Steven Spielberg vient de franchir un pas de plus vers le sommet de mon panthéon des grands hommes avec les Pentagone Papers. Tourné dans l'urgence, en 2018, ce film le hisse à la hauteur d'un Charlie Chaplin.
Comme lui, il a consacré sa vie, son œuvre à nous divertir, nous faire rêver et réfléchir et, comme lui, c'est un artiste complet car il n'y a que le cinéma qui puisse réunir tous les arts pour les fondre en une seule œuvre totale. Aucune discipline artistique n'a ce pouvoir absolu.
Son sujet est immense: la défense de la liberté de la presse face au pouvoir. Il le traite au travers de l'imbrication improbable de la grande Histoire et d'un épisode de la vie de madame Graham, propriétaire par défaut du Washington Post, dans les années Nixon, pendant la guerre du Vietnam, avant le WaterGate. Elle est confrontée à un choix qui met en balance sa liberté, la survie du journal, son éthique.
Ce dilemme cornélien nous est raconté dans sa complexité, ses implications, l'actualité du moment par des acteurs possédés, une reconstitution physique et mentale de l'époque impeccable, des dialogues nerveux, percutants, profonds, justes.
Steven Spielberg atteint la quintessence avec un thème majeur, le premier amendement de la constitution américaine, qui concerne le monde entier. Il met à ce service tous les arts qui font du cinéma un spectacle complet, insurpassable. On y a la peinture animée, un théâtre qui déborde de la scène et va partout où la vie se joue, des comédiens plus convaincants que les acteurs réels car ils connaissent les dimensions de l'enjeu, tous cela relié par une musique des mots et des violons.
Ce film était un devoir, nous devons remercier monsieur Spielberg de son œuvre d'art et le voir.
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