligations. Le but est de gagner, d’être le premier. L’ambition de cette vocation est le paradis, comme toujours. Il est terrestre et a des séductions. La première est d’être le premier et d’assouvir une volonté de puissance. Zarathoustra en exprime toute la mécanique quand il parle de la victoire sur soi : « quand le plus grand de tous entre en lice à son tour, il prend sur lui risque et péril, c’est une partie de dés avec la mort ».
La sélection naturelle a fait le tri et seuls sont acceptés les êtres aux qualités physiques et mentales à la hauteur de leurs prétentions. C’est sur ce support exceptionnel que va s’organiser un travail forcené. Chaque jour est consacré à l’entraînement. Des pays organisent de véritables usines où les postulants, apportés dès l’enfance par les familles, sont épuisés pour que ne surnagent que les quelques uns que la nature a dotés du plus qui fait la différence. Ils entrent dans un cycle où c’est le chronomètre, la perfection d’une pirouette, d’un salto arrière ou la distance d’un lancer, les kilos soulevés qui décident de la réussite d’une vie. Ils auront à surmonter souffrances, blessures, fatigue, découragement pour relever le défi permanent : progresser pour se surpasser et dépasser les autres.
Le corps est un outil pour tout le monde. Du prédicateur au chirurgien, du chercheur au plombier, chacun l’utilise au gré de son besoin. Ce qui impressionne chez l’athlète de haut niveau c’est que ce n’est pas un corps offert, exposé, moyen pour fabriquer de la pensée, un bijou, une maison, ce n’est pas la voix du soprano, les doigts du pianiste, la main du tailleur de pierre. Eux aussi ont acquis par l’entraînement, la répétition, la souffrance une connaissance, une expertise, voire une quasi-perfection. L’effrayant chez les rois et reines de l’athlétisme, de la natation, de l’haltérophilie, de la gymnastique est que la culture du corps a une seule fin : le mettre en état de domination.
Cette activité ne s’inscrit pas dans une histoire naturelle : l’exploit attendu serait impossible à réaliser sans un entraînement spécial. Mais, surtout, la finalité de cette performance à laquelle on dédie sa vie, est dérisoire, insignifiante. Instantanée, elle disparaît aussitôt faite, peut s’inscrire sur la pupille, dans la mémoire si le geste a été beau, élégant mais l’important est la place qui, coûte que coûte, doit être la première.
L’exploit physique produit une perversion des valeurs qu’il suppose. Mobiliser autant d’énergie, de discipline, de volonté, de souffrance, de blessures pour un but si mesquin atteint la folie. Transformer sa vie et son corps pour courir plus vite, sauter plus haut, jeter plus loin, soulever davantage, revient à développer de façon obsessionnelle la dimension animale du corps. Vouloir le faire rivaliser avec l’animal sauvage est une prétention que l’homme, ce malheureux bipède impuissant n’arrivera jamais à atteindre. Consacrer sa vie à un challenge si médiocre est pitoyable.
Ces sportifs n’ont pas l’apanage de la volonté de puissance, du désir de la réussite et de la célébrité. Un président, un général, un pape l’ont aussi. L’amour de l’effort physique n’a rien d’anormal. Accéder à la première place est l’ambition de tous les élèves de l’ENA et de Polytechnique, accéder à la gloire, à la Une de l’Express, à la fortune, est le rêve de beaucoup.
Il n’y a rien de déshonorant à choisir ce média plutôt qu’un autre. La vie du champion à l’entraînement est même décrite sur le ton de l’admiration car elle combine patience, abnégation, discipline, volonté. La capacité de s’imposer des séances répétitives, vaincre la fatigue, la routine, suivre une hygiène alimentaire, des règles de conduite donne une dimension ascétique et esthétique quasi surnaturelle à la vie de ces athlètes. Ils apparaissent comme des êtres d’exception tant leur comportement diffère du vulgus pecum incapable de la moindre discipline dans tous les domaines. Ils acceptent aussi d’avoir leur vie administrée par des équipes de spécialistes qui décident et organisent.
