Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


lundi 11 novembre 2019

L'ART DE LA CONVERSATION

Comme tous les arts, il est difficile et sa pratique est souvent une exécution capitale.

Le dialogue, sa version standard, est un monologue, chacun parlant quand l'autre reprend sa respiration de ce qui l'intéresse.

 Quand le sujet est commun, la conversation s'engage et devient compliquée. Elle est exigeante et suppose deux qualités des protagonistes :

1- qu'ils soient deux. Si plus, il ne s'agit pas d'une conversation mais d'une cacophonie, l'équivalent du bruit que l'on entend dans un poulailler.

2- que chacun ait l'esprit de l'escalier - malheureusement, avec l'arrivée des escalators, il a tendance à disparaître - de façon à rebondir sur l'idée qui vient d'être émise pour la confirmer si on est d'accord ou l'infirmer. Ce dernier cas est plus productif car il installe une discussion secondaire  qui devient un débat contradictoire où la politique, la philosophie, la religion, l'histoire, la géographie, Point P, Leroy-Merlin vont être convoqués ainsi que le passé, le présent et l'avenir. La conversation prend une amplitude planétaire et aura une durée infinie.

L'occurrence est rare. On a quelques exemples fameux qui sont entrés dans l'histoire et ont été repris au théâtre: Rousseau et Voltaire, Fouché et Talleyrand, le dialogue des deux carmélites, Diderot et son  neveu.

Plus souvent, elle tourne court faute d'un combattant. Son esprit est occupé ailleurs et à mieux: à ses projets, à ses problèmes. Il peut aussi ne pas comprendre le sujet de la conversation parce  qu'il ne sait pas de quoi l'on parle, qu'il ne connaît pas le sens des mots, faute du vocabulaire et de la grammaire qui lui permettraient de répondre en comprenant ce qu'il pourrait bien dire.

La conversation existe dans les salons littéraires germanopratins si Saint-Germain  existe encore. Vous ne l'entendrez jamais chez Ruquier ou chez Hanouna.  Elle est en état de mort apparente chez le médecin, occupé à dialoguer avec son ordinateur  auquel il demande le diagnostic et le traitement.

En fait, la conversation est devenue un  espace de silence rompu par quelques monosyllabes qui entretiennent l'illusion que la langue est encore suspendue au cerveau.

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