Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


mercredi 9 janvier 2013

ADAPTATION



N’en déplaise à ceux qui pensent le contraire, l’inné est plus important que l’acquis. L’adaptation versus la formation le prouve. Il faut s’adapter ou mourir ou se former pour vivre tant bien que mal. Le poil le démontre : au pôle nord, sans poils, on meurt de froid, pas de lézard. Au Sahara, poilu on meurt de chaud, pas d’ours blancs. Devant une avalanche, un skieur de descente a davantage de chances qu’un coureur en raquettes. Dans la jungle des villes, pour survivre, mieux que d’avoir un bon métier, il faut savoir marcher dans les clous, s’arrêter aux feux rouges, s’éloigner des pousseurs de métro, éviter les pickpockets, regarder où l’on met les pieds. Dans l’enfer de la campagne, pour ne pas se faire étriper, déchirer, broyer, il faut passer outre la batteuse de la moissonneuse, se faufiler entre les barbelés, ne pas s’électrocuter à la clôture, enjamber le piège à loups, ne pas se laisser prendre au collet, échapper au chasseur…

Ce n’est qu’une fois adaptés au terrain que l’on attrapera le tour de main qui permettra de s’occuper et de ne pas mourir de faim.

Depuis Darwin – et n’en déplaise aux biblicistes – s’adapter est une obligation dont même les extraterrestres et les surnaturels doivent s’acquitter. Rien ni personne n’y échappe, les pays comme les garennes.

Les meilleurs sont ceux qui s’adaptent et se forment en même temps, au même rythme. À l’inverse, les nuls accumulent les handicaps en refusant de s’adapter et de bien se former. La France est le chef de file en Europe de cette catégorie. Elle ne comprend pas qu’elle doit évoluer pour entrer dans le nouvel équilibre des forces, intégrer les lois du marché, participer à la nouvelle répartition du travail, profiter des nouvelles technologies, s’ouvrir de nouveaux débouchés, s’inscrire dans l’air du temps, contribuer à la révolution des idées, des mœurs, des comportements.

Traitre à son histoire, à sa légende, elle refuse le futur de la même façon qu’elle a honte d’un passé qu’elle veut oublier. Inapte à s’adapter, elle est maintenant incapable de préparer ses enfants à affronter l’avenir. Elle massacre leur éducation en méprisant tout ce qui en faisait la valeur, sa grandeur.

Formés par des individus cramponnés à leurs idées reçues, à leur modèle social, à leurs avantages acquis, à leur lutte des classes, à leur façon de penser, de travailler, à leurs vieilles lunes, ils sont largués, dépassés, ridiculisés par les pays où les hommes, les femmes, jeunes ou vieux sont actifs, réactifs, s’éclatent dans le travail, cultivent les bonnes idées, occupent les bons créneaux, mènent le combat à l’avant-garde, en avance et se moquent de ceux qu’ils voient à la télé, défilant pour protester, refuser, freiner, retarder une échéance inéluctable qu’ils ont préparée par lâcheté, incurie, paresse, aveugles à la réalité et qu’ils préfèrent ne pas affronter, croyant ne pas succomber.

Cette chronique d’une mort annoncée est un remake désespérant dont on se serait bien passés. Vous nous prévoyez des larmes, des cris, du sang pour cette année et les suivantes.

Docteur, le malade est incurable, mais, va-t-il souffrir ? Non, rassurez-vous, il est totalement inconscient de son état. Il mange, roule, consomme, s’amuse comme si de rien n’était. Les tranquillisants dont il est le premier consommateur mondial, ses télévisions d’État, ses journaux subventionnés, les journalistes au chaud dans leur niche fiscale, entretiennent une léthargie qui fait tout oublier : la gravité des symptômes, l’altération de l’état général. Le médecin-chef a cassé le thermomètre. Tous les indices sont au rouge : le chômage, la dette, l’insécurité, la balance des paiements, la confiance des ménages, le moral des patrons, le taux des suicides, le surendettement, la pauvreté, les faillites explosent. Rien n’y fait, impavide, impassible, immobile, le grand timonier joue les oracles, garde le cap, promet la lune en nous montrant son doigt. Il voit le bout du tunnel à la fin de l’année et, sous peu, la guérison miraculeuse du patient français.

Voir les mirages, croire aux miracles, refuser d’évoluer et de se réformer est, pour une population, le moyen le plus simple de se préparer au carnage qui suivra la naufrage. Ceux qui y croyaient mordicus seront les plus déçus. Ils n’auront que ce qu’ils méritent, y ayant beaucoup œuvré. Les autres, les incroyants, les sceptiques, les déviants, les prudents s’en sortiront mieux, s’étant tirés ailleurs.


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