La terre est trop pacifique, trop bonne pour se révolter de la façon qu'on la traite. Les hommes lui volent ses pierres précieuses, son or, son argent. Ils la creusent pour la dépouiller de ses biens :le charbon, le cuivre, le fer. Ils arasent ses montagnes, brulent ses forêts ou en font des copeaux. Ils tuent ses hôtes des prairies et des bois. Ils la martyrisent à coups de grenades, d'obus, de bombes atomiques, de feux d'artifice, du crash des avions. Ils la ponctionne de son huile, de son essence. Ils s'acharnent sur elle en la polluant, la salissant, l'enlaidissant de leur usines chimiques, de leurs gratte-ciel grotesques, de verrues monumentales.
Elle n'a plus la force de se défendre et ne peut que pleurer en faisant tomber la pluie. Elle frisonne de peur et fait alors trembler les hommes. Bêtes et méchants, ils rient de ses souffrances, s'en moquent et s'ils font semblant de s'apercevoir de son état, de prendre quelques résolutions ils s'empressent de les oublier. Cela suffit à leur donner bonne conscience et ils continuent à surconsommer, à s'empiffrer, à voyager, à produire, à construire, à se multiplier, à la saigner, à l'assassiner.
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