J'aurai connu trois médecines.
La mienne, celle d'hier était clinique. Elle se faisait au doigt, à l'oeil et à l'oreille. On écoutait, on auscultait, on palpait, on percutait. C'était une discipline presqu'artistique et on faisait des diagnostics à la minute avec des déclarations du genre:
-" mademoiselle, le souvenir de votre rhumatisme articulaire de vos 10 ans se fait t entendre par un rythme de Durozier très musical qui nous apprend que vous avez un rétrécissement mitral dont il va falloir s'occuper, cela se fait très facilement."
-"cette douleur exquise que je réveille à la palpation de votre troisième côte montre que vous avez une belle fracture, le choc a été rude."
-"l'extension majestueuse de votre gros orteil droit confirme que vous nous avez fait une petite hémiplégie qu'il va falloir surmonter."
-"le bord inférieur de votre foie a, cher monsieur , une consistance pierreuse qui prouve que vous avez trop aimé le pernod ou le ricard."
- "je crains que le son qui ressemble à ce qu'ils appellent outre -manche un wheezing ne soit en rapport avec une bronche qui n'a pas aimé la nicotine."
Aujourd'hui la médecine est technologique et le médecin sélectionné pour ses aptitudes mathématiciennes. Il jongle avec les statistiques, les ratios et s'occupe à ausculter son ordinateur, à prendre des rendez-vous pour des scanners, des IRM et à faire faire des prises de sang.
Demain et je serai encore là, la médecine se fera sans médecin et les algorithmes poseront et répondront à toutes les questions. La consultation se fera en passant au travers d'un portique. Le diagnostic sera instantané. La direction sera indiqué avant la sortie vers l'atelier pour un échange standard, l'immunologie, la génétique appliquée ou la prise d'un placebo pour soigner le mal de vivre.
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