Hier, la conversation avec un
ami de passage a dérivé sans que je sache pourquoi sur la barbe. Il avait à
dire sur le sujet et je l'ai écouté avec intérêt. Je transcris son discours.
Ses propos n'engagent que lui et je décline toute responsabilité.
"Le genre
masculin se divise en deux catégories : les imberbes et les barbus.
Seuls les barbus
sont intéressants car ils révèlent beaucoup. J'exclus les barbus religieux, ils
affichent leur dangerosité et leur superstition.
Les barbus civiles
et laïques sont une mine d'or et se confessent sans le savoir avec une
inconscience qui en dit long sur leur état.
Les raisons de
l'affichage de la barbe peuvent être d'ordre pratique et l'on a :
- le paresseux. Il
répugne à se fatiguer pour tout et en particulier pour se raser.
- l'avare. Il ne
veut pas dépenser de l'argent pour acheter des rasoirs, de la mousse à raser,
de l'after-shave ou pour aller chez le barbier se faire raser.
- le très occupé.
Il n'a le temps de rien et donc pas celui de le perdre à se raser.
- le peau fragile.
Elle ne supporte pas le feu du rasoir.
- le délicat, il a horreur de voir le sang couler.
Il tombe dans les pommes. On comprend son problème. L'excuse est valable.
- la cause la plus inavouée et la plus fréquente
est la disgrâce physique ou supposée telle : menton fuyant ou absent, double
menton, cicatrices d'acné juvénile, eczéma suintant etc. La barbe, en venant
cacher joues et sous-lèvre inférieure, masque habilement ce qui fâche. Elle
permet d'éviter le recours à la chirurgie esthétique très chère, douloureuse et
risquée car la partie à réparer suppose une greffe prise ailleurs et refaire
une houppe mentonnière n'est pas à la portée de tous les chirurgiens qui font
dans la plastique. Une belle barbe remplace donne ainsi à l'handicapé du menton
le menton en galoche de ses rêves .
Pouvant
s'additionner à ces raisons économiques, physiologiques, physiques, assez
logiques, il faut aussi parler des autres qui, hélas, ne font pas du barbu un
individu très sympathique".
Je suis obligé de faire un
aparté car mon ami aborde un aspect de la barbe qui pourra choque les barbus
qui ont, personnellement, toute ma sympathie et avec lesquels je ne veux pas me
fâcher, n'ayant rien à leur reprocher. Que cela soit clair. Je redonne la
parole à mon ami.
"Être barbu,
c'est afficher ostensiblement que l'on se proclame super-viril. La barbe est un
caractère sexuel secondaire qui apparaît à la puberté et en relation directe
avec le taux de testostérone. C'est donc une façon que la décence ne condamne
pas de montrer un attribut pileux à défaut de l'autre. Je n'épiloguerai pas,
par pudeur, sur le signifiant freudien d'une exhibition de ce genre, sauf pour
dire que la barbichette qui coiffe le bout du menticule et qui s'appelle aussi
bouc laisse le même message subliminal en direction du beau sexe. On est dans
la publicité façon Decaux, hélas pour lui, trop souvent mensongère.
Mais la barbe
n'est pas du seul domaine du sexologue et du publicitaire, elle est aussi
l'affaire du psychanalyste, du psychiatre et du psychologue et un traité en
trois volumes n'épuiserait pas le sujet. Je me contenterai de reprendre la
théorie d'un lacanien de stricte obédience qui fait de la barbe un cache-visage
et un anti-miroir. Le barbu a quelque chose à cacher. Serait- timide ? Non bien
sûr, car il ne proclamerait pas qu'il a un secret, donc il n'en a pas. C'est là
son drame : il veut faire croire qu'il a un secret alors qu'il n'en a pas, ce
que tout le monde sait".
Encore une fois, je me dois
d'interrompre le fil du discours de mon ami pour dire que l'opinion qui vient
d'être exprimée est celle émise par un psychanalyste et que l'on sait
maintenant ce que l'on doit penser, avec monsieur Onfray, de cette
pseudo-profession.
"La barbe est
un masque qui permet au barbu d'affirmer ses sentiments, d'afficher son
sex-appeal mais aussi de revendiquer une sagesse, des connaissances, une
profondeur dans la pensée qui le met au diapason des barbus de l'antiquité, des
sages de l'orient et de Zeus même. Le barbu ne doute de rien, c'est là son
moindre défaut comme disait de lui La Fontaine.
Le barbu est, on
le voit, un monsieur complexe, complexé et dont la richesse intérieure a du mal
à s'exprimer au travers de sa barbe. Mais heureusement pour lui et c'est une grâce
d'état, le barbu est complètement inconscient et il a de si bonnes raisons
connues de lui-seul qu'il ne se fait de souci pour rien : ni de l'image qu'il
donne de lui-même ni de l'inconfort qu'elle lui provoque avec des démangeaisons
dans le cou, une difficulté à boutonner le col. Il se moque des dangers de son
embrassement sur les deux joues pileuses, du dégoût que créent les reliquats de
ses précédents repas et de la faune qui s'abrite dans ses poils enchevêtrés :
poux, puce, tiques, araignées, lézards, escargots de bourgogne et autres
cancrelats qui peuvent transmettre de sales maladies à son malheureux
entourage".
Je me suis contraint à stopper
le délire de mon ami qui avait été trop influencé dans sa jeunesse par
l'émission de Francis Blanche et Pierre Dac "MORT AUX BARBUS"
et je l'orientai sur son autre thème de prédilection : la culture hydroponique
des cucurbitacées et dont je vous entretiendrai un autre jour.
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