C’est plus fort que moi ; même mon service est vicieux.
Il frôle la correctionnelle. On m’a accusé de sévices à personne en danger. Je
fais du mal sans m’en apercevoir. C’est la faute à un manque d’imagination,
doublé d’une absence de contrôle et de scrupule qui m’autorise une ironie
facile. Je fais du mauvais esprit comme je respire et lance des sarcasmes
déplacés, voire mal placés, à tout va, même à qui ne veut pas les entendre.
Avec des avis non autorisés, dictés par une conviction peu établie qui a du mal
à trouver le juste milieu, j’indispose les mieux disposés et me fais des
ennemis dans tous les bords. Face à une opinion versatile, c’est une position
peu commode, que j’ai du mal à défendre. Heureusement, j’en ai pris mon parti.
Je ne ferai pas le combat de trop. Je saurai prendre le recul nécessaire, me
retourner sur moi-même. Je suis fait pour le journal intime, à lire sur
invitation, à la diffusion confidentielle, pour esprits éclairés ne
s’offusquant pas pour si peu, sachant aller au fond des choses, démêler le vrai
du faux et, surtout, qui ne parlent pas pour ne rien dire à qui ne veut pas l’entendre
de cette oreille.
Tout compte fait, je me contente du peu que j’ai : un
bon pain, du bon fromage, une bonne bouteille, un bon bouquin. Ça me suffit
pour repartir du bon pied… dès que j’arrive à me remettre debout.
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