Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


dimanche 9 septembre 2018

LES MORTS-VIVANTS

Si vous regardez autour de vous, vous ne pouvez pas ne pas être surpris par le nombre de gens qui font semblant de vivre.

Je ne parle pas de tous les pauvres ères qui achèvent misérablement une existence qui a pu être belle et riche dans le gâtisme, la démence et qui sont maintenus en sous-vie pour entretenir une fiction cruelle, rentable, hypocrite et d'une sainte lâcheté.

Non, je parle de concitoyens, conscients, Ils paraissent normaux, regardent la télé, lisent le journal, partent en vacances au mois d'août, sont au travail ou au chômage. Cependant, en leur parlant de plus près pour en savoir davantage, on commence à douter.

Lisent-ils? Non, ils savent pourtant encore, mais cela ne les intéresse pas. Quand on leur demande avec quoi ils nourrissent leur cerveau pour qu'il puisse avoir des idées qui vont leur donner à penser, le regard devient interrogatif, puis perplexe avant de s'éclairer avec la télé et les mots fléchés, disent-ils. Le calcul n'est pas faux: avec un bagage d'interrogations et de réponses nulles, on peut se permettre  de ne pas se poser de questions. La tranquillité subséquente permet de se consacrer à des choses sérieuses : boire, manger, rigoler, regarder  les matchs, jouer au tiercé, aller à la chasse tuer du faisan et il reste du temps pour la défonce, la pétanque, la belote, les patates, les tomates. Le besoin d'évasion est satisfait par le camping, une virée à Carrefour. Cette vie pleine de riens prépare ce qu'elle sera après la mort, une transition sans surprise.

Une autre catégorie de morts-vivants est plus méritoire car elle obéit à des motivations transcendantales. Elle comprend les individus qui passent leur vie à se préparer à trépasser tant ils ont peur de prendre un mauvais chemin. Le pitch du scénario auquel ils sacrifient est simple: ils vivent dans l'espoir de ressusciter après la mort et d'avoir acquis assez de points pour bénéficier d'une éternité de bonheur infini. Cette idée  leur est venue généralement dans leur jeune temps, au moment où l'on cherche ce que l'on fera de sa vie. Leur solution inspirée par une conviction en forme de vocation les fait vivre à l'écart, loin des tentations, fuyant les plaisirs réputés coupables. En se mortifiant, jeûnant, priant celui qui, pensent-t-ils, les récompensera de ce zèle à l'adorer. Dieu, le coupable, est, pour eux, un esprit simple, sensible à la flatterie et qui a besoin  qu'on confirme ses qualités qui seraient infinies, sa seule faiblesse étant d'être sujet au doute. En procédant de la sorte, ils passent à côté de la vie pour ne pas ressembler au commun des mortels qui n'ont pas la folie de vouloir devenir immortels. Ces morts-vivants essaient d'éviter l'enfer auquel ils sont les seuls à croire et de préempter une vie glorieuse posthume en faisant un pari stupide même s'il est pascalien.
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