LA VIE

 L vie serait insupportable si elle ne nous berçait pas d'illusions.

Jeune, on croit que les adultes nous veulent du bien, qu'ils savent tout, des modèles, des sages, des pères, des mères.

Adolescent, on croit que le monde va nous appartenir, qu'on y a une place, qu'un grand amour nous attend.

Adulte, on croit être arrivé, qu'on va prospérer, en famille, avec des amis, progresser .

Vieux, on croit que le moment est arrivé de profiter du temps , voyager, lire, découvrir, se reposer, se souvenir, apprendre.

Mais les illusions ont la peau tendre et s'évanouissent vite. Quand on les a perdues, on découvre que

-   les adultes ne pensent qu'à eux, qu'ils mentent, trichent, volent, trompent et se moquent des petits.

-  personne n'attend l'étudiant, n'a besoin de lui, que le monde est sinistré, qu'on est seul et que nulle n'a besoin de nous.

-  l'acquis s'est envolé avec l'inflation, la faillite, le chômage, les divorces. Les enfants sont parts loin, ne reviennent pas, ne nous connaissent plus.

- les rhumatismes sont là avec l'ankylose qui fait marcher avec une canne puis deux avant la démarche à petits pas, le fauteuil roulant et la certitude qu'on n'ira pas loin et dans peu de temps.

Heureusement, les illusions ont la vie dure et elles se conservent très bien si on suit l'optimiste ou Leibniz qui a compris que le secret d'une vie heureuse est de la vivre comme un rêve éveillé où tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.