Ce tableau idyllique du professionnel pur et dur ne devant sa supériorité qu’à son seul mérite est encore complaisamment dessiné par les thuriféraires inconditionnels. Il appartient à un passé dont on n’en connaît pas trop l’ancienneté car les débuts du dopage entrent dans un flou qui évite de poser des questions embarrassantes. Aujourd’hui il n’y a plus de doute : les limites physiologiques ont été atteintes et l’entraînement doit s’appuyer sur des propriétés supplémentaires, extranaturelles.
Tous les moyens sont devenus bons pour atteindre la plus haute marche du podium. Peu importent les conséquences.
En 1983, aux États-Unis, à la question : « Prendriez-vous des drogues qui feraient de vous des champions olympiques à coup sûr mais risqueraient d’entraîner la mort dans l’année qui suit ? », 50% des athlètes interrogés ont répondu par l’affirmative (cité dans « Jeux Olympiques, la flamme de l’exploit » F. HACHE, Découvertes Gallimard, Paris 2008, p. 150). Le travail des médecins paraît devenir plus important que celui des entraîneurs, l’un préparant le corps pour l’autre : grossesses programmées et interrompues pour augmenter le volume sanguin et l’oxygénation ; hormones mâles et de croissance pour augmenter la masse musculaire ; EPO pour augmenter le volume globulaire ; travail en caisson, en altitude, vibrations mécaniques et d’autres techniques dont on ignore tout.
Le respect du corps que l’on contraint pour qu’il exprime sa plénitude a disparu. Le verrou a sauté sous la pression des intérêts : ceux de l’argent à gagner et à faire gagner ; enjeux politiques des États qui trouvent dans le sport un exutoire et un renom ; enjeu de puissance pour l’individu, la nation.
Notre société applaudit à un spectacle où s’agitent des hommes, des femmes dont la musculature, les valeurs, l’ambition sont clairement révélés et ne laissent place à aucune ambiguïté. Elle sait que les vainqueurs seront ceux qui auront été non seulement les plus forts mais aussi les plus habiles à mentir sur les moyens qui leur ont permis de gagner.
C’est l’évolution de cette humanité-là qui nous intéresse et à laquelle une olympiade sert de révélateur. Elle nous paraît traduire un affaiblissement de la morale sociale et un abêtissement de l’humanité. Il est difficile de ne pas, alors, se référer au livre de Vercors « Les animaux dénaturés ». Immédiatement qualifié de conte philosophique voltairien, il dut son succès aussi à sa forme plaisante, pleine d’humour et d’ironie. Paru en 1952, au sortir des horreurs de la guerre et de l’holocauste, il y posait la question « Qu’est-ce qu’un humain ? ». Vercors tentait d’y répondre en racontant la découverte des Tropis, mi-hommes, mi-singes, dans la jungle de la Nouvelle Guinée. Des experts de toutes disciplines y dissertent à l’occasion d’un procès pour trouver les limites entre l’homme et le singe. L’homme se distinguerait de l’animal par l’esprit religieux. Il signifie esprit métaphysique, esprit de recherche, d’inquiétude, et non seulement la foi mais la science, l’art, l’histoire, la sorcellerie, la magie, etc. Pour Vercors, toujours en prenant exemple sur son groupe de Tropis, le degré d’humanité d’un être reposerait sur la non-acceptation ou la soumission au groupe et son libre arbitre.
On peut regretter qu’un nouveau Vercors ne se lève pas et vienne maintenant nous parler de l’humanité d’aujourd’hui. La logique qui conduit un homme, une femme à se transformer en s’aidant si nécessaire d’artifices potentiellement mortels pour gagner une médaille et celle de la foule qui s’enflamme pose en effet la question de la pertinence de la définition d’Aristote : « l’homme, un animal doué de raison ». Si vous enlevez à l’homme sa raison, que lui reste-t-il?