Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


lundi 14 décembre 2020

LE GÂTEAU AU CHOCOLAT

Un rien suffit à certains. À moi, il  faut beaucoup. Ainsi, pour  mon gâteau au chocolat favori, j'ai besoin de 120 grammes de  sucre, 120 grammes de chocolat noir à 70 %,  60  grammes de beurre et trois œufs. Ces 4 ingrédients mobilisent autour du monde une foule qui œuvre à ma satisfaction gourmande avec un zèle dont je les remercie et un débours modeste de ma part. Jugez-en:

- un élevage industriel de poules pondeuses de la région de Loué (France) fait vivre des milliers de cocottes, en plein air, le jour, à couvert la nuit pour me fournir des œufs d'une qualité biologique. Des dizaines d'employés, des secrétaires, des manutentionnaires, une comptabilité, un sous et un sur-directeurs dirigent cette armada affairée à fournir son produit exclusif.

- en Normandie, une laiterie recueille le lait de centaines de vaches laitières disséminées dans tout le département pour alimenter en lait entier une série de barattes en ligne qui finiront par accoucher de mes 60 grammes de beurre extra-doux. Ce lait fermier ne coule pas de source mais des efforts conjugués de la mamelle, du pis et du fermier à bout de force, le moral à zéro, les finances en rouge tant la crise du lait le conduit à la faillite.

- le sucre, ce produit vital, riche pour moitié de glucose, aliment énergétique qui active notre moteur cérébral, ne vient pas de l'OPEP ni du schiste mais de nos plaines betteravières. Une armada de machines conduites par des robots et guidées par laser  travaille la terre pour en faire sortir cette poudre blanche finement granuleuse que certains veulent diaboliser alors qu'elle est une bienfaitrice de l'humanité qui sans elle ne survivrait pas.   

- le chocolat, base et prétexte de mon gâteau est originaire d'un grand cru confidentiel situé dans le haut-Equateur, une région de bandits de grand chemin et d'anacondas géants. Cueillies à la main, transportées à dos d'hommes par des sentiers escarpés au flanc des Andes, les fèves arrivent dans un laboratoire secret pour être torréfiées selon une technique  restée la même depuis l'époque maya. Elles sont enfin vieillies et traitées par un chocolatier de la rue de la Paix, à Paris (France) avec un raffinement dont je remercie le maître, meilleur ouvrier du monde et prix Nobel de chimie.

Ces produits seraient restés où ils sont nés si je ne les avais pas trouvés dans les rayons du supermarché le plus proche de mon domicile. Le rayon n'est que l'ultime étape d'une chaine alimentaire qui trouve sa culmination dans ce magasin qui les met à la disposition de sa clientèle au prix d'une organisation colossale et d'une infrastructure énorme 7 jours sur 7.

En cinq minutes, je fais fondre, monte en neige, touille et cuit à feu doux 16 minutes ce gâteau au chocolat qui, quoique bon, ne valait pas les efforts de tous ces malheureux  se tuant à la tâche pour si peu.

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