Occupés à ouvrir les huîtres,
ébouillanter le homard, refroidir le caviar, dégraisser le foie gras, chambrer
le Petrus, farcir la dinde, bourrer le chapon peu de français ont entendu l’appel
du 31 décembre.
Fatigués, repus, dégoûtés, débarrassés
pour un moment de toute fête obligatoire, ils récupèrent leurs capacités de
réfléchir, de lire, de comprendre, de s’intéresser à autre chose qu’à la Grande
Bouffe, aux vœux pieux, aux réunions de famille « je vous hais », aux
accolades officielles, enfin à tout ce qui se fait par principe, par habitude,
par routine, faute de mieux et du calendrier.
Le besoin de changer, d’évoluer, de s’adapter
étant de plus en plus évident, l’exemple devant venir d’en haut, l’urgence d’une
polygreffe présidentielle doit mobiliser les quelques français et françaises en
état de marche et d’écouter la rediffusion par le tambour de ville, de l’Avis à
la population du 31 décembre paru sur Agoravox, le média citoyen détesté du
pouvoir.
Les vœux à la cantonade, dans les embrassades, les
incantations papales, les prétentions présidentielles n’y pourront rien. 2013
sera pire que 2012 :
-
Les américains et les africains continueront de
s’entretuer ;
-
les syriens de se bombarder ;
-
les irakiens de s’exploser ;
-
les afghans de s’égorger ;
-
les israéliens de déconner ;
-
les chinois d’exporter ;
-
nos chers et vieux pays de s’étioler ;
-
les inondations de noyer;
-
les incendies de brûler;
-
les terrains de glisser ;
-
le déficit se creusera, comme toujours ;
-
les impôts, le gaz, l’électricité, le chômage
augmenteront comme jamais.
-
…/…
Notre bateau continuera de dériver. À la barre, un capitaine
sans gouvernail s’égosille dans la tempête, le tonnerre, les éclairs. Son
équipage de bras-cassés, d’éclopés, de bons à rien, amènent des voiles
déchirées, tirent sur des bouts moitié pourris, se battent entre eux, sans
bosco, sans quartier-maître, les officiers s’occupent ailleurs à la recherche
d’une boussole, d’un compas, d’une carte, d’un cap.
À fond de cale, dans la soute, des forçats, des mercenaires,
des hors-la-loi, quelques mutins affamés, s’affairent à s’entre-tuer pour être
dans les premiers à remonter, prendre le quart quand les autres auront déserté
faute de pouvoir, de vouloir.
Pendant ce sale temps, à terre, la situation n’est pas
meilleure, les vœux n’y pouvant rien. C’est la débandade, le sauve qui peut, le
chacun pour soi.
-
Les riches, échaudés, essorés, s’enfuient aux
frontières ;
-
les pauvres, en carafe, s’appauvrissent faute de
mieux ;
-
les pays en voie de développement se développent
à vue d’œil ;
-
nos pays en voie de dépérissement dépérissent en
même temps ;
-
les affamés, les miséreux, les sans abri, sans
habits arrivent pressés, haineux d’être si prolifiques, si démunis, avides de
profiter de nos beaux restes ;
-
les bobos, les gogos, homo ou hétéro sont
contents d’eux, s’amusent entre eux ;
-
les religieux, toujours patelins, le ton sucré,
le geste onctueux, prêchent leur sermon, assis sur 2000 ans de turpitudes, de
croisades, de guerres de religion, de conversion. Ils se prosternent devant un
Dieu trop occupé à vidanger quelques trous noirs, à éteindre une nova en
ébullition ou à piloter une constellation. Ce ne sont pas les hommes qui
n’aiment pas Dieu, c’est Dieu qui n’aime pas les hommes. Il a raison. Il
n’aurait pas dû les faire à son image.
Que faire pour s’en sortir ? demandez-vous.
Aller ailleurs ? C’est encore pire ou guère mieux.
Faire le ménage, chasser les incapables, les prétentieux,
les sectaires, les faussaires, les escrocs, les menteurs ?
Qui le fera : les fainéants, les indifférents, les
profiteurs, les ayant-droits, les professeurs, les experts, les spécialistes, les
dépressifs, les conservatoires, les bonnes sœurs, les évêques, les gendarmes,
les voleurs, les colonels, les généraux des agents EDF, SNCF, RATP, territoriaux,
fiscaux ?
Tous cramponnés à leurs avantages, à leur RTT, à leurs
retraites dorées ou galvanisées, à leur 15ème mois, à leur CE, à
leurs chèques-vacances, repas, transports, à leur mois de mai, leur semaine de
4 jeudis, à ne rien faire ou si peu, à gémir, se lamenter, bouffer, téléphoner
pour ne rien dire, le cerveau évidé par ce qu’ils voient, ce qu’ils lisent. Ils
ne savent dire, quand tout fout le camp, que « Bonne année, bonne
santé ». Mais, demander de la bonté au temps et de ne pas être malade à la
santé, relève de la psychiatrie lourde, une preuve de plus que le monde est
fou, fou, fou…
Ça suffit, vous nous avez fait assez pleurer, vous n’avez
rien à proposer. Vous n’êtes bon qu’à nous enterrer.
Vous voulez un traitement ?
Résumons : nous courons à la catastrophe, les troupes
presque en déroute, les déserteurs se bousculent, pas de voie de secours, le
moral est au plus bas, la panique n’est pas loin et au commandement un brave
homme, un président normal, ambitieux sans en avoir les moyens. Il serait à sa
place dans un monde en paix, dans une France sans dette, sans chômage, avec une
croissance de 3% l’an et dans une Europe unie pour le meilleur, le pire n’étant
plus à craindre.
À défaut d’en changer – les autres ne sont pas meilleurs –
je propose de le changer et de lui greffer toutes les qualités que son papa et
sa maman ne lui ont pas données. Nos spécialistes sont les meilleurs. Ils
greffent les visages, les mains, le foie, les poumons, le cœur, etc. Je leur
demanderai de transformer notre président ordinaire en un président
extraordinaire. Les qualités qu’il n’a pas, il faut les chercher dans la
légende des siècles.
La nation en danger doit mobiliser ses chirurgiens, ses
généticiens, les neurosciences, la nanotechnologie, l’accélérateur de protons
et de positons, les donateurs universels, les détrousseurs de cadavres, les
pilleurs de catacombes, les hypnotiseurs, les généalogistes, les
paléontologues, le Musée de l’Homme, le Palais de la découverte pour opérer,
transfuser, transformer, manipuler, hypnotiser le petit François avec, en
héritage, ou comme bagage :
-
La sagesse de Marc-Aurèle ;
-
le culot de César franchissant le Rubicon ;
-
l’intelligence d’Henri IV ;
-
la chance de Jeanne d’Arc boutant les
anglais ;
-
le sang froid de Napoléon à Austerlitz ;
-
la volonté de Roosevelt ;
-
le courage de Churchill galvanisant son
peuple ;
-
la fierté de de Gaulle refusant la
défaite ;
On parlera alors de François le
Grand, le Hollandais Géant, le sauveur de la France, le roi de la République……
_____________
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire