Trois amis improbables se rencontrent pour la première fois et racontent:
- l'artisan: "je viens de découvrir dans une brocante les moyens de me passer de l'électricité et de faire un fauteuil François I, à la seule force du poignet, avec un marteau, un scie égoïne, un ciseau à bois et des pointes".
- l'artiste: "je termine une œuvre monumentale qui m'a demandé de gros efforts de réflexion, d'imagination et de méditation. Je mélange la sculpture, la peinture, la vidéo dans une abstraction conceptuelle dont l'originalité est de rester invisible aux yeux du public. Je déstructure l'acte créatif en allant plus loin que l'arte povera, en rendant accessible aux aveugles mon travail dans un discours audible sur le DVD qui sera vendu à un prix décent compte tenu de la richesse foisonnante de mon travail".
- le philosophe fait une synthèse de cette conversation animée : Comme vous, j'ai choisi la simplicité, le dépouillement, l'essentiel. Même le concept, la théorie sont superfétatoires et embrouillent, gaspillent le temps, l'argent, la matière. Je supprime tout ce qui ne donne que des déchets. J'ai décidé de me vider du fatras que l'imagination avait inventé avec la philosophie et qui m'avait contaminé. J'ai jeté Aristote, Kant et consorts et je suis arrivé à l'idée unique, grandiose, insurpassable que chaque organe agit pour son bien et celui des autres: le cœur bat, le rein filtre, le poumon respire, l'œil voit etc.. par ses propres moyens. Il faut laisser le cerveau penser sans le parasiter par une alimentation extérieure, étrangère. J'ai supprimé toutes les élucubrations philosophiques, politiques, religieuses, tous les ismes et par là la source des angoisses, de la dépression, de réflexions pathogènes. L'esprit libéré peut enfin faire son bonheur".
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