Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


dimanche 3 avril 2022

UN MONDE DISPARU

Le sauvage après une pullulation qui a duré des millénaires a disparu de la circulation au siècle dernier. Autrefois il abondait dans les plaines du far-ouest, les savanes désolées, les forêts équatoriales, tropicales et des îles perdues dans le Pacifique. Il se regroupait en tribus dans les clarières, au bord des fleuves ou dans des endroits isolés, loin de toute activité humaine dans la seule compagnie de ses semblables et d'une faune non domestiquée avec qui il vivait en bonne intelligence. La civilisation avec la culture, l'éducation, la religion, la philosophie kantique, la politique lui apporta ce qui lui manquait (cruellement). Rapidement mis au diapason d'abord par les missionnaires épaulés par les colons défendus par des mercenaires, ils prirent les bonnes habitudes des hommes civilisés: leurs croyances, leurs habitudes, leur art de vivre. Devenu  domestique comme ses autres semblables, il n'avait plus de raisons d'être. On explique ainsi dans les revues de naturologie la disparition du bon sauvage qui a coïncidé miraculeusement avec celle des plaines, des savanes, des forêts, des cocoterais remplacées avantageusement par des champs de maïs, de colza, de palmiers, de pavots, des parkings de voitures et des clubs med.

La sauvagerie, concomitamment, a commencé son expansion. Limité à une frange de la population ayant le pouvoir, l'argent, les sbires, elle s'exerçait sur les  faibles, les démunis, les sans dents. Exploités, ils la subissaient à regret mais avec l'espoir d'être récompensés par des augmentations de salaire, des congés payés et une assurance maladie. La contagion aidant, elle diffusa partout où elle était la bienvenue: sur les jeux video, dans les mangas, les séries télé, la une des journaux. Encouragée, elle entra dans les mœurs, gagna les cours de récréation et se généralisa sur les grands boulevards, les salles de billard, les banlieues, les stades, à l'Assemblée nationale et, feutrée, jusqu'à la Curia Romana, paraît-il. Ses beaux jours seraient  même devant elle.

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