On vous l’a dit et redit : l’heure est grave. Demain
elle sera pire quand, à la fin de l’année, le président n’ayant pu tenir son
pari fou (diminuer le chômage, ne serait-ce que de façon symbolique, un 0,01%
aurait suffi) se fera, dans un moment de folie, Seppuku. Le Hollandais géant
habitué à gagner ses combats ne supportera pas la défaite honteuse et le même
échec que le nain hongrois.
Français, françaises, J’en appelle à votre humanité, à votre
générosité : sauvons-le, sauvons sa famille décomposée, sauvons-nous du
chaos, de la spirale infernale. Apportons à ceux qui n’en ont pas, les idées
qui leur manquent.
Vous, les jeunes d’Agoravox, qui savez à longueur de
colonnes et de commentaires nous dire ce qu’il faut faire, ce qu’il aurait
fallu faire: donnez des solutions au problème, sauvez le soldat Hollande.
Quant à moi, je montre le chemin, à ma mesure, modestement
en conseillant au ministre du chômage une politique au long cours établie sur
des principes solides et bâtie de concepts indiscutables. Je lui recommande de
ne pas embaucher de nouveaux fonctionnaires qui, trop souvent, s’ennuient –
quand ils ne dépriment pas – dans leur bureau, à essayer de comprendre les
formulaires d’autres collègues aussi désespérés, mais de prendre l’habitude
d’encourager l’initiative personnelle qui favorise l’aide entre soi, développe
les relations interpersonnelles, les échanges de bonnes pratiques et évite,
bien sûr, le gaspillage des ressources naturelles. Cette politique sortira de
l’oisiveté, mère de tous les vices, un nombre pas négligeable de ceux qui le
voudront.
Après ce préambule propre à piquer la curiosité du ministre
je lui délivrai la liste des petits métiers oubliés ou en voie de disparition
dont je souhaite la réhabilitation. Je lui en soumis des nouveaux à promouvoir
afin de réveiller en lui (le ministre) l’esprit entrepreneurial dont
l’intensité nous avait, vous vous en rappelez, tellement impressionnés, lors de
la campagne électorale.
Tous les secteurs de l’activité sont concernés et chacun
selon sa formation, ses aspirations, ses aptitudes devrait y trouver à
s’employer.
Je commençai par le service à la personne. Il est à la mode
mais son développement actuellement arithmétique pourrait devenir exponentiel
si on arrêtait de le confiner aux services rendus traditionnels (hôtesse de
l’air, d’accueil, gendarme, balayeur, sage-femme, infirmière, manucure,
aide-soignante, bonne à tout faire, etc.). D’autres besoins se feront sentir
dès lors qu’ils pourront être satisfaits et je pressens une forte demande pour
(dans le désordre) :
-
Liseur(se) de contes de fées (si enfant en bas
âge). Cela libérerait la mère célibataire, lui permettrait de chercher un mari
et donnerait au bambin le goût de la lecture ;
-
Joueur(se) de cartes, de dames, d’échecs, de
petits chevaux pour personne seule, à déplacement difficile, habitant un étage
élevé sans ascenseur mais ayant gardé un esprit ludique ;
-
Toujours pour personne seule mais aimant la
conversation voire la discussion, un beau parleur trouverait l’interlocuteur à
sa mesure ;
-
Joueur(se) de double (il est parfois difficile
pour un amateur de tennis de trouver un partenaire, surtout en double).
-
Marchand de sable. Vieux métier disparu,
remplacé, hélas, par les benzodiazépines. Il servait à endormir les enfants.
Son nombre pourrait être décuplé s’il obtenait une AMM étendant son emploi aux
personnes âgées, trop souvent insomniaques.
-
Porteur(se) de lettres à domicile. Les retards
dans la distribution de courrier dus au dysfonctionnement de plus en plus
fréquent des trieuses automatiques devraient permettre à ce métier de
raccourcir le délai entre l’écriture de
la lettre et sa lecture. Ce service, du moins en ville, s’effectuer à pied ou
en vélo, donc sans émission de CO2. Le coût du transfert mériterait d’être
déductible.
Je vais abréger mes commentaires car les vôtres
suffiront :
Métiers manuels :
-
recouseur de boutons ;
-
gonfleur de pneus ;
-
masseur à domicile ;
-
arroseur de fleurs ;
-
raviveur de papiers déteints ;
-
épuceur de chien ;
-
épuceur de chat ;
-
laveur de plantes (il aurait pour mission
d’éradiquer manuellement les pucerons, les cochenilles, les fourmis rouges, les
tâches noires etc. des plantes d’appartement en lieu et place des pesticides et
autres cochonneries) ;
-
réparateur de presque tout (changer une ampoule,
un fusible, un joint, une prise de courant, de TV, de téléphone, remettre une
pile, resserrer un boulon, etc.) ;
-
cureur de dents, gratteur de dos ;
-
pousseur de voiture. La fonction de pousseur est
connue dans le métro (celui de Tokyo où il comprime les passagers pour en
emmagasiner le plus possible, à distinguer de celui de Paris, dangereux serial
killer, psychopathe à ne pas approcher de trop près). Le pousseur de voiture
est un pousseur de ville. Réservé à des athlètes vieillissants ayant perdu leur
permis de courir en compétition mais dotés encore d’un bon souffle et de
jarrets d’acier, il se placerait à l’arrière de la voiture, laissée au point
mort et exercerait une pression d’arrière en avant en lieu et place du moteur.
