Les sensations, les émotions, les sentiments, les idées, les pensées ont des besoins pour exister et impressionner les centres nerveux spécialisés. Ce ne sont pas de purs esprits, ils ont faim et soif et doivent s'alimenter. La nourriture est apportée par la circulation du sang qui utilise des voies de communication, les artères, qui mettent en relation la cellule et les centres dédiés à sa satisfaction de l'instant. Il y a l'usine hépatique, un complexe chimique très sophistiqué qui sélectionne, raffine, épure tout ce que lui amène la veine porte. Il y a, sur une voie annexe, les lobes pulmonaires chargés des échanges gazeux. Grâce à une membrane semi-perméable, elle prend l'oxygène de l'air et le transporte là où il est utile. L'ensemble est animé par une pompe multi-directionnelle, inusable tant qu'elle est en état de fonctionner.
Il y a beaucoup d'autres instruments organiques. Vous les connaissez. Vous en faites un usage intensif sans vous en rendre compte, votre inconscient étant, malheureusement pour tous, aussi indifférent que votre conscience à leur santé, à leur bonheur, à leur survie. Faits pour durer, ils meurent d'épuisement, de fatigue, de surcharge, avant l'heure, dégoûtés d'avoir servi un ingrat, un égoïste, un sans-gêne, un imbécile, aveugle devant une si belle mécanique, incapable de l'entretenir comme la prunelle de ses yeux. Trop souvent le corps ne mérite pas l'esprit qui l'habite.
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