Un seul membre de l'homme, son cinquième, échappe à sa volonté et dépend de ses pensées et de ses désirs. Décrié par ceux qui en font le pivot inavouable de leur univers, aimé de ceux qui en ont l'usage, il est interdit dans le domaine public, taxé d'exibitionnisme et finit en prison. Il y est habitué, confiné dans son repaire habituel, le caleçon. Les autres membres n'ont pas son anonymat et peuvent plastronner à l'air libre, ne prenant des gants pour les supérieurs qu'en cas de froidure et de mocassins pour les inférieurs quand ils déambulent. Qualifié d'honteux par les ligues bien pensantes, il n'y a que chez les Yalis de Nouvelle Guinée, un peuple évolué, libre de préjugés, sans clergé, gendarmes, psychanalystes, qu'il se montre en majesté, sa délicatesse protégée seulement d'un étui ornemental dont sa timidité habituelle s'accomode fort bien. Soldat héroïque, guerrier infatigable, il part au combat au garde à vous, n'obéissant qu'aux pulsions de son enthousiasme pour le corps à corps. Il attend d'être moribond pour se retirer dans la dignité et le recueillement du devoir accompli. Sa mort était une feinte et il renaîtra pour revenir se battre dès qu'il en créera l'occasion.
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