Si, dans la folie de vos agapes ou le recueillement de vos
saintes dévotions, vous pouvez distraire une minute, j’aimerais que vous la
consacriez à la mémoire de mes chers disparu(e)s.
Vous me direz, agacé(e) que ce ne sont pas les vôtres et que
ceux-ci vous occupent assez pour ne pas vous encombrer des miens. Je le concède,
mais une peine partagée s’allège et nos fardeaux perdront de leur pesanteur.
Par moment, elle est
insupportable tant leur badinerie, leur joyeuseté, leur connivence, leurs
remontrances étaient revigorantes. Leur dynamisme, leurs recettes, leur ironie,
leur poésie prouvaient une qualité qui honorait et stimulait. Ils ont disparu
on ne sait où, laissant tout en plan, en rade. La foule s’interroge, suppute:
un coup de folie, un coup de Jarnac, un coup fourré. On s’interroge dans l’angoisse,
le regret (on choisira quand on saura).
On ne nommera
personne car leur silence nous oblige. On les espère en pleine forme, libres, débarrassé(e)s de toutes les entraves qui les ont forcé(e)s à s’évanouir, joyeux(ses), heureux(ses).
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