Pour la marche arrière il se situera devant le capot pour exercer son effort.
Plus de pollution, la mauvaise haleine des rues serait guérie, plus besoin de
tramway. La vitesse serait réduite, la voiture marchant au pas, finis les
accidents de circulation. Malgré votre enthousiasme ce petit métier aura du mal
à prospérer car les corporatismes, plaie de notre société bloquée, se mettront
en branle : pompistes, pétroliers, pneumologues, brancardiers,
ambulanciers, orthopédistes, PVistes, etc. Le Sud-ouest serait particulièrement
propice à cette propulsion musculaire. Elle pourrait être étendue aux poids-lourds,
même en surcharge, par la mobilisation des première, deuxième et troisième
lignes des équipes de rugby au chômage technique durant l’intersaison. Ce
serait un entraînement bienvenu pour les mêlées futures et leur éviterait de
perdre du temps à ne rien faire de bon.
En vrac et pour faire court car je sens que vous
fatiguez : éplucheurs de patates, faiseurs de confiture, repasseurs au fer
chaud, tricoteuse de chaussettes, avec son acolyte la repriseuse de trous. Des
bavards bien renseignés remplaceront les panneaux indicateurs (Decaux sera pas
content). Des préposés aux croisements remplaceront les feux rouges.
Je terminerai cette énumération – non exhaustive car je réserve
la liste complète au ministre - par des petits métiers qui méritent de
redevenir ce qu’ils ont été pendant si longtemps et que nos farceurs
écologiques ignorent, aveuglés par leur cécité naturelle. Je ne parle pas de
l’aboyeur municipal, du tambour de ville, du rémouleur, du laveur de vitres, du
bedeau, du chanteur de rue, du vendeur de cartes (légères) à la sauvette, du
cireur de bottes. On en trouve encore ici et là. Nous ne citerons pas non plus
les ramasseurs de balles perdues et les chicoteurs de poubelles, hélas, toujours
en activité de nos tristes jours. Je finis cette liste qui tourne à la litanie
bien que je haïsse les vœux pieux par deux métiers du passé auxquels je prédis
un grand avenir : le ramasseur de crottin et le marchand de peaux de lapin.
Le ramasseur de crottin.
Il travaille aujourd’hui dans les haras et les clubs hippiques
mais, jusqu’à l’après-guerre, quand l’essence était rare, que des charrettes remplaçaient
les camions réquisitionnés, que les corbillards n’étaient pas motorisés, des
chevaux circulaient dans les rues et crottaient. Armé d’une pelle et un balai, il
ramassait les tas fumants et les enfournait dans une petite remorque.
À Paris il a sa place dans les alentours des quartiers de la
garde républicaine. Il devrait en suivre les parades et ne pas laisser aux motos-crottes
le soin d’enlever cet or en crottin. On sait que les fèces de ces demi-sang
(français) élevés au foin de la Crau, aux bons picotins d’avoine et à la paille
craquante donnent un engrais organique d’une qualité supérieure digne d’une AOC
et, comme disait Saint Nicolas, le crottin de cheval est à la plate-bande ce
que le crottin de Chavignol est à votre assiette.
Le marchand de peaux de lapin.
C’était une figure très populaire dans les villes et aussi dans
les campagnes. Il s’annonçait par une mélopée sauvage à deux tons avec un tonitruant
« Peau de lapin, peau des guenilles, peau ! ». Il achetait la
peau des pauvres jeannots qui avaient fini leur vie en civet ou en pâté.
Séchée, tendue, elle finissait en belle pelisse ou en feutre dans les melons.
Ils n’étaient pas morts pour rien. En complément, la consommation du lapin
autochtone devrait être relancée comme sa production familiale. Nourrissant,
pauvre en cholestérol, végétalien lui-même - les végétariens l'acceptent à la moutarde
– le lapin domestique permettra, grâce à sa peau, de bien faire vivre
quelques marchands ambulants, façon pour eux de retrouver leur joie de marcher en
chantant et de ressusciter une industrie de la fourrure et du chapeau.
Tous ces métiers qui attendent en coulisse qu’on veuille
bien s’occuper d’eux, pourraient nous faire retrouver l’âge d’or du plein
emploi, quand le chômage n’existait pas, ou était résorbé naturellement par
toutes les institutions qui accueillaient à bras ouverts ceux qui ne voulaient
pas se fatiguer à trop en faire : les séminaires, les monastères, les
régiments, les guerres coloniales (mais là il y a peut-être un débouché qui
revient).
Votre contribution au renouveau du travail et à la baisse du
chômage sera la bienvenue. Veuillez adresser vos propositions au ministère des
idées nouvelles, la poste – ou un porteur- fera suivre.
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