Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


dimanche 24 novembre 2019

PLADOYER AD LIBITUM

"Monsieur le président, monsieur l'avocat général, mesdames et messieurs les jurés,  mon client n'est finalement accusé que d'un délit de fuite. Il a fui, il le reconnaît, il avoue, il ne s'en cache pas, il le revendique même  Et pourquoi a-t-il fui ? Vous vous le demandez et moi aussi je le lui ai demandé et que m'a-t-il répondu avec une franchise qui l'honore  :" parce que j'avais peur". Eh, oui  la peur est peut-être mauvaise conseillère mais qui, dans la même circonstance n'aurait pas eu peur et, quand on a peur, on fuit, réflexe naturel, archaïque, ancestral, il remonte à notre préhistoire et nul ne peut y échapper, mon client pas plus que vous-même, monsieur le président , malgré tout le respect que je vous porte. La fuite, dont l'illustre Henri Laborit, un  savant qui aurait mérité le nobel de médecine en a fait l'éloge dans son livre resté fameux "L'éloge de la fuite". Bien malgré lui, mon  modeste client s'en est fait le disciple sans le savoir en la prenant . Allez-vous condamner aussi monsieur Laborit pour lui avoir montré la voie.  Non, bien sûr, vous, nous prenons la fuite devant le danger, la menace, la tempête, le cyclone, la misère, les migrants prennent la fuite malgré tous les périls. 
Mon client a donc pris la fuite parce que les conditions l'exigeaient.  Le malheureux qu'il a heurté au volant de sa voiture était dans un passage protégé , nous le savons, nous ne le nions pas , les témoins sont  de bonne foi et le feu était au rouge, n'était-ce pas deux bons motifs pour que mon client accélère  et disparaisse le plus vite  possible, la peur au ventre  à l'idée d'être pris, condamné  ?
Je réclame aussi les circonstances atténuantes car mon client n'avait pas la pleine conscience de son acte, de  la réalité, de sa situation , son état était second,  je plaide l'irresponsabilité majeure. Avec 3 grammes d'alcool dans le sang , mon client était à la frontière du coma éthylique . Qui, dans son état, aurait eu un comportement normal ? Je vous le demande en votre âme et conscience. 
Mesdames et messieurs les jurés , je comprends et partage votre dilemme, il faut un coupable . Je vous en donne deux. Mon client m'a avoué avoir été exceptionnellement victime des manigances de deux individus qui ont circonvenu sa sobriété habituelle et on abusé de sa gentillesse en l'entraînant dans une libation dont sa volonté ne voulait pas. Il m'a fait jurer de ne pas divulguer leur nom. Je me parjure pour son bien , votre édification  . J'accuse monsieur Pernod et monsieur Ricard d'être les responsables de cet enchaînement  malheureux qui nous conduit aujourd'hui devant vous. Punissez-les comme ils le méritent. Faiseurs d'une veuve et de trois orphelins, ils n'ont eux que des circonstances aggravantes, ce sont des récidivistes  avec plein de complices. Soyez logiques et rendez justice à mon client , l'autre victime innocente de ce drame de la voie publique et de ces profiteurs de la soif des consommateurs. Généreux,  ne voulant pas profiter de leur culpabililité, il ne demandera pas de dommages et des intérêts. Merci de votre compréhension."

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