Le cou sépare le corps de la tête.
Le corps est une usine organique mobile. On en connaît la mécanique, les difficultés d'entretien, les faiblesses, les pannes. On le répare dans des ateliers spécialisés où des ouvriers qualifiés opèrent.
La partie de la tête qui n'appartient pas au corps a des propriétés extraordinaires qui font sa différence. Elle émet des émotions, des sensations, des impressions , elle pense. C'est elle qui donne à l'ensemble une haute idée de lui-même.
Comme l'autre, elle n'est pas infaillible et à l'abri d'un dérèglement cérébral. Le pire est celui qui advient dans sa partie spirituelle qui touche à l'intellect. On se rend compte alors que le cerveau n'est pas une usine à gaz comme le poumon, à dialyse comme le rein, à pomper comme le coeur ou à purifier, à synthétiser comme le foie. Pour ceux-là, un échange standard est possible car la pièce de rechange est en magasin. Le cerveau, lui, est irremplaçable, c'est sa faiblesse congénitale. Quand son raisonnement va de travers, c'est la cata, on ne sait pas remettre l'envers à l'endroit. On cache, on masque, on assomme, on discute, on suppute, on espère un miracle.
Le drame du corps, c'est que la tête a pris prétexte de sa position dominante pour se croire supérieure.
Dictatoriale, elle commande, dirige et impose sa volonté sans se rendre compte que son intelligence dont elle est si fière n'empêche une bêtise qui, très souvent, est la maîtresse du palais et conduit l'ensemble à sa perte.
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