Je jalouse mon chat. J'envie sa souplesse, la finesse de ses poils qui le couvrent de la queue à la tête mais surtout son art de vivre. Le sybarite le plus achevé n'arrive pas à ses vibrisses. Sa vie se passe à dormir, à rêver, à manger, à méditer, à se promener, à ronronner, à se laisser caresser et, si l'occasion se présente, à s'envoyer en l'air avec une belle passante. Il n'est troublé que par un piqué d'hirondelle, un bang supersonique, un éclair dans le ciel. Aucune mauvaise nouvelle ne le perturbe, aucune catastrophe ne l'atteint, l'avenir le laisse serein, il ne regrette rien du passé. Il vit mieux que Socrate, Épicure et Sénèque réunis. Il ne se soucie de rien ni de personne, ne fait pas de conserves, Ni sourd, ni aveugle, ni muet, sa vie est un long fleuve ponctué de lacs tranquilles, de torrents agités, de belles cascades accompagnées. Pour être juste, j'aimerais qu'il soit moins cynique, moins égoïste, qu'il montre une peu de tendresse aux moineaux, aux mulots, aux lézards et soit plus reconnaissant envers ceux qui, comme moi, lui font du bien.
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