Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


mercredi 17 novembre 2021

LA GUERRE, CE BESOIN AMÉRICAIN

En 2008, mon blog s'intitulait "Massacre à l'agrafeuse" et je faisais dans le politiquement incorrecte. Je m'interrogeais sur le besoin américain de faire la guerre et notre attitude face à son impérialisme. Aujourd'hui, le risque se situe en mer de Chine. Pékin meurt d'envie de récupérer Formose, une ile chinoise qui n'a pas voulu être communiste et est devenu une colonie à l'américaine. Même avec un océan pacifique entre elle et Los Angeles, certains américains dénient aux chinois le droit d'y revenir et sont prêts à faire tonner les canons et déclencher le feu nucléaire  pour garder cette terre lointaine  qui n'a jamais été américaine et toujours chinoise, dans leur sphère d'influence. Les américains auront-ils la sagesse de résister  à  la  tentation de perdre une nouvelle guerre? Je le crois car les pertes seraient colossales et le gain minuscule.

 "L’U.R.S.S. n’existe plus, la guerre froide est finie. L’Amérique n’est plus menacée par la subversion communiste, McCarthy, Edgar Hoover peuvent reposer en paix. Et pourtant, l’OTAN s’étend à l’Est, les soldats américains remplacent l’armée rouge dans les bases qu’ils ont abandonnées. Maintenant ils installent des missiles anti-missiles, des radars aux frontières de la Russie. 

Le comportement américain et l’accueil qu’il reçoit sont intéressants et instructifs. 

Le premier nous apprend ce qui, auparavant, n’était pas si apparent car la politique de « containment » avait une logique qu’il était difficile de ne pas accepter. Une menace existait. Il fallait y répondre… 

Elle avait l’avantage de justifier et de consolider un imperium sur le monde dit libre face à un monde communiste liberticide. L’effondrement du bloc communiste a été pour les américains une catastrophe qui les privait d’un repoussoir idéal. Il associait en effet de façon très opportune une idéologie qui, en s’autodétruisant, a signé son origine diabolique et un armement conséquent qui, magnifié par les deux parties permettait aux uns d’inspirer le respect et aux autres de relancer sans arrêt la course à l’armement pour le plus grand bien du complexe industriel militaro-politique. 

Cette construction patiemment, subtilement élaborée depuis la dernière guerre a mené les États-Unis à l’hégémonie. Un tel effort, soutenu si longtemps avec un résultat si merveilleux ne pouvait déboucher sur le vide. L’ennemi est nécessaire pour continuer de mobiliser les esprits, l’énergie, justifier une suprématie et continuer d’apparaître comme le défenseur de la liberté, le héros des dominés, la terreur des dictateurs, etc. 

Le discours avait seulement besoin d’être adapté aux changements. Il l’a été d’autant plus facilement que les événements sont venus à la rescousse. Attaquée sur son propre sol, outragée, meurtrie, elle recevait de façon presque miraculeuse la charge de défendre le monde contre le terrorisme. 

Mais le terroriste, s’il a une idéologie, ne peut être comparé au soldat, combattant certifié, immatriculé, habillé, casqué, contingenté et, s’il survit, prisonnier sous la protection de la Convention de Genève. Le terroriste est par définition invisible, insaisissable, protéiforme et son champ de bataille est le monde. Seule une puissance mondiale peut s’attaquer à cette hydre et l’Amérique retrouve dans ce challenge sa mission tutélaire quasi divine et, accessoirement, de nouvelles raisons d’étendre encore plus son influence, son armée. Se rapprocher de l’ennemi, l’encercler si possible, nous revoilà dans une stratégie qui rappelle les anciens temps. Elle explique l’extension de l’OTAN, les implantations de missiles, de radars et l’impression que rien n’a changé, tout continue et que le monde est reparti pour une nouvelle guerre, cette fois ni froide ni dure mais plutôt élastique. Elle est originale car il y a d’un côté des fous qui mènent une guerre sainte et de l’autre une armée numérisée, préparée pour une guerre des étoiles et condamnée à faire une guerre microscopique, dans un terreau qui lui est inconnu. 

Mais les scénaristes qui ont remplacé les stratèges sont rassurants. . L’argent coule à flots. 645,6 milliards de dollars pour le budget militaire en 2008, 50% des dépenses militaires mondiales (70 milliards de dollars en 2006 pour la Russie).

