Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


vendredi 22 novembre 2024

L'EXCUSE

L'excuse est une invention merveilleuse du génie humain. Elle est un faiseur de paix sociale, un facteur d'équilibre personnel et l'alibi rêvé pour toutes les erreurs et imbécilités habituelles qui ponctuent de façon permanente l'activité quotidienne. Le besoin est naturel, consubstantiel  et essentiel. Sans elle, la culpabilité serait trop lourde, impossible à porter. Nous serions accablés par notre responsabilité directe, propre et entière. En la déportant sur l'excuse, on s'en libère, on redevient innocent. Le moment le plus dur,  qui demande un effort - tout le monde n'en est pas capable - est celui de l'attente, trouver l'excuse exige un effort de réflexion, de concentration et une connaissance du contexte donc une âme forte, une intelligence supérieure et aussi une absence de scrupule, élément le plus répandu et le moins difficile à exercer. Avec l'expérience, un peu d'entraînement, l'exercice est facile car elle n'est jamais très loin. Elle gîte le plus souvent à portée de main, chez le voisin le plus proche. Par sécurité, en entreprise, on choisira un subalterne pour lui faire porter le chapeau, l'oubli par la secrétaire de la prise du R-V. Si personne n'est disponible, on se contentera d'une excuse classique: une panne d'ordinateur, une erreur de la poste, une grève des aiguilleurs du ciel.  Se trouver une bonne excuse est plus facile, on en connaît intimement l'origine et la cause: un oubli stupide, une faute d'attention, etc.. Elle doit être recevable et acceptable pour la sauvegarde de son propre ego, une valeur inaliénable (il y va du respect que l'on se porte à soi-même). Je conseille l'imputation à la distraction avec l'expression primesautière du meilleur effet "où avais-je la tête?" (éviter le petit doigt en l'air)  quand la faute est légère (du genre marcher sur le pied d'un autre ou fermer la porte au nez). Si elle est lourde de conséquences (rupture de barrage, fuite de gaz radioactifs, évasion d'un multirécidiviste, etc.), elle devra être elle-même conséquente et faire le poids. La dentelle n'est plus de mise, il faut frapper fort pour tourner l'attention ailleurs que sur vous. Dans cette conjoncture délicate, je conseille l'arme lourde, la forteresse volante, la Grosse Bertha, prenez de la hauteur en accusant la qualité du ciment utilisée dans les fondations, l'incompétence des soudeurs de la canalisation et l'insuffisance du contrôle-qualité malgré vos recommandations, le manque de personnel de surveillance dans nos prisons de haute sécurité doit être attribué au ministre des finances qui refuse depuis toujours les crédits indispensable à l'amélioration de la carcéralité. 

Usez cependant avec sagesse et parcimonie de l'excuse. Elle n'est pas toujours bonne à dire, peut se retourner et aggraver la situation. Choisissez la bonne de préférence, elle donne de meilleurs résultat à court, moyen et long terme. Mais c'est vous qui voyez.

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