Difficile de dire celui qui est le plus nocif.
Je mettrais l'audition en premier. La voix qui parle fort a le pouvoir redoutable de combler le silence de l'esprit des auditeurs. De plus, le bruit est un moyen de fixer l'attention qui ne peut plus s'en détourner. Il crée une emprise sur celui qui écoute. Elle est multipliée par l'effet de masse quand, noyé dans la foule, il entendait hurler Hitler, pendant des heures, parler à ses tripes. Tous les discours, les sermons, les monologues ont un effet anesthésiant pour peu qu'ils soient éloquents. Ils fournissent de la matière qui remplit un vide. On retrouve, à un niveau encore plus primaire, le bruit qui se dit musique des rave-parties. Il assourdit, en continu, pendant des jours, ceux qu'il cloue au sol, qu'il pleuve, neige ou vente. Hébétés, somnambuliques, hagards, ils sont dans une transe catatonique sous ecstasy et alcool, prisonniers d'un son binaire, qui fait vibrer le sol tant il est fort. Il détruit l'oreille interne. La surdité arrivera trop tard pour sauver les cellules grises.
La vue n'est pas en reste. Ce que les yeux font voir peut fasciner un esprit disponible et ressembler au toro devant qui le matador agite la muleta qui le conduira à la mort. Elle scotche devant les écrans la multitude qui y reste collée plusieurs heures chaque jour à regarder de la pornographie, des séries où les héros s'entretuent, des émissions imbéciles.
Les autres sens réconcilient avec eux car ils enrichissent notre perception du monde : le goût en nous faisant apprécier les bonnes choses, l'odorat en parfumant l'air que nous respirons du parfum de la rose et du jasmin, le tact, alter-ego du toucher et délicatesse des sentiments.
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