La paranoïa américaine est une psychopathie qui dure depuis longtemps et n’est pas en voie de guérison. Ils en ont fait un instrument de puissance qui a donné de bons résultats puisque leur domination actuelle n’est pas contestée. L’opposition en tout cas ne viendra pas de l’Europe et on le constate actuellement avec les provocations de Monsieur Bush envers la Russie. 

Elles ne sont pas vues pour ce qu’elles sont mais donnent l’occasion aux journalistes de reprendre à leur compte l’argumentation américaine. Les protestations de Poutine, ses menaces de riposte sont complaisamment décrites comme preuve de sa volonté de revenir à la guerre froide, nostalgique qu’il serait de l’URSS. Les journalistes paraissent aux ordres du Pentagone et ne voient dans sa colère devant l’installation à sa frontière de missiles, de G.I.s que l’occasion de renouer avec la vieille rhétorique marxiste. Le message (celui de l’Express, de Challenges par exemple) est constamment relayé par l’image caricaturale qui est donnée du président russe. Poutine y est décrit comme un dictateur, un espion devenu président par la volonté d’ex-KGbistes ; un sanguinaire, un fomenteur d’assassinats. Cet acharnement donne l’impression d’une désinformation parfaitement orchestrée et qui doit servir quelques intérêts. Son interview dans le Figaro donne de lui, a contrario, l’impression qu’il s’agit d’un homme d’État lucide, intelligent et plein de bon sens. 

La complaisance n’est pas seulement médiatique. Elle frappe le monde politique quelle que soit son appartenance. Elle traduit en réalité l’acceptation par les Européens de leur colonisation par les États-unis. Ils maintiennent partout en Europe des bases stratégiques depuis la dernière guerre. Seul De Gaulle a eu le courage de les expulser. C’était pour la défendre contre les armées rouges. Leur disparition, avant même la menace du terrorisme, n’a jamais fait se poser la question de la justification du maintien de ces implantations. Cette assistance, cette dépendance, cette occupation montrent l’état de cette Europe vassalisée. Elle mérite le mépris qu’il ne cache pas pour ces pays qui ont peur de tout, refusent de se défendre, de se battre et qui, sans eux, n’existeraient plus. 

Leur amitié est donc une amitié d’habitude, de grands à petits, condescendante, conditionnelle. Le rictus n’est jamais loin du sourire. Il ressort dès qu’une velléité de désaccord surgit. Habitué à décider, cet ami effrayant ne supporte pas la contrariété. Cela fait passer, automatiquement, dans le camp ennemi. Les représailles ne tardent guère. Critiquer, s’opposer c’est donc se faire mal voir et l’indépendance d’esprit est dangereuse. L’impérialisme, totalitaire par essence, n’accepte pas la contestation. Cela est vrai quelle que soit l’étiquette, le drapeau.

Nos gouvernants ont appris à leurs dépens le danger de sortir du rang. La France s’y est essayée. La leçon a, semble-t-il, porté. 

L’emprise américaine atteint une magnitude qu’il est facile d’évaluer en analysant l’attitude du parti socialiste français. Il reste ouvertement marxiste et continue de discourir, surtout en période électorale sur le capital, ce monstre froid qui se repaît du sang et de la sueur des travailleurs et travailleuses. Qu’importe qu’ils soient de moins en moins nombreux et, qu’ailleurs, les autres PS aient viré sociaux-démocrates. Bad Godesberg (1959) n’est pas pour eux, vive Épinay (1971). Cette logique marxiste reste vivace, vivante, basique et majoritaire au sein des apparatchiks. 

Ce discours anticapitaliste était celui des communistes et débouchait logiquement sur une condamnation des américains, suppôts du capitalisme honni. Curieusement les socialistes, théoriquement toujours anticapitalistes et plus virulents en interne que jamais s’abstiennent avec rigueur de toutes paroles qui pourraient contrarier les capitalistes américains, par exemple pour leur politique étrangère. Ce sont au contraire des amis inconditionnels. Mitterrand s’engage militairement à leurs côtés quand il leur faut aller défendre une oligarchie du Golfe en butte à son voisin qui voudrait bien récupérer un coin de sable qui lui avait jadis appartenu mais qui, pour son malheur, est une chasse gardée américaine pleine de pétrole. Les socialistes, ces marxistes purs et durs n’ont pas le même regard que les communistes de la grande époque. Leurs yeux sont plus concupiscents que réprobateurs. Comprenne qui pourra. Cela montre seulement la pureté du dogme, la valeur de l’idée, l’hypocrisie de la posture. 

Le refus du réel, la lâcheté ces constantes de nos sociétés sont toujours à l’œuvre de droite à gauche, de haut en bas."

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