L'amour des parents commence avant la naissance, quand les géniteurs se mettent au travail pour préparer l'enfantement. Ils le font parce qu'ils veulent un enfant qui, par la force de la génétique et du mode de fabrication sera la chair de leur chair. L'embryon en cours de gestation ne connaît pas encore la chance qui le fera ressembler à son père et à sa mère. Il héritera de leur intelligence, de leur force, de leur courage. Il ne sait pas encore qu'il bénéficiera de leur nez, de la calvitie du père, de la myopie de la mère, d'une prédisposition à faire des polypes coliques à fort potentiel cancéreux et de quelques autres tares qui se révéleront à l'usage, à la surprise de personne. Elles étaient connues depuis l'antiquité et ont pourri et abrégé la vie d'une parentèle dont on ne parle jamais. Sitôt né, il croîtra dans une famille aisée, unie, capable de l'élever et de l'éduquer pour le préparer à un avenir exceptionnel, à sa mesure.
La famille exemplaire où il vécut : aimante, joyeuse, soudée ne lui aura laissé que des souvenirs d'enfance qui l'auront armé pour affronter un monde paisible, sûr, beau et où la nature est protégée au point de se sentir chez elle.
De tout temps, le monde a ressemblé à cette image paradisiaque. Il suffit d'ouvrir un livre d'histoire pour s'en convaincre. Les parents trop responsables n'auraient jamais osé enfanter s'il avait été différent. Prendre le risque que la prunelle de leurs deux yeux vive dans un monde incertain, dangereux, voué aux guerres, aux révolutions, aux épidémies, à la famine et le condamner à mort après une vie de souffrance leur aurait été intolérable et incompatible avec un amour inconditionnel. Toutes ces horreurs n'existent, heureusement, que dans l'imagination et les fictions d'atrabilaires hypocondriaques pessimistes qui voient le mal au point de l'inventer. Dans un tel espace, ils seraient d'accord pour dire qu'enfanter serait une erreur, pire un crime puisque le risque y est permanent d'attraper un virus, une balle, d'être expulsé, au chômage, à la rue, foudroyé et, pour ceux qui croient au paradis, finir l'éternité en enfer.
De telles perspectives sont trop horribles pour qu'un bon papa et une bonne maman envisagent un tel avenir au chérubin à venir et on comprend qu'ils se félicitent de vivre dans un monde où tout le monde il est beau, il est gentil.
De telles perspectives sont trop horribles pour qu'un bon papa et une bonne maman envisagent un tel avenir au chérubin à venir et on comprend qu'ils se félicitent de vivre dans un monde où tout le monde il est beau, il est gentil.
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