L'intimité qui s'exhibe dans la pornographie montre que la sensation a remplacé le sentiment. Le basculement dans l'obscénité d'une partie de la société n'a plus de limites. La tendance est à la généralisation et l'absence de pudeur, l'étalement public de ses turpitudes, l'exibition de ses mauvaises manières sont devenus des signatures d'une personnalité méritant d'être exposée, admirée et imitée.
L'explosion de l'obésité en est une manifestation spectaculaire. Manger pour le seul plaisir de ressentir une sensation de plénitude qui n'a rien à voir avec la satiété au détriment, dans le long terme, de sa santé et dans le court de son esthétique, de son confort, du regard des autres est devenu un art de vivre qui accélère le moment de mourir. La responsabilité est imputée à une volonté devenue étrangère à soi-même. L'obèse est donc innocent et une victime d'un autre lui-même. Il est le seul à ne pas comprendre ce qui lui arrive.
Le succès des drogues dures: tabac, alcool, cocaïne, héroïne, amphétamines, analgésiques a la même origine. Le plaisir immédiat provoqué par la sensation gratifiante fait oublier les effets secondaires : dépendance, état de manque, surdosage, mort douloureuse ou rapide. Devenir prisonnier d'une habitude est un sentiment qui n'est pas assez fort pour annuler la bouffée d'euphorie artificielle, chimique, mortelle.
La levée des inhibitions provoquée par l'abolition du verrou moral qu'étaient les sentiments de compassion, de dignité, de pudeur, de respect de soi et des autres est passée de l'exceptionnel au fait divers. Les pulsions primaires qui exigent des satisfactions immédiates n'épargnent pas les élites politique et religieuses qui, hier, restaient des exemples. Ils avaient la décence de les cacher. Leurs hautes responsabilités ne les freinent plus. En montrant que la fonction ne suffit pas à dompter la nature, à faire prévaloir la volonté, ces gens s'en montrent indignes et conduisent à sa perte une société déboussolée